Le secrétaire général de l’Otan critique les coupes dans les budgets militaires européens

Ainsi, le couperet est tombé le 29 septembre dernier. Au cours des trois années qui viennent, le ministère français de la Défense devra trouver 3,6 milliards d’euros d’économie. De quoi écorner la Loi de programmation militaire (LPM) 2009-2014, à moins que des recettes « exceptionnelles » viennent amortir le choc.

La partie est jouable mais encore loin d’être gagnée, et cela, pour plusieurs raisons. En premier lieu, les recettes exceptionnelles (ventes de biens immobiliers et de fréquences hertziennes) se font attendre depuis au moins deux ans et rien ne dit que cette situation ne se prolongera pas. Ensuite, le surcoût des opérations extérieures reste à un niveau élevé. Et s’il est pris en charge par la réserve de précaution interministérielle, il n’en reste pas moins que cette dernière est financée en partie par le ministère de la Défense. Les retards et autres contre-temps rencontrés lors des négociations concernant l’exportation du Rafale font que l’Hôtel de Brienne est obligé de commander 11 appareils supplémentaires à Dassault pour que l’avionneur soit en mesure de maintenir sa ligne de production. Et rien n’a été dit sur les pénalités dues aux retards de paiment causés par la mise en place du progiciel Chorus et que la DGA aura à régler. Enfin, il reste à espérer que les dépenses prévues pour le Maintien en condition opérationnelle (MCO) ne soient pas plus importantes que l’enveloppe de 3 milliards qui a été prévue.

Cela étant, la baisse des dépenses militaires françaises paraît faible au regard de ce qui attend les autres armées du Vieux continent. Crise budgétaire oblige, les Etats membres à la fois de l’Union européenne et de l’Otan ont annoncé des diminutions, parfois drastiques, de leur effort de défense, alors même que l’Europe a plutôt sous-investi dans ce domaine depuis la fin de la guerre froide.

Les militaires britanniques pourraient ainsi voir fondre leur budget de 15 à 20%,. De son côté, l’Allemagne, engagée sur la voie de la professionnalisation de son armée, va diminuer sensiblement de format (la Bundeswehr passant de 92.200 soldats à 73.500 d’ici à 2014) afin de dégager plus de 8 milliards d’euros d’économie. Et cette tendance s’observe également en Espagne, en Italie, en Belgique ou encore aux Pays-Bas.

Pour le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, cette situation est difficilement acceptable. Selon l’agence de presse Reuters, ce dernier compte aborder le sujet à l’occasion de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Alliance, prévue le 14 octobre prochain.

« Il y a un moment où on ne dégraisse plus, on rogne sur le muscle, puis sur l’os » prévoit ainsi de dire Anders Fogh Rasmussen, d’après des extraits du discours qu’il compte prononcer dans quelques jours et dont Reuters a pris connaissance.

« Nous devons éviter de faire des économies si draconiennes que nous ne pourrons pas, à l’avenir, être en mesure de défendre la sécurité sur laquelle notre prospérité économique repose. Et nous ne pouvons en arriver à un point où l’Europe ne peut peser de tout son poids en matière de sécurité » compte affirmer le secrétaire général de l’Otan.

Et pour ce dernier, les coupes dans budgets militaires des pays européens auront pour conséquence de diminuer l’influence de l’UE dans le monde et « les Etats-Unis chercheraient ailleurs un partenaire pour la sécurité. Ce n’est pas un prix que nous nous pouvons nous permettre de payer ».

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