Surcoût de 4 à 5 milliards d’euros pour les Rafale destinés aux Emirats arabes unis
Le char Leclerc avait trouvé un acquéreur à l’étranger, en l’occurrence, les Emirats arabes unis. Seulement, l’affaire n’avait pas été si bonne que cela pour Giat Industries (aujourd’hui Nexter) : en 2000, il avait été estimé que l’exécution du contrat avait coûté plus de 1,3 milliards pour l’entreprise publique.
Va-t-on assister à la même chose pour le Rafale? Même si il est bien placé pour être vendu au Brésil, le dernier né des avions de combat de Dassault Aviation n’a encore jamais connu de succès à l’exportation, le plus souvent, d’ailleurs, pour des raisons qui ne tiennent pas à ses qualités.
L’an passé, les Emirats arabes unis ont manifesté leur intention d’acheter 60 Rafale pour remplacer leur flotte de Mirage 2000-9. Si il était question de prendre cet avion tel qu’il est, cela ne poserait pas trop de problème. Sauf que l’on en est loin.
En effet, les EAU souhaitent que des modifications substantielles soient apportés aux exemplaires de Rafale qu’ils comptent acquérir. Parmi les demandes qu’ils ont formulés, il y a celle portant sur un moteur plus puissant que le M88 actuel, c’est à dire qu’il doit avoir une poussée de 9 tonnes (soit 1,5 de plus que celui qui équipe les avions des forces aériennes françaises) ainsi que celle concernant l’électronique de bord.
Sur ce dernier point, les Emirats veulent remplacer le radar RBE2 de Thales par un système dit à « antenne active », d’une portée supérieure de 50%. La raison de cette requête tient à la proximité du pays par rapport à l’Iran, situé seulement à 250 km.
Une partie de ces modifications devrait être à la charge des Emirats arabes unis, vraisemblablement à hauteur de la moitié de la facture, laquelle est estimée, selon le quotidien La Tribune, entre 4 et 5 milliards d’euros. Et le reste, soit 2,5 milliards au maximum, serait à la charge des industriels concernés (Dassault, Thales, Safran) et du ministère français de la Défense, ce qui, en temps d’économie budgétaire, ne rend pas les choses plus simples.
Cela étant, cette vente ne devrait pas ressembler à celle des chars Leclerc. De nombreuses modifications demandées par les EAU sont également prévues pour les Rafale français, qui devrait être modernisés et portés au standard F4 à partir de 2015-2020. Ainsi, il est donc question d’anticiper cette modernisation des appareils en service dans l’aéronautique navale et l’armée de l’Air, même si toutes les spécifications les concernant ne sont pas encore arrêtées.
Reste que ce contrat avec les Emirats et celui qui se profile avec le Qatar pourraient avoir des conséquences sur l’appel d’offres indiens visant à remplacer ses 127 MiG-21 encore en service. En effet, et selon la Tribune, l’Inde, qui met en oeuvre 51 Mirage 2000 qui seront modernisés par Thales et Dassault, pourraient recevoir les 72 exemplaires émiratis et quataris (60+12) et diposer ainsi d’une flotte de plus de 120 appareils modernes à bon marché. De quoi laisser à New Delhi plus de temps pour trouver un successeur au chasseur emblématique de l’époque soviétique.