Une mystérieuse frappe aérienne aurait visé le groupe paramilitaire russe Wagner en Centrafrique

Qui a visé une base occupée par le groupe paramilitaire russe Wagner et les forces armées centrafricaines [FACa] à Bossangoa, dans le nord-ouest de le Centrafrique, dans la nuit du 27 au 28 novembre?

Selon Bangui, qui n’a produit aucun élément censé prouver ses affirmations, un avion « venu de l’étranger » aurait en effet « largué des explosifs » sur une position tenue par les FACa et leurs « alliés » russes [c’est ainsi que sont désignés les mercenaires de Wagner par les autorités centrafricaines, ndlr] depuis que la localité Bossangoa a été reprise aux combattants de la Coalition des patriotes pour le changement [CPC] en février 2021.

« Ces explosifs ont occasionné d’importants dégâts matériels », a avancé le gouvernement centrafricain, via un communiqué. Et d’annoncer l’ouverture d’une enquête pour « situer les responsabilités » de « cet acte ignoble perpétré par les ennemis de la paix [qui] ne saurait rester impuni » ainsi que des « dispositions pour faire faire face à toute éventualité ».

Cela étant, Bangui affirme que « l’aéronef » aurait pris la « direction du nord » après avoir largué ses bombes sur la base occupée par les FACa et Wagner… Trois pays sont situés à la frontière septentrionale de la Centrafrique : le Cameroun [nord-ouest], le Tchad [nord] et le Soudan [nord-est]. Et Bossangoa est à moins de 200 km du territoire tchadien…

Par ailleurs, les relations entre N’Djamena et Bangui sont tendues. En effet, les autorités centrafricaines reprochent à leurs homologues tchadiennes de donner asile aux principaux responsables rebelles, dont l’ex-président François Bozizé, le chef du CPC. En outre, en mai 2021, le Tchad avait accusé les FACa d’avoir tué six de ses soldats lors de l’attaque d’un poste frontalier tchadien, menée vraisemblablement avec l’appui de Wagner.

Wagner justement… En février dernier, Timan Erdimi, le chef de l’Union des forces de la résistance [UFR], un groupe rebelle tchadien, a demandé le soutien du groupe paramilitaire russe pour « chasser » le président du Comité militaire de transition, savoir Mahamat Idriss Déby. Finalement, il s’est rallié au pouvoir tchadien…

Quoi qu’il en soit, certains témoignages recueillis par l’AFP au sujet de cette frappe aérienne présumée contre Wagner à Bossangoa évoquent un avion « qui faisait peu de bruit ». Ce qui exlut, a priori, une survol à basse altitude de la cible, laquelle aurait été touchée par « quatre bombes », larguée visiblement avec précision.

« C’est un avion sans lumières et que l’on n’a pu identifier, la cible était l’usine de coton que les Russes et les forces armées utilisent comme base, il n’y a pas trop de dégâts », a dit Pierre Denamguere, le maire de la ville. À noter qu’il n’a pas été fait état de morts et de blessés.

Pour rappel, la force aérienne tchadienne est dotée d’avions d’attaque au sol Su-25 « Frogfoot ». Sont-ils en mesure d’effectuer des frappes aussi précises durant la nuit? Rien n’est moins sûr… En outre, la France dispose de Mirage 2000D basés à N’Djamena. D’ailleurs, ceux-ci ont été sollicités, par le passé, pour fournir un appui à la Mission des Nations unies en Centrafrique [MINUSCA] et aux FACa… Mais les forces françaises ont toujours agi à la demande des autorités centrafricaines.

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