L’amiral Guillaud inquiet pour 2012

L’argent est le nerf de la guerre et le chef d’état-major des armées (CEMA), l’amiral Guillaud, craint de ne pas en avoir assez pour maintenir le niveau et le renouvellement des capacités militaires françaises.

Dans le cadre de la politique gouvernementale de réduction des déficits publics, il a été démandé au ministère de la Défense d’économiser 3,6 milliards d’euros en trois ans. Cet effort aurait dû être partiellement compensé par des recettes exceptionnelles (vente de fréquence et de bien immobiliers) ainsi que par une baisse des dépenses de fonctionnement. Cela étant, la dernière Loi de Programmation Militaire (LPM) prévoyait une hausse de 1% des crédits d’équipements en 2012.

Seulement, ces hypothèses budgétaires ne semblent pas se confirmer. « Au bout de presque trois années d’éxécution (de la LPM) (…) les recettes exceptionnelles ne sont pas au rendez-vous au rythme et à la hauteur de ce qui était prévu. Il en est de même des exportations, avec néanmoins quelques réussites, comme les BPC » a déclaré le CEMA devant les députés de la Commission de la Défense nationale, le 29 juin dernier.

Et la suppression de 54.000 postes au sein du ministère de la Défense devrait faire économiser 2,7 milliards d’euros. Une partie de cette somme aurait dû être réinvestie pour acquérir de nouveaux équipements. Là encore, l’on n’en est pas encore là étant donné qu’il reste encore 20.000 emplois à supprimer d’ici 2015.

Du coup, pour 2012 « la hausse de 1% du budget d’équipement semble improbable » a reconnu l’amiral Guillaud. Toujours selon ce dernier, l’équation budgétaire actuelle « a rigidifié notre programmation et (…) nos marges de manoeuvre sont nulles, à ambition constante ».

Plus généralement, l’effort budgétaire demandé aux armées se traduit par une pression sur « fonctionnement courant des bases de défense », les conditions de « préparation  » et d’endurance » opérationnelles avec un « impact sur la rapidité de régénération » ainsi que sur « le renouvellement » des équipements. Sur ce dernier point, le CEMA estime que « c’est sans doute l’un des enjeux majeurs puisque cela affecte la réalité de notre modèle d’armée et donc la viabilité de nos ambitions affichées sur la scène internationale ».

D’où l’inquiètude de l’amiral Guillaud pour 2012, une année « à la croisée des chemins de la programmation militaire » étant donné qu’il y aura des échéances électorales susceptibles de modifier les orientations jusqu’alors prises et une révision du Livre blanc sur la Défense et la sécurité nationale ainsi que de la LPM pour la période 2013-2018.

« Le maintien à niveau comme le renouvellement de nos capacités militaires nécessite, sur le long terme, une préservation de l’effort de défense. La question se pose de savoir si nous aurons la volonté de consentir cet effort pour disposer d’un outil de défense cohérent et complet. La réponse ne m’appartient pas. En revanche, je connais l’Histoire et ses ‘surprises stratégiques’. Nous pouvons être surpris et nous le serons ; mais nous n’avons pas le droit d’être démunis » a prévenu le CEMA.

Par ailleurs, il est à noter l’extraordinaire pression qui s’exerce sur les personnels des armées, engagés à la fois sur 6 théâtres extérieurs (Libye, Afghanistan, Liban, la Côte d’Ivoire, l’Océan indien et Kosovo) ainsi que dans des opérations intérieures (Héphaistos depuis le 1er juillet pour la lutte contre les incendies, Vigipirate, etc…), le tout dans un contexte marqué par la poursuite des réformes du ministère de la Défense. En 2011, 50.000 militaires sont concernés par la « mobilité géographique » en raison de la dissolution ou du transfert de leur unité.

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