Des Hercules J pour les forces aériennes canadiennes
Le Conseil du trésor fédéral du Canada a approuvé l’achat de 17 avions Hercules C-130J, pour un montant de 4,6 milliards de dollars, afin de remplacer la flotte vieillissante de C-130E et et C-130H encore en service dans l’armée de l’air canadienne.
Cependant, le contrat portant sur le soutien en service n’est pas encore signé avec Lockheed Martin, le fabricant du Hercules J, sans que le ministère de la Défense en explique les raisons. L’on sait en revanche que le gouvernement fédéral tient désormais à signer les contrats de soutien directement avec les fournisseurs, ce qui, en l’occurence, ne fera pas l’affaire des entreprises spécialisées de l’industrie aéronautique canadienne.
De plus, le choix du Hercules C-130J suscite la controverse. En effet, le dernier né de Lockheed-Martin accumule les critiques. Selon un rapport de Joseph E. Schmitz, l’Inspecteur général du département américain de la Défense, dont les conclusions ont été révélées par le quotidien québécois « Le Devoir » le 12 décembre dernier, le Hercules J ne pourrait non seulement pas accomplir ses missions dans les zones de conflits et mais il serait aussi dangereux pour son équipage.
On y apprend que le C-130 J « ne remplit pas les spécifications du contrat et, par conséquent, ne peut pas être opérationnel et performant dans les missions exigées » et qu’il « ne peut qu’être utilisé que pour l’entraînement. »
En outre, le C-130 J ne pourrait pas être employé pour des missions de recherches et de sauvetage dans les zones de combat et qu’il connaîtrait des difficultés lors des opérations spéciales nocturnes et lorsque les températures sont très basses. L’évaluation de l’avion a permi de constater pas moins de 168 déficiences graves susceptibles d’entraver son efficacité opérationnelle.
Le rapport de l’Inspecteur général a été confirmé quelques mois plus tard par Thomas Christie, l’Evaluateur indépendant de l’équipement du Pentagone (Independent weapons tester). En février 2005, Donald Rumsfeld a estimé au Congrès américain que l’option de moderniser les anciens modèles d’Hercules aurait été plus économique que l’achat de 117 Hercules J pour un montant de 7,45 milliards $US. De quoi décider la Maison Blanche a rompre le contrat avec Lookheed-Martin.
Seulement, l’avionneur reçoit le soutien de 24 sénateurs qui, dans une lettre adressée au président Bush, insistent sur la nécessité de renouveller la flotte d’avions de transport de l’Air Force. Finalement, la Maison Blanche fait marche arrière, officiellement pour des raisons de coûts qu’une rupture du contrat aurait entraîné. De son côté, l’US Air Force continue à soutenir le programme et affirme, comme Lookheed Martin, que l’avion s’améliore.
Si l’on en croit Jack Crisler, le vice-président de Lookheed-Martin, le fameux rapport de l’Inspecteur général serait désormais « périmé ». Il assure en outre que le C-130J assure actuellement des missions dans des zones de combat.
Le choix du C-130J par l’armée canadienne a été dicté par l’urgence. Ses vieux Hercules encore en ligne sont essoufflés – trois d’entre eux ont été retirés du service – et ses besoins en avions de transport tactique ne peuvent plus attendre la mise sur le marché de l’A-400 M d’Airbus qui connaît, de plus, des retards.
Avec les Etats-Unis, quatre autres pays ont déjà acquis des C-130 J, à savoir le Royaume-Uni, l’Italie, l’Australie et le Danemark.