Les électeurs suisses disent « non » à l’achat de 22 avions de combat Gripen

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Plus de 53% des électeurs suisses appelés aux urnes ce 18 mai dans le cadre de « votations » ont refusé la création d’un fonds de 3,126 milliards de francs suisses pour financer l’achat de 22 avions de combat JAS 39 Gripen E/F, du constructeur suédois, destinés à remplacer les 54 F-5 Tiger actuellement en service dans la force aérienne de la Confédération.

Sans entrer dans les détails du résultat, cette acquisition a été massivement rejetée par les cantons de la Suisse romande, la palme du refus revenant à celui du Jura, avec 74,3% de « non ».

Le Gripen avait été sélectionné en novembre 2011 par Berne, aux dépens du Rafale de Dassault Aviation et du Typhoon du consortium Eurofigther. Le constructeur américain Boeing avait préféré abandonner la compétition et retirer la candidature de son F-18 Super Hornet.

Ce choix donna lieu, par la suite, à de nombreuses polémiques, notamment au sujet des qualités intrinsèques du Gripen, les résultats de ses évaluations ayant été inférieurs à ceux obtenus par ses concurrents ou encore sur le fait que la version retenue (E/F) soit encore en cours de développement.

Deux tendances contre le Gripen se dessinèrent alors : l’une affirmait que ce n’était pas l’avion qu’il fallait pour les forces aériennes suisses parce que ce n’était pas le meilleur et qu’il présentait des risques technologiques tandis qu’une autre estimait que la Confédération n’avait pas besoin de ces appareils et que l’argent prévu pour cette acquisition devait être affecté ailleurs (à l’école, au social, etc…). Les tenants de la seconde, oubliant les compensations industrielles liées au contrat « Gripen », réussirent à obtenir suffisamment de signatures pour exiger la tenue d’une « votation » sur le sujet.

A l’issue d’une campagne émaillée de couacs à répétition (maladresses d’Ueli Maurer, le ministre suisse de la Défense ou encore les ingérences de la diplomatie suédoise, avec rappel de l’ambassadeur en poste à la clé), le « non » l’a donc franchement emporté.

Et cela ne va pas aider les forces aériennes suisses dans les années qui viennent, qui ne pourront que compter sur leur trentaine de F/A-18 Hornet acquis dans les années 1990 étant donné que la réforme des F-5 Tiger, lesquels demandent des coûts élevés en maintien en condition opérationnelle, devra être effective en 2016, « même si l’acquisition du Gripen E devait être refusée lors de la votation populaire du 18 mai 2014 », a précisé, en mars, le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports.

Le résultat de cette votation sonne également le glas de la volonté des autorités suisses de mettre en place une surveillance et une police du ciel opérationnelle 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, ce qui est impossible à faire avec le nombre de F/A-18 en service. Qui plus est, le potentiel de ces derniers risque de s’user plus vite étant donné qu’ils ne seront pas épaulés par d’autres appareils.

Le souci est que Berne n’a pas de plan B dans l’immédiat. L’une des solutions serait de profiter du renouvellement des F/A-18 pour acquérir un plus grand nombre d’appareils par rapport aux plans initiaux. Ce qui pourrait prendre au moins 10 ans.

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