L’Iran pourrait être capable de frapper l’Europe de l’Ouest vers 2014
Bien qu’ils s’en défendent, il apparaît bel et bien que les dirigeants iraniens disposeront d’ici trois à quatre ans d’une, voire plusieurs armes nucléaires, sous réserve, toutefois, que leurs ingénieurs ne recontrent pas de problèmes techniques.
Deux faits corroborent cette estimation. Il semblerait que l’Iran maîtrise la détonique, c’est à dire, le savoir-faire nécessaire pour provoquer une réaction en chaîne aboutissant à une explosion atomique. Et pour construire une telle arme, il faut 428 kg d’uranium enrichi à 3,5% et, au début de l’année 2010, les Iraniens en aurait deux tonnes à leur disposition, soit de quoi en produire quatre. (*)
Cependant, ces avancées se heurtent au problème de la miniaturisation de ces armes, afin de pouvoir les monter sur des missiles balistiques. Etant donné la complexité de la chose, l’on peut estimer que cela prendra entre trois et quatre ans, soit le temps qu’il a fallu pour les ingénieurs français pour rendre opérationnelle la bombe française après le premier essai nucléaire en 1960.
Cette estimation rejoint d’ailleurs celle faire par le chef du Mossad, Meir Dagan, en juin 2009. « Les Iraniens posséderont une bombe prête à l’emploi aux alentours de 2014, s’ils ne connaissent pas d’ennui technique » avait-il affirmé devant la commission des Affaires étrangères du Parlement israélien.
Parallèlement aux progrès réalisés en matière nucléaire, l’Institut international pour les études stratégiques (IISS), basé à Londres, note que l’Iran a fait des « progrès rapide » en matière de missiles balistiques.
« Les deux programmes (nucléaire et missiles, ndlr) semblent connectés, dans l’objectif de donner à l’Iran la capacité de lancer des ogives nucléaires bien au-delà de ses frontières » ont ainsi estimé des experts internationaux qui ont contribué à la rédaction d’un rapport publié le 10 mai dernier par l’IISS.
D’ores et déjà, et grâce à des essais réussis, l’Iran aurait la capacité d’atteindre le sud-est de l’Europe grâce au missile à carburant solide Sejil, qui a une porté de 2.000 km. Mais Téhéran devra encore patienter pour mettre en service un engin pouvant parcourir une distance plus longue.
« Une version à trois étages du Sejil-2, capable de transporter une oigive d’une tonne à 3.700 km (c’est à dire pouvant atteindre l’Europe de l’Ouest) ne devrait pas être déployée avant quatre à cinq ans » estime le rapport de l’IISS.
Par ailleurs, l’Iran pourrait « développer et obtenir un missile de portée intermédiaire avant de s’embarquer dans un programme de développement de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), capables d’atteindre les Etats-Unis à 9.000 km », suggère le document.
Aussi, le territoire américain ne serait pas menacé d’un quelconque projectile envoyé depuis l’Iran avant une bonne dizaine d’années. En mai dernier, un rapport déclassifié du Pentagone, rendu public le 19 avril dernier, estimait cette perspective probable d’ici à 2015, sous réserve que l’Iran puisse disposer d’une « aide étrangère suffisante ».
(*) La menace iranienne, CF2R, mars 2010