Selon le président Poutine, les forces russes ne sont pas intervenues en Ukraine

Les périodes de tensions et de crises sont propices aux rumeurs, mensonges et autres manipulations. Et le tout sur fond de doutes et d’incertitudes. La situation en Ukraine n’y échappe pas, d’autant plus qu’en Russie, l’on connaît les ficelles de la guerre de l’information depuis bien longtemps…

Incertitudes et doutes donc. Notamment au sujet de ces hommes armés, qui, habillés d’un treillis vert olive sans bande patronymique, insigne ou encore galon, et avec le visage dissimulé en partie par une cagoule, ont pris le contrôle de bâtiments officiels et encerclés des unités militaires ukrainiennes en Crimée.

Qui sont-ils? Tout d’abord, et c’est bien la seule certitude que l’on peut avoir, il est clair qu’ils agissent au nom de Moscou. D’après le blogueur russe Lev Shlosberg, repris par plusieurs sites, ces hommes armés appartiendrait à la 76e division d’assaut aéroportée de la garde, implanté à Pskov, dans l’ouest de la Russie.

« Ils sont entièrement armés avec 5000 cartouches par personne, un camion pour 10 soldats et des armes lourdes y compris des lance-flammes. Ils ont pour consigne de ne donner à personne leur localisation géographique. Les casernes rue Margelova à Pskov de la 76e division aéroportée sont aujourd’hui pratiquement vides », a écrit Lev Shlosberg, le 28 février. Sans doute il y a-t-il une explication à cela : les manoeuvres décidées par le président Poutine la semaine passée…

Pour Igor Soutiaguine, spécialiste de la Russie au Royal United Services Institute (RUSI), à Londres, ces hommes armés arrivés comme par enchantement en Crimée et qui n’ont apparemment tiré aucun coup de feu, appartiendraient aux forces spéciales. « Les unités qui ont été dépêchées pour bloquer les gardes-côtes ukrainiens (à Perevalne) ce week-end étaient des Spetsnaz », a-t-il affirmé, selon l’AFP. « Ils étaient reconnaissables à leurs équipements spécialisés, et pourraient appartenir à la 3e Brigade basée à Toliatti », près de la frontière avec le Kazakhstan, a-t-il précisé.

Ces Spetsnaz ont pour spécialité « la reconnaissance en profondeur et le sabotage », a poursuivi Igor Soutiaguine, qui estime par ailleurs qu’ils ont été appuyé par « des fusiliers marins d’au moins deux brigades de la mer Noire et de la mer Baltique ».

L’idée de la présence de Spetsnaz est également défendue par un autre expert militaire sollicité par l’agence de presse. « A 200%, le mode opératoire s’inscrit dans la plus pure tradition des Spetsnaz, spécialistes s’il en est pour créer la confusion sinon le chaos dans le cadre d’une action psychologique », a-t-il affirmé, sous le couvert de l’anonymat.

Autre hypothèse, livrée par le site américain Daily Beast, sur la foi de sources à Moscou, ces hommes armés seraient en fait des employés de sociétés militaires privées (SMP), formellement autorisées en Russie depuis quelques mois. L’une d’entre elle, Oryol, voulait se développer en Irak il y a maintenant quelques années. Cette dernière employait alors une centaine d’anciens des forces spéciales russes…

Enfin, il y a la version du président Poutine, qui a donné une conférence de presse ce 4 mars. Ainsi, selon le maître du Kremlin, il n’y a aucun parachutiste russe en Crimée, pas plus que de Spetsnaz… Les hommes armés, apparemment bien entrainés et formés, appartiendraient en fait à des « forces locales d’auto-défense ». Ce qui est tout de même difficile à croire…

Par ailleurs, Vladimir Poutine, qui considère les nouvelles autorités pro-occidentales en placé à Kiev étaient arrivées au pouvoir par un « coup d’Etat », a affirmé qu’une intervention militaire russe en Ukraine n’était « pas nécessaire pour le moment » mais que « la Russie se réservait le droit de recourir à tous les moyens pour protéger ses citoyens ».

« Si nous prenons la décision d’utiliser les forces armées en Ukraine, elle sera tout à fait légitime, en complet accord avec le droit international, dans la mesure où nous avons une demande du président légitime (Viktor Ianoukovitch). Nos obligations coïncident dans ce cas avec nos intérêts à défendre les gens que nous considérons proches du point de vue historique, culturel, économique », a-t-il affirmé, allant jusqu’à estimer que cela relèverait d’une « mission humanitaire ».

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