Le taux de disponibilité des avions de patrouille maritime Atlantique 2 n’est que de 25%

Comme les ravitailleurs de type C-135FR sont indispensables aux Forces aériennes stratégiques (FAS) ainsi qu’aux opérations assurées quotidiennement par l’armée de l’Air, les avions de patrouille martime Atlantique 2 (ATL2) mis en oeuvre par l’aéronautique navale sont tout aussi utiles à la dissuasion nucléaire étant donné qu’ils assurent des missions de sûreté et de soutien en escortant les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins près des côtes bretonnes tout en étant employé en opérations extérieures à des fins de renseignement.

C’est ainsi que des Atlantique 2, dont l’autonomie est de 18 heures de vol, ont été engagés au Mali, pour des missions ISR (Intelligence, surveillance, reconnaissance), voire même pour des frappes. Et un appareil de ce type a par ailleurs récemment franchi les 1.000 heures de vol en 8 mois dans le cadre de l’opération Chammal, en Irak.

Lors de la précédente Loi de programmation militaire (LPM), il était prévu de moderniser 22 Atlantique 2 sur les 27 reçus, à partir de 1988, par la Marine nationale. Seulement, cette opération a été repoussée à des jours meilleurs. Puis, celle qui a été votée en 2013 a réduit la cible d’avions devant être mis à jour à seulement 15 exemplaires. L’enjeu est de traiter les obsolescences de ces appareils et de leur intégrer de nouveaux équipements (boule optronique, calculateur tactique, radars, etc…).

Seulement, ces avions sont extrêmement sollicités. Et à force de tirer sur la corde, la disponibilité en prend un coup. « L’âge moyen de nos avions Atlantique 2 s’établit à 22 ans », a rappelé l’amiral Bernard Rogel, le chef d’état-major de la Marine nationale (CEMM), lors de son audition par les députés de la commission de la Défense, dans le cadre de l’examen du projet d’actualisation de la LPM.

« Leur taux de disponibilité ne s’élève qu’à 25 %, ce qui n’est pas satisfaisant. La rénovation engagée les accapare, tandis que la surchauffe opérationnelle, au Sahel et en Irak, explique également ce faible taux. Moins les avions disponibles sont nombreux, plus vite ils s’usent dans des rotations », a-t-il ensuite expliqué.

« Avec la Structure intégrée de maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques de la défense (SIMMAD) et le service industriel de l’aéronautique (SIAé), services interarmées dépendant de l’armée de l’air, nous sommes en train de bâtir un plan d’urgence pour surmonter les difficultés industrielles qui empêchent les ATL2 de sortir de maintenance. Améliorer leur disponibilité constitue l’un de mes soucis permanents », a encore poursuivi l’amiral Rogel.

Quant à leur modernisation, il faudra encore patienter. En effet, il est désormais question d’une livraison de 2 ATL2 modernisés au lieu de 4 d’ici 2019, en « raison des retards industriels dans la rénovation », a précisé le CEMM.

Auparavant, et devant la même commission, Laurent Collet-Billon, le Délégué général pour l’armement (DGA), avait expliqué que « la rénovation et la maintenace des ATL2 » étaient « liées ».

« Les délais de livraison des appareils rénovés – le premier dès 2018 et le dernier en 2024 – soulèvent néanmoins la question des capacités industrielles, car il est fait appel, pour une partie de ces opérations, à l’AIA [ndlr, Atelier industriel de l’aéronautique] de Cuers-Pierrefeu, qui éprouve quelques difficultés à faire face aux commandes », a-t-il affirmé.

Et d’ajouter : « Quoi qu’il en soit, les opérations extérieures ont montré la nécessité des ATL2, sur l’évolution desquels nous avons quelques idées : nous allons donc réfléchir, avec le service industriel de l’aéronautique (SIAé), à la façon d’accompagner l’AIA de Cuers-Pierrefeu. La maintenance des appareils, au demeurant, concerne moins la structure même des aéronefs, dotés d’ailes en nid d’abeille, que la grande obsolescence de leurs systèmes électroniques ».

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