Selon une étude du Sipri, les dépenses militaires mondiales ont diminué de 0,4% en 2014

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Selon une étude du Stokholm International Peace Research Institute (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont de nouveau diminué en 2014, et cela pour la troisième année consécutive.

Toutefois, la baisse de 0,4% constatée l’an passé est près de 5 fois moindre par rapport à celle de 2013 (-1,9%). Le Sipri y voit une « stabilisation ». Les baisses des dépenses militaires aux États-Unis et en Europe occidentale sont en effet largement compensées par des hausses en Asie, au Moyen Orient, en Afrique et en Europe de l’Est.

Ainsi, en 2014, le budget du Pentagone a accusé une baisse de 6,5% en termes réels. Depuis 2010, les dépenses militaires américaines ont été réduites de 20% en raison des mesures de réductions des déficits publics et de l’effet de la séquestration. Cela étant, l’effort des États-Unis en matière de défense est supérieur de 45% par rapport à ce qu’il était avant les attentats du 11 septembre 2001.

Dans le même temps, la Chine (+9,7%), la Russie (+8,1%) et l’Arabie Saoudite (+17%) ont significativement augmenté leurs budgets militaires.

« Alors que le total des dépenses militaires mondiales reste pratiquement inchangé, certaines régions comme le Moyen-Orient et une grande partie de l’Afrique continuent de connaître des accroissements rapides qui exercent une plus grande charge sur de nombreuses économies », a commenté le Dr Sam Perlo Freeman, directeur du programme « Dépenses militaires » du SIPRI. « Ces hausses reflètent en partie une détérioration de la situation sécuritaire, mais dans de nombreux cas elles sont aussi le produit de la corruption, des intérêts en jeu et d’une gouvernance autocratique », a-t-il ajouté.

S’agissant du Vieux Continent, la crise ukrainienne et les relations tendues avec la Russie ont conduit les pays baltes, scandinaves et d’Europe centrale à revoir à la hausse leurs dépenses militaires, parfois significativement. L’Ukraine, souligne l’étude du Sipri, a augmenté les siennes de 23% en 2014, à 4 milliards de dollars, et l’effort de la Pologne en matière de défense pourrait aller au-delà de la norme Otan, fixée à 2% du PIB.

« La crise en Ukraine a fondamentalement altéré la situation sécuritaire en Europe mais jusqu’à présent les répercussions sur les dépenses militaires se sont surtout manifestées dans les pays frontaliers de la Russie », estime le Dr Freeman.

À l’ouest de l’Europe, la tendance n’est pas du tout la même. « Les cinq plus grands dépensiers en Europe occidentale – France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie et Espagne – ont tous prévu de nouvelles réductions, bien que petites, pour 2015 », indique le Sipri.

Avec 31,4 milliards d’euros, les dépenses militaires françaises sont au niveau qui était le leur en 2012. En clair, l’inflation n’est pas prise en compte depuis 3 ans. D’où sans doute l’estimation du Sipri. Toutefois, la situation pourrait évoluer en fonction de ce qu’il sera décidé lors de l’actualisation de la Loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019. Une chose est certaine : il faudra trouver les ressources pour financer une déflation d’effectifs moindre que prévu.

Quant à l’Allemagne, elle a l’intention d’augmenter ses dépenses militaires d’un peu plus de 6% sur la période 2016-2019. Enfin, pour le Royaume-Uni, tout dépendra du résultat des élections générales de mai prochain et surtout de la nouvelle Strategic defence and security review (SDSR) attendue cette année.

En Asie, les dépenses militaires ont augmenté de 5% en 2014, pour atteindre le total de 439 milliards de dollars. Bien évidemment, la Chine fait la course en tête : le Sipri estime le budget de l’Armée populaire de libération (APL) à environ 216 milliards de dollars alors que Pékin parle de seulement 141,4 milliards. Soit un écart de 75 milliards…

Quoi qu’il en soit, les autres pays de la région, qui, pour certains, ont des différends territoriaux avec la Chine, essaient de suivre. L’Australie a augmenté ses dépenses militaires de 6,7%, tout comme le Vietnam (+9,6%), la Corée du Sud (2,3%) et l’Inde (+1,8%), ce qui, s’agissant de cette dernière, est bien loin des intentions affichées. Toutefois, le Sipri note une inversion de tendance en Indonésie, où le budget de la défense a fondu de 10% l’an passé.

En Amérique latine, les difficultés économiques ont contraint certains pays à revoir à la baisse leurs ambitions. C’est notamment le cas du Brésil mais surtout du Venezuela (-34%). Le Mexique, aux prises avec les cartels de la drogue, a augmenté ses dépenses militaires de 11%.

Enfin, en Afrique, l’Algérie et l’Angola, deux grands producteurs de pétrole, ont augmenté les budgets de leurs forces armées respectivement de 12% et de 6,7%. Mais justement, la chute des cours de l’or noir pourrait avoir des répercussions sur ces dépenses militaires.

« Alors que certains producteurs, comme l’Arabie Saoudite, ont accumulé des réserves financières leur permettant de résister à des prix plus bas pendant un certain temps, d’autres peuvent être plus affectés, ainsi la Russie a déjà prévu une réduction de ses dépenses militaires pour 2015 », note le Sipri.

Photo : (c) Sipri

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