L’armée de Terre ne veut pas de la nouvelle version du missile Milan
Cela fait maintenant plus de 35 ans que l’armée de Terre française est équipée du Missile d’Infanterie Léger Antichar (Milan), fruit, à la base, d’une coopération franco-allemande et actuellement produit par MBDA, la filiale commune d’EADS, BAE Systems et Finmeccanica. La conception de cet engin fait appel à plusieurs sous-traitants, dont Thales, Sagem, SNPE et Nexter.
Depuis sa mise en service, le succès du Milan de se dément pas puisque 350.000 exemplaires ont été vendus à près de 44 pays. Autant dire que pour MBDA, ce système anti-char est un des joyaux de son catalogue. Le missilier prépare actuellement une nouvelle version, le Milan ER, pour « Extended Response ». Seulement, cette dernière ne convient plus du tout aux besoins de l’armée de Terre.
Même si le Milan peut faire mouche dans 95% des cas, et que la dernière mouture prévoit une portée de 3.000 métres, contre 2.000 actuellement, le missile présente une faiblesse de taille : son mode de guidage, filoguidé, c’est à dire basé sur un fil qui se dévide pendant le vol permettant ainsi au tireur de modifier sa trajectoire. Mais cette méthode est risquée pour l’auteur du tir si jamais le départ de l’engin est rapidement détectée par l’adversaire. Pour les responsables de l’armée de Terre, la solution passe par un système autodirecteur qui classerait le missile antichar dans la catégorie « fire and forget » (tir et oubli).
Ainsi, la Délégation générale pour l’armement (DGA) va lancer un appel d’offres en vue d’acquérir soit le Spike de l’israélien Rafael ou soit le Javelin, des américains Raytheon-Lockheed-Martin. Conséquence : le missilier européen et son Milan ER se retrouve exclus ainsi du marché visant à renouveler le parc de missiles antichars de l’armée de Terre.
Selon le quotidien économique Les Echos, cette décision aurait été prise lors d’un comité ministériel d’investissement, qui s’est tenu en juillet dernier au siège du ministère de la Défense. Bien évidemment, cela porte un rude coup à MBDA, qui perd déjà des parts de marché dans le secteur des missiles antichars et qui a déjà investi quelques dizaines de millions d’euros pour développer le Milan ER.
Toutefois, la messe n’est pas encore tout à fait dite pour le missilier européen. En effet, le comité ministériel d’investissement a dans le même temps confié à la DGA le soin de lancer une étude portant sur des missiles antichars de nouvelle génération, dans laquelle MBDA devrait prendre une part prépondérante. Reste à trouver le financement nécessaire à ce projet.