Avions ravitailleurs : Des élus américain veulent faire augmenter les prix d’EADS

Pour développer ses appareils, Airbus a bénéficié de subventions européennes. Ces dernières ont fait l’objet d’une plainte de la part des Etats-Unis devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC), au titre que ces aides faussaient la concurrence au détriment de Boeing.

En mars dernier, l’OMC a rendu sa décision dans cette affaire, sans pour autant en avoir révélé la teneur. Mais selon des sources citée par l’agence Reuters, certaines aides financières versées à Airbus pourraient être considérées comme illégales. Cependant, la filiale d’EADS avait alors estimé, dans un communiqué que « 70% des plaintes déposées par les Etats-Unis avaient été rejetées ».

Reste que le différend n’est toujours pas tranché et que l’OMC doit encore examiner la plainte déposée par l’Union européenne contre les Etats-Unis, pour le meme motif, mais au profit de Boeing cette fois.

Mais cette bataille sur les subventions a connu un nouveau rebondissement au Congrès américain. En effet, et après avoir annoncé son retrait, consécutif à l’abandon de son partenaire Northrop-Grumman, EADS va participer à la compétition visant à trouver un remplaçant au KC-135 de l’US Air Force, qui affiche plus de 50 années de service. Or, Boeing a un besoin vital de ce contrat, estimé à plus de 36 milliards d’euros pour 179 appareils.

Etant donné que le KC45, dérivé de l’A330 MRTT, proposé par EADS, est meilleur que le modèle soumis par son concurrent, et cela, de l’avis de la quasi-majorité des observateurs, la crainte que Boeing perde le contrat a de quoi donner des sueurs froides à certains élus du Congrès, dont les circonscriptions accueillent des usines de l’avionneur américain.

Aussi, ces derniers ont présent un projet de loi, le 13 mai, selon lequel le Pentagone devrait prende « en compte les subventions illégales lorsqu’il évalue des offres pour d’importantes acquisitions d’équipements ».

En clair, une offre soumise au département de la Défense américain devra être majorée du montant des subventions qui auront été déclarées illégales par l’OMC. Et comme le prix unitaire des prochains avions ravitailleurs de l’US Air Force est une des données capitales du nouveau cahier des charges du Pentagone, cela pourrait donner un désavantage conséquent à EADS face à son concurrent.

« Puisque l’administration Obama a choisi de mettre les intérêts des travailleurs européens au-dessus des travailleurs américains, le Congrès doit agir et corriger la situation » a ainsi déclaré Todd Tiahrt, le représentant républicain du Kansas, Etat où Boeing est implanté.

A ce sujet, le parlementaire semble oublier que le groupe européen a toujours exprimé son intention de construire ses KC-45 – dans le cas où son offre serait sélectionnée – aux Etats-Unis, plus précisément à Mobile, en Alabama, où il compterait investir pour y développer ses installations. D’où la réaction d’EADS North America : « Ce nouveau projet de loi est une tentative visant à éviter la concurrence au mérite sur les ravitailleurs ».

A moins que Boeing se fasse épingler par l’OMC pour avoir reçu, aussi, des subventions qui seraient jugées « illégales ». Dans ce cas, la loi soumise au vote le 13 mai s’appliquerait également à son cas.

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