Une frappe de l’Otan aurait fait de nombreux morts dans le nord de l’Afghanistan

Dans la nuit du 3 au 4 septembre, un convoi de ravitaillement de l’Otan a été attaqué par une cinquantaine d’insurgés à Angorbagh, situé dans la province de Kunduz, au nord de l’Afghanistan.

Les assaillants se sont ainsi emparés de deux camions citernes remplis de carburant. Un des véhicules, embourbé dans le lit d’une rivière, a été par la suite pris pour cible par l’aviation de l’Otan. Le bilan de cette frappe aérienne serait de 90 tués.

Seulement, les versions données par les différents acteurs ne correspondent pas exactement. Ainsi, selon la Bundeswehr, qui a en charge la région Kunduz, Seuls des insurgés auraient été tués dans ce raid de l’Otan, demandé par un officier allemand, suite à une reconnaissance du secteur effectuée par un drone. Le porte-parole du ministère de la Défense, à Berlin, le capitaine Christian Dienst, a quant à lui parlé de « plus de 50 militants tués » et a réfuté les informations selon lesquelles des civils auraient également trouvé la mort, les qualifiant de « spéculations » et de « propagande ennemie ».

Du côté de l’ISAF, la version allemande a été confirmée, dans un premier temps, par le lieutenant Christine Sidenstricker, du service de presse de lal force de l’Otan. « Après avoir observé que seuls des insurgés se trouvaient dans la zone, le commandant local de l’ISAF a ordonné des bombardements qui ont dédruit le camion-citerne et fait de nombreux morts parmi les insurgés » a-t-elle déclaré. « Le raid visait des insurgés. Ce sont eux qui, selon nous, ont été tués, mais nous enquêtons » a encore précisé l’officier.

Mais au fil du temps, la position de l’ISAF est devenue plus nuancée. « Sur la base des informations qui nous parviennent de Kunduz, il semble que de nombreuses victimes civiles aient été évacuées et soignées dans les hôpitaux locaux. Il y a peut-être un lien direct avec l’incident qui s’est produit autour des deux camions de carburant » a admis le général Eric Tremblay, le porte-parole de l’Otan à Kaboul.

Quant aux autorités locales, elles ont indiqué la présence de civils parmi les tués. Le chef de la police de la province a été plus précis en affirmant que 55 des 90 morts étaient des insurgés. A priori, et selon différents témoignages les taliban auraient incité une centaine de villageois à venir récupérer une partie du carburant contenu dans la citerne du camion embourbé. « Un petit nombre de victimes sont des civils, dont quelques enfants, qui étaient venus chercher de l’essence gatuitement » a admis, dans la matinée, Mahbubullah Sayedi, le porte-parole du gouvernement de la province de Kunduz.

Enfin, les insurgés, de leur côté, par la voix de leur porte-parole, Zabiullah Mujahid, assurent qu’aucun des leurs n’a été tué au cours du bombardement tout en revendiquant la prise des camions, réalisée à 7 km seulement d’une base allemande.

Quoi qu’il en soit, le général McChrystal, le commandant de l’ISAF et de l’opération Enduring Freedom, avait déjà fait une mise en garde contre le risque de bavure. En effet, l’officier américain, qui a émis récemment des recommandations à ses troupes, veut éviter à tout prix les pertes civiles afin de pouvoir compter sur le soutien de la population contre l’insurrection. Selon les directives qu’il a énoncées, après notamment la frappe de Farah, en mai dernier, où il est question de 140 victimes civiles d’après le gouvernement afghan, les aviateurs doivent être absolument certains de viser uniquement des taliban avant de bombarder un objectif.

Enfin, le secrétaire général de l’Otan, le danois Anders Fogh Rasmussen, veut une enquête « immédiate et complète » sur les circonstances du bombardement. « Le peuple afghan doit savoir que nous sommes fermement engagés à le protéger et que nous allons enquêter complétement et immédiatement sur cet incident » a-t-il déclaré depuis Bruxelles.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]