Le régime syrien accusé d’avoir commandité l’attentat de Beyrouth

Chef des renseignements de la police libanaise, le général Wissam al-Hassam fait partie des 8 personnes tuées par l’attentat à la voiture piégée commis le 19 octobre dans la rue Ibrahim El Mounzer, située au coeur du quartier chrétien d’Achrafieh, à Beyrouth.

Le général libanais circulait à bord d’un véhicule banalisé lorsque la voiture piégée a explosé. La déflagration, très puissante, a été entendue à des kilomètres du lieu de l’attentat. Devant le nombre des blessés (plus de 80 selon un bilan non déifinitif), les hôpitaux de Beyrouth ont lancé des appels au don de sang.

Il s’agit du premier attentat commis dans la capitale libanaise depuis le 25 janvier 2008. A l’époque, un officier des services de renseignement, le capitaine Wissam Eid, qui enquêtait sur les assassinats commis au Liban depuis celui de Rafic Hariri, en 2005, avait perdu dans la vie dans des circonstances similaires. Une voiture piégée avec 75 kg de TNT avait en effet explosé au passage de son véhicule dans la banlieue de Hazmieh.

Pour l’opposition libanaise, et aussi pour de nombreux analystes, il ne fait aucun doute que l’attentat fatal au général al-Hassam a été commandité par le régime de Bachar el-Assad, par ailleurs aux prises depuis mars 2011 à une rébellion armée. Et cela, même si Damas a condamné cette attaque, en dénonçant un « acte lâche ».

Cela étant, les motifs d’accuser les autorités syriennes ne manquent pas. En premier lieu, contesté sur son territoire, le régime de Bachar-el Assad a menacé, à plusieurs reprises, d’exporter le conflit auquel il fait face au Liban.

Ce qu’il aurait en partie réussi à faire dans la mesure où le Hezbollah, la milice chiite qui soutient le gouvernement libanais, est accusé d’avoir envoyé des combattant en Syrie, ce que son chef, Sayyed Hassan Nasrallah, a démenti avant de reconnaître que des militants combattaient effectivement les rebelles syriens, mais « à titre individuel et sans mandat » de son mouvement.

Mais ce qui désigne surtout le régime syrien, outre le mode opératoire de l’attentat, est la personnalité du général al-Hassam, qui était pressenti pour prendre prochainement le commandement des Forces de sécurité intérieure libanaises.

Proche de Saad Hariri, fils de l’ancien chef du gouvernement libanais assassiné en février 2005 et opposant notoire à Damas, cet officier enquêtait sur l’affaire Michel Samaha, un ancien ministre, arrêté en août dernier pour avoir préparé des attentats dans le nord du pays, à l’instigation d’Ali Mamlouk, le chef des renseignements syriens.

Pour le quotidien An Nahar, le général al-Hassam était ainsi le « fer de lance contre le régime syrien » étant donné qu’il enquêtait sur les attentats et autres meurtres commis en Liban depuis 2005 et pour lesquels Damas est pointé du doigt.

Quoi qu’il en soit, cet attentat fait crainre le pire au Liban. « La paix civile est en danger » a titré le quotidien as-Safir. « Demain ne sera pas comme hier. L’assassinat de Wissam al-Hassan ne sera pas un fait passager. Il transporte le Liban d’une période où il attendait le pire à une période où il vit le pire des dangers » estime-t-il.

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