La Corée du Sud va augmenter la portée de ses missiles balistiques

En 2001, et afin d’apaiser les tensions avec son voisin et ennemi du Nord, la Corée du Sud avait accepté de passer un accord avec les Etats-Unis pour limiter à 300 km la portée de ses missiles balistiques en échange du maintien sur son sol d’un contingent de 28.500 soldats américains et de la garantie d’être protégée, en cas d’agression, du « parapluie » nucléaire offert par Washington.

Cette année-là, Séoul avait rejoint le Régime de contrôle sur la technologie des missiles (MTCR), un regroupement informel de 34 pays créé en 1987 afin « d’empêcher la prolifération des vecteurs non pilotés d’armes de destruction massive » et de « coordonner les efforts de prévention à cet égard par le biais des régimes nationaux de licences d’exportation. »

Depuis, l’on ne peut pas dire que cette limitation acceptée par Séoul ait porté ses fruits. En 2006 et en 2009, la Corée du Nord a procédé à deux essais nucléaires, continué à développer – avec peine – son programme balistique sous couvert d’ambitions spatiales et mené une série de provocations, comme le torpillage de la corvette sud-coréenne Cheonan ou le bombardement de l’île de Yeonpeyong.

Du coup, la Corée du Sud, qui s’estime menacée par les missiles nord-coréens, a donc souhaité négocier avec les Etats-Unis pour augmenter la portée des siens, notamment après l’essai raté d’une fusée qui, lancée en avril par la Corée du Nord, cachait sans doute la mise au point d’un engin balistique.

Et un accord a été trouvé, le 7 octobre, d’après Chun Yung-woo, le conseiller sud-coréen à la Sécurité nationale. Ce dernier a précisé qu’il s’agissait ainsi de « freiner les provocations militaires » de Pyongyang et « d’assurer une réponse plus complète à des menaces liées aux missiles du Nord. »

Concrètement, les missiles sud-coréens pourront avoir une portée de 800 km, soit près du triple qu’actuellement, et emporter une charge de 500 kg. Cette augmentation des capacités balistiques de la Corée du Sud lui permettrait ainsi d’atteindre des objectifs sur l’ensemble du territoire nord-coréen, mais aussi en Chine et au Japon.

Reste à voir la réaction des responsables nord-coréens après cette annonce. L’on peut faire deux hypothèses : soit le régime de Pyongyang va mettre un frein à ses activités balistiques ainsi qu’à ses provocations militaires, soit il va durcir ses positions, en prenant le prétexte du renforcement des capacités de son voisin sudiste, avec lequel il est toujours techniquement en guerre.

Il est difficile d’avoir une idée des intentions nord-coréennes. Ainsi, le mois dernier, l’Institut Etats-Unis-Corée de l’Ecole des études internationales supérieures de l’université Johns Hopkins a fait part, sur son site Internet, de l’arrêt des travaux d’un nouveau pas de tir de fusées sans que l’on en sache vraiment les raisons, tout en remettant en état une autre plateforme à Tonghae.

Cela étant, l’annonce faite en mai dernier par Séoul au sujet du renforcement de son arsenal de missiles de croisière (entre 500 et 600 engins devraient être aquis en 5 ans) n’a pas donné lieu à de nouvelles provocations nord-coréennes aussi importantes que par le passé.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]