Lockheed-Martin développe un successeur à l’avion espion U2

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Cela fait maintenant 60 ans que l’avion espion U2 « Dragon Lady » vole… Et il rend toujours de précieux services à l’US Air Force (USAF) au point que cette dernière aurait souhaité le conserver le plus longtemps possible. Mais à cause des coupes budgétaires, il lui a fallu rendre un arbitrage en faveur du drone HALE (haute altitude longue endurance) RQ-4 Global Hawk, développé par Northrop-Grumman.

Cette décision a été motivée, en partie, par la baisse du coût de l’heure de vol du RQ-4 Global Hawk, estimé à 24.000 dollars, contre 32.000 dollars pour le U2. Seulement, sur un plan  opérationnel, les aviateurs américains auraient préféré maintenir en service le Dragon Lady pour plusieurs raisons.

La première est que l’U2 peut emporter une charge utile presque deux fois plus importante que le Global Hawk. Et sa puissance électrique lui permet de mettre en oeuvre simultanément plusieurs capteurs, ce qui n’est pas possible, actuellement, pour le drone HALE.

Au sujet des capteurs, ceux du U2 sont nettement plus performants, notamment au niveau des systèmes de reconnaissance électro-optique. Pour mettre le RQ-4 au niveau, il a donc fallu trouver au moins 500 millions de dollars de crédits pour développer une « charge utile universelle ».

S’agissant des performances, l’avantage va, là encore, au U2, ce dernier pouvant évoluer à une altitude de 70.000 pieds alors que le RQ-4 vole à 55.000 pieds « seulement »… Ce qui fait que la mise en oeuvre du Global Hawk dépend des conditions météorologiques.

En outre, un drone dépend d’une liaison satellite pour être piloté à distance. Une contrainte dont s’affranchit le Dragon Lady, qui peut, par ailleurs, voler dans des espaces aériens denses. Une chose pour le moment impossible pour un opérateur de RQ-4 qui ne « voit » pas l’environnement dans lequel son appareil évolue.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le taux de missions réussies dans la zone Asie-Pacifique s’élève à 96% pour le U2, contre seulement 55% pour le Global Hawk.

D’où le projet mené par la division Skunk Works de Lockheed-Martin, visant à mettre au point un potentiel successeur aux U2 encore en service au sein de l’USAF, lesquels ont, en moyenne, un potentiel de 60.000 heures de vol devant eux (soit 35 ans de service).

Ce programme, qui ne répond, du moins officiellement, à aucune exigence du Pentagone, a été évoqué par Scott Winstead, un responsable de Lockheed-Martin, devant des journalistes, a rapporté Flight Global.

L’idée est donc de développer un appareil qui combinerait les qualités du U2 avec celles d’une drone HALE. Aussi, il s’agirait d’une version « améliorée » du Dragon Lady, avec le même moteur General Electric F118, des performances similaires et une capacité d’emporter de nombreux capteurs. L’axe de travail porte sur la discrétion de ce futur appareil ainsi que sur son « endurance ». Enfin, il pourrait être piloté par un équipage embarqué ou à distance.

Reste à voir si cette solution sera retenue par l’US Air Force, qui est sans doute maintenant trop engagée dans le programme Global Hawk pour changer son fusil d’épaule. En tout cas, Lockheed-Martin espère la convaincre.

« Avec un financement et une exigence claire, la division Skunk Works pourrait à nouveau livrer rapidement un avion de nouvelle génération, avec beaucoup plus de capacités par rapport au U2 et au Global Hawk », a fait valoir  Melani Austin, qui dirige le programme U2.

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