La Suède n’aurait plus les moyens de se défendre (MàJ)
Victime de surmenage, le chef d’état-major des armées suédoises, le général Sverker Göranson, a été contraint de prendre quelques jours de repos. Et il y a des raisons pour que cet officier soit épuisé à force de chercher des moyens à combler les lacunes des forces qu’il commande.
Ainsi, selon des propos qu’il a tenus en décembre dernier, la Suède n’aurait les moyens de se défendre que pendant une semaine, et encore, en cas d’attaque limitée. « Après quoi nos défenses seraient tellement poussées à bout qu’elles ne seraient plus capables d’opposer grande résistance » a-t-il insisté. Et ces déclarations n’ont pas manqué de faire polémique à Stockholm.
Depuis la chute de l’URSS, les pays européens se sont attachés à collecter les « dividendes de la paix. » Mais pour distribuer des dividences, encore faut-il qu’il y ait des bénéfices… Mais dans le cas précis de la Suède, la crainte principale vient de la Russie, notamment pour des raisons historiques et géographiques.
Pour Stockholm, il était évident que, pendant la guerre froide, Moscou avait tout intérêt à contrôler les pays scandinaves pour s’assurer le passage de la Baltique et de là, l’accès à l’Atlantique. Et l’échouage d’un sous-marin soviétique de classe Whisky dans les eaux suédoises en 1981 ne fit rien pour le démentir.
Cet épisode donnera lieu, par la suite à de nombreux signalements de submersibles prétendument venus du bloc de l’Est, ce qui causa de tensions entre la Suède, neutre, et l’URSS, puis la Russie. Cepandant, une commission d’enquête avait conclu, dans les années 1990, à la non existence de preuves manifestes concernant l’intrusion de sous-marins soviétiques ou russes. Il se dit que les bâtiments signalés auraient été en fait américains et britanniques et qu’il se serait agi pour l’Otan de tester les défenses du pays scandinave après l’affaire du Whisky échoué. Au passage, la marine suédoise obtint 4 milliards de couronnes de plus pour son budget au cours de cette période…
Quoi qu’il en soit, il n’en reste pas moins que les relations entre Stockholm et Moscou sont plus ou moins tendues. Récemment, par exemple, la Suède s’est opposé au projet russe de gazoduc North Stream, ou a encore critiqué fermement la politique du Kremlin à l’égard de la Géorgie, allant jusqu’à suspendre ses relations militaires.
Et le plan de réarmement massif de la Russie inquiète l’état-major suédois. Le chef des renseignements militaires a ainsi affirmé que la Suède devait en tirer les conséquences d’ici la publication de la prochaine directive de défense, prévue pour 2015.
Seulement, la part du budget suédois de la défense dans le PIB a été réduite de moitié en 15 ans. Et cela s’est traduit par une réduction drastiques des unités en ligne, le nombre de bataillon passant de 116 à 7 ans 25 ans. Dans le même temps, il faut aussi financer la version E/F de l’avion de combat Gripen, développé par Saab, sous peine de perdre des compétences industrielles. La situation est telle que le général Göranson avait même suggéré, l’été dernier, de supprimer l’une des trois composantes des forces armées.
Cependant, le gouvernement suédois a refusé toute dramatisation. Ainsi, pour le ministre de la Défense, Mme Karin Enström, le niveau de préparation des forces armées correpond « au niveau actuel de menace et de crédibilité d’une attaque » contre la Suède. Et selon elle, ce risque est « inexistant ». « Nos voisins ont les mêmes capacités que nous », a-t-elle insisité.
« Je pense qu’un pays neutre devrait avoir de plus grandes ambitions. Aucun politicien ne peut écarter l’éventualité d’une offensive militaire », lui a répondu Allan Widman, en charge des affaires militaires au sein du Parti libéral. « On ne peut pas dire que le monde est sûr. Il y a un niveau grandissant d’incertitude, il suffit de regarder ce qu’il se passe en Russie », a-t-il ajouté.
Reste que les propos du général Göranson a mis au goût du jour un débat tabou à Stockholm : faut-il ou non intégrer l’Otan? Certes, la Suède fait partie de l’Union européenne, qui n’est pas une alliance militaire à l’origine (*). Cela dit, le pays a déjà des liens avec l’organisation étant donné qu’il fait partie de son Programme de Partenariat pour la Paix.
(*) Comme le souligne un lecteur, l’article 42 paragraphe 7 du Traité de Lisbonne indique que les Etats membres de l’UE doivent assistance à l’un d’eux s’il est attaqué, conformément à l’article 51 de la Charte des Nations unies.