Pendant des années, des recrues de l’armée australienne ont subi des bizutages scabreux
« C’était mieux avant! », peut-on souvent entendre. Mais cette affirmation, sauf si elle traduit une certaine nostalgie d’une époque passée, n’est pas toujours pertinente. Comme disait le général de Gaulle, on peut « regretter la douceur des lampes à huile, la splendeur de la marine à voile, le charme du temps des équipages »… On voit quand même mieux dans l’obscurité avec une lampe électrique qu’avec une chandelle.
En tout cas, il est difficile de dire que le climat qui régnait dans certaines écoles militaires australiennes entre 1960 et 1990 était mieux que celui d’aujourd’hui si tant est qu’il se soit amélioré.
Ainsi, une commission royale d’enquête sur les réponses institutionnelles aux abus sexuels commis sur des mineurs a été mise en place en 2012. Depuis, elle a reçu des milliers de témoignages… Et parmis ceux-ci, 111 concernent les forces armées australiennes, en particulier l’école HMAS Leeuwin, de la Royal Australian Navy (RAN), et l’école militaire de Balcombe.
D’après Angus Stewart, un avocat qui assiste cette commission, des abus ont été commis « par des recrues plus âgées (…) sur des recrues plus jeunes, dans le cadre de pratiques rituelles de bizutage destinées à soumettre et humilier les nouveaux arrivants ».
Et cela en usant de pratiques pour le moins scabreuses, comme par exemple, a cité l’avocat australien, le « fait de recouvrir les parties génitales des nouveaux arrivants de cirage ou de dentifrice, de leur saisir les parties génitales dans la douche ou de les contraindre à plonger la tête dans la cuvette sale des WC avant de tirer la chasse. » Mais ce n’est pas tout, loin de là.
Les témoins, qui seront entendus par la commission, « raconteront qu’ils étaient soumis à des formes graves d’abus sexuels, y compris des attouchements, des fellations, des pénétrations anales par un pénis ou d’autres objets », a en effet précisé Angus Stewart. Et, évidemment, les victimes n’osaient pas signaler ces sévices. « Celles qui le faisaient se heurtaient à l’incrédulité, quand on ne leur disait pas qu’il s’agissait d’un rite de passage », a ajouté l’avocat.
« En racontant leurs histoires, ils espèrent qu’ils vont faire une différence pour l’avenir et que ce qu’ils ont vécu ne sera jamais connu par tout autre membre des forces armées australiennes », a expliqué Adair Donaldson, un avocat agissant au nom des certaines victimes de ces abus.
La commission royale se penchera également sur l’institution des cadets de l’Australian Army (non exempte de scandale) pour la période des années 2000 car des abus de même nature ont été rapportés. Elle a demandé aux forces armées australiennes de lui communiquer tous les dossiers liés à des faits de violence commis dans le cadre de ce programme.