L’escadron de chasse 1/30 Alsace va disparaître
Ce que la Luftwaffe n’avait pas réussi à faire lors de la Seconde Guerre Mondiale, les contraintes budgétaires vont y parvenir : on ne pourra bientôt plus voir les insignes de l’escadron de chasse « Alsace ». Cette unité devrait fusionner l’été prochain avec l’EC 2/30 « Normandie Niémen », autre formation aussi prestigieuse.
Cette décision a été dictée par le manque de Mirage F1 CT, l’appareil sur lequel volent jusqu’à présent les pilotes des deux unités. Des 40 avions de ce type dont dispose encore l’armée de l’air, il ne restera donc plus qu’un escadron doté de 28 exemplaires.
Même si le colonel Patrick Pincet, commandant de la base aérienne 132 de Colmar-Meyenheim où sont stationnées « l’Alsace » et le « Neu-Neu », s’est refusé à parler de dissolution, il n’en demeure pas moins que les traditions de l’escadron seront mises en sommeil.
Seulement, « L’Alsace » n’est pas un escadron comme les autres. Il est l’héritier du premier groupe de chasse créé lors de l’aventure des Forces Aériennes Françaises Libres. Qui plus est, il fait partie de ces rares unités de l’armée française à pouvoir se glorifier d’être « Compagnon de la Libération ».
Outre les décorations, cet escadron qui a défendu les couleurs et l’honneur de la France au sein de la RAF, a vu passer sous son drapeau des aviateurs illustres, dont certains ont donné leur nom à des bases aériennes, comme par exemple les commandants René Mouchotte (à Cambrai) et Tulasne (à Tours).
Enfin, l’escadron « Alsace » est une des vedettes d’un des succès de l’édition française, et cela grâce à un des siens, et pas le moindre. Pierre Clostermann, l’as des as français, raconte en effet sa vie et celle de ses camarades au sein de cette unité dans son récit « Le Grand Cirque ». Ceux qui l’ont lu ne pourront certainement pas avoir une pointe d’émotion quand cet escadron ne sera plus.
Cela étant dit, l’on doit admettre que le choix a dû être douloureux pour les responsables de l’état-major de l’armée de l’air. Difficile de choisir, en effet, entre « L’Alsace » et le « Normandie-Niémen ». On pourra néanmoins espérer que les traditions du 1/30 Alsace revivent un jour, comme celles de l’escadron Lorraine, également Compagnon de la Libération, et qui, après une éclipse de trois ans, devrait réapparaître avec des Rafale sur la base de Saint-Dizier au cours de cette année.
Le Commandant Mouchotte, chef du GC “Alsace” du 9 janvier au 27 août 1943