M. Le Drian appelle la communauté internationale à empêcher la « résurgence d’un sanctuaire terroriste » en Libye

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Pour le réveillon de la Saint Sylvestre 2014, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, s’est rendu auprès des forces françaises présentes à N’Djamena, où est implanté le quartier général de l’opération Barkhane, qui, lancée le 1er août dernier, vise à mettre en échec les groupes jihadistes dans l’ensemble de la bande sahélo-saharienne, en coopération avec les pays de la région.

Lors de son allocution prononcée le 31 décembre au soir, M. Le Drian a une nouvelle fois insisté sur les dangers que représente la situation en Libye, où le pouvoir est disputé par les forces loyales au gouvernement conduit par Abdallah al-Theni, reconnu par la communauté internationale, et la milice islamiste Fajr Libya. Cette dernière, après avoir pris le contrôle de Tripoli en août, cherche désormais à étendre son emprise sur les installations pétrolières du pays.

Face à cela, les groupes jihadistes en profitent. Dans l’est libyen, notamment à Derna, l’un d’eux a fait allégeance à l’État islamique (EI ou Daesh), ce qui fait craindre l’émergence d’un arc de crise allant de l’Afrique du Nord à la Syrie. Quant au sud, il sert de refuge aux mouvements terroristes de la bande sahélo-saharienn, lesquels sont notamment actifs dans le nord du Mali après en avoir été chassés par l’opération française Serval.

« Ce qui se passe en Libye, c’est ni plus ni moins, sur fond de chaos politique et sécuritaire, que la résurgence d’un sanctuaire terroriste dans l’environnement immédiat du continent européen », a estimé M. Le Drian, devant les militaires français basés à N’Djamena.

« Ce serait une erreur profonde pour la communauté internationale de rester passive face au développement d’un tel foyer de terrorisme au coeur de la Méditerranée. Il ne faut pas l’accepter », a-t-il encore ajouté. Ce n’est pas la première fois que le ministre français insiste sur cette question. Et, pour le moment, rien ne bouge…

« L’ensemble des acteurs doit se mobiliser. La solution doit autant que possible être trouvée par les Libyens eux-mêmes », a poursuivi M. Le Drian. « Mais c’est la responsabilité des voisins de la Libye et de la communauté internationale que de se tenir à leurs côtés pour retrouver les chemins de la stabilité », a-t-il dit.

Et quel sera le rôle de la France? Elle « y prendra évidemment toute sa part », a-t-il souligné. Reste à savoir sous quelle forme… Pour en avoir une (petite idée), sans doute faut-il se reporter aux voeux télévisés du président Hollande. « La France, c’est un grand pays, la 5e puissance économique du monde, qui prend ses responsabilités chaque fois que la paix est menacée », a-t-il déclaré.

Quoi qu’il en soit, la France n’est pas la seule à demander une réaction de la communauté internationale face à la situation libyenne. Le 20 décembre, les pays du G-5 Sahel (Tchad, Mauritanie, Niger, Mali et Burkina Faso) ont ainsi « officiellement demandé au Conseil de sécurité et à l’UA d’envisager uen intervention internationale en Libye pour rétablir l’ordre dans ce pays ».

Le président tchadien, Idriss Déby Itno est allé même jusqu’à demander à l’Otan d’assurer le « service après vente », suite à son opération Unified Protector qui a accéléré la chute du régime du colonel Kadhafi. Quant à son homologue nigérien, Mahamadou Issoufou, si rien ne se fait en Libye, « c’est tout le sahel qui, dans quelques mois, risque de se transformer en chaudron ».

En attendant, faute de solution immédiate, il faut traiter les symptômes. C’est le but de l’opération Barkhane, dont le dispositif compte la base avancée de Madama, qui, située dans le nord du Niger, à une centaine de kilomètres de la frontière libyenne, doit permettre de surveiller au plus près et de couper les flux logistiques des groupes armés terroristes (GAT). Le ministre de la Défense s’y est d’ailleurs rendu le jour de l’An.

Ainsi, avant les fêtes de fin d’année, la force Barkhane (groupement tactique désert Est – GTD-E – et moyens d’appui aérien et de renseignement ) a lancé sa première opération de contrôle de zone tripartite avec les forces tchadiennes et nigériennes, en particulier dans le nord du Niger et du Tchad.

« Située dans une zone constituant un point de passage potentiel de groupes armés terroristes et de divers trafiquants, cette opération tripartite [ndlr, appelée ‘Mangouste »]a permis l’interpellation de plusieurs trafiquants de drogue et orpailleurs et a conduit à la saisie d’armes, de munitions, de deux tonnes de drogue et de matériel de communication », a expliqué l’État-major des armées (EMA), dans son dernier compte-rendu hebdomadaire.

Photo : Opération « Mangouste » (GTD-E) (c) EMA

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