L’Ecole de l’aviation de chasse fête ses 50 ans de présence à Tours

Quiconque a rêvé de se trouver aux commandes d’un Mirage 2000 a espéré franchir les portes de l’Ecole de l’aviation de chasse de Tours et obtenir le fameux macaron de pilote.

L’origine de cette école remonte à 1943, avec la création, à Marrakech, de la « Section Chasse », afin de remettre à niveau les pilotes français se trouvant en Afrique du Nord, avant de faire mouvement vers Meknès (Maroc), un an plus tard, avec l’appellation « Centre d’instruction chasse » (CIC). Ses moyens sont alors limités, avec, dans un premier temps, des avions Curtiss H75A, qui laisseront la place à des Dewoitine 520 et des A-24 Dauntless

A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, en 1947,le CIC et le Centre de perfectionnement chasse (CPC) fusionnent pour former l’Ecole de chasse « Christian Martell », laquelle est toujours établie à Meknès. La flotte des appareils qu’elle met en oeuvre est hétéroclite : des P-40 Kittyhawk côtoient des P-47 Thunderbolt, des Spitfire Mark V et IX, des P-39 Airacobra, des Vultee BT13 et même des MS-472-475 Vanneau.

En 1953, l’Ecole de chasse entre dans l’ère des avions à réaction, avec l’entrée en service du T-33 SF T-Bird (Training-Bird), dérivé du premier avion à réacteur américain, le Lockheed P-80 Shooting Star, dont le vol inaugural avait été effectué en janvier 1944. A partir de 1953, les élèves pilotes sont aussi formés sur DH 100 Vampire et, quatre ans plus tard, sur MD 450 Ouragan. Entre-temps, l’Ecole de Spécialisation Réacteur (ESR), avec ses 40 Fouga Magister, est intégrée à l’Ecole des Aigles, pour reprendre le premier volume des aventures des Chevaliers du Ciel, la bande dessinée imaginée par Jean-Michel Charlier.

Alors que la France quitte l’Afrique du Nord, en 1961, l’Ecole de Chasse est rapatriée sur la base aérienne de Tours. En août de la même année, elle reçoit ses premiers Mystère IV A, destinés au perfectionnement chasse des jeunes élèves pilotes. A l’époque, elle compte alors 6 escadrons.

Le premier, « Jean Lenglet », qui a repris les traditions de l’escadrille 57S de l’aéronautique navale, forme les aviateurs de la chasse embarquée. Les trois suivants (Henry Jeandet, Henri Arnaud, Marin la Meslée) accueillent les élèves pilotes de l’armée de l’Air. Enfin, le 5e (Marcel Lefèvre, du nom de l’as du Normandie-Niémen) complète leur instruction avec ses Mystère IV et le 6e (Jean Maridor) a des missions d’évaluation et de standardisation des moniteurs.

Par ailleurs, en 1965, l’Ecole de Chasse prend le nom de « Groupe Ecole » (GE) 00.314 et la base aérienne de Tours prend le numéro 705, qui est toujours le sien actuellement. Au cours des années 1970, le 5e escadron est dissous et ses Mystère IV sont répartis entre la 8e Escadre de Chasse de Cazaux, à qui il revient la mission de perfectionnement des élèves pilotes, et le GE-312 de Salon de Provence.

En 1979, le premier Alphajet (n°9 F-TELD) arrive au GE 00.314. En août de la même année, le lieutenant Dall’Aglio est le premier élève à être lâché en solo sur cet appareil, destiné à remplacer le T-33, dont le retrait du service est effectif en novembre 1981, après avoir contribué à former 3.327 pilotes en 30 ans.

Les Aphajet (surnommés « Gadgets ») ne chôment pas : en 1995, ils dépassent le seuil des 500.000 heures, avant le changement de nom du GE 00.314, un an plus tôt , qui devient alors l’Ecole de l’Aviation de Chasse (EAC).

Actuellement, cette dernière forme annuellement environ 70 élèves pilotes, qui, à l’issue de leur cursus de 8 mois à Tours, comptent au moins 100 heures de vol et 30 heures passées sur simulateur. Ils sont ensuite affectés à l’Ecole de transition opérationnelle de Cazaux.

La formation des navigateurs officiers systèmes d’armes (NOSA) se fait également à Tours, où ils ont à accomplir un programme de 64 heures de vol, plus 23 autres sur simulateur.

Actuellement forte de 340 cadres, l’EAC repose sur 4 unités : la Division d’instruction au sol (enseignement théorique, simulateurs), les 1er et 2e Escadron d’instruction en vol (EIV), l’Escadrton de contrôle et de standardisation (ECS) et l’Escadron de soutien technique spécialisé (ESTS). Elle compte 46 Alphajet qui réalisent 15.000 de vol par ans et trois simulateurs de vol à visualisation synthétique.

Depuis 2004, l’EAC accueille des élèves pilotes venus de Belgique, dans le cadre d’un programme de formation européen franco-belge. Et là est sans doute l’avenir de cette structure pourrait être le prélude à une école européenne de formation des pilotes de chasse.

Photo : Alphajet de l’Ecole de l’Aviation de Chasse de Tours (c) Stéphane Lhernault

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