Otan : Les États-Unis envisagent un renforcement « à long terme » de leur posture militaire en Europe

Au début des années 2010, la cause était entendue : en raison du « pivot » des États-Unis vers la région Indo-Pacifique, l’administration Obama décidé de réduire significativement la présence militaire américaine en Europe, avec, notamment, le retrait de deux brigades de l’US Army et la dissolution de plusieurs unités, dont le 81st Fighter Squadron, qui était le dernier à utliliser des avions d’attaque A-10 Thunderbolt II sur le Vieux Continent. Et, dans le même temps, Washington demanda à ses partenaires européens de l’Otan de prendre leur « part du fardeau ».

L’annexion de la Crimée par la Russie, en mars 2014, marqua une inflexion dans la politique américaine, avec le lancement de l’opération « Atlantic Resolve ». Bien que très critique à l’égard de l’Otan [et plus précisément à l’endroit des Alliés qui n’investissaient pas assez, selon lui, dans leur défense], le successeur de Barack Obama, Donald Trump, ne remit pas en cause cette inflexion. Il l’encouragea même, avec le retour de l’exercice à grande échelle « Defender Europe ».

Au début de cette année, alors que les mouvements de troupes russes aux abords du territoire ukrainien laissaient présager une possible opération militaire de grande ampleur, les États-Unis firent savoir qu’ils étaient prêts à engager jusqu’à 8’500 soldats de plus au sein de la force de réaction de l’Otan [NRF – Nato Response Force]. Et, depuis que la guerre en Ukraine a commencé, le 24 février dernier, les forces américaines ont encore renforcé leur posture sur le flanc oriental de l’Alliance.

Mais il est question d’aller encore plus loin, à en croire Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale du président Biden. En effet, peu avant le début du sommet de l’Otan, à Madrid, il a indiqué que les ֤États-Unis feraient des « annonces spécifiques » sur de « nouveaux engagements sur terre, en mer et dans les airs à long terme, en Europe ».

« À la fin du sommet, il y aura un dispositif plus robuste, plus efficace, plus crédible […] pour tenir compte d’une menace russe plus aigue et plus grave, pas seulement à cause de ce qu’elle a fait en Ukraine mais aussi en raison de la manière dont elle a changé son positionnement vis-à-vis de la Biélorussie », a expliqué M. Sullivan.

Pour rappel, le 25 juin, le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, a confirmé que la Biélorussie recevrait prochainement des missiles balistiques Iskander-M [les mêmes que ceux en service au sein des forces russes, ndlr], pouvant emporter des charges nucléaires.

« Le plus important, c’est ce qui se passe réellement sur le terrain, pas le cinéma » entre MM. Poutine et Loukachenko [le président biélorusse, ndlr] », a dit le conseiller de M. Biden. « Bien sûr, s’il y a des déploiements militaires russes durables, y compris nucléaires, en Biélorussie, c’est un sujet de préoccupation pour toute l’Alliance, à commencer par les États-Unis », a-t-il admis. Et d’ajouter : « C’est quelque chose dont nous tiendrons compte lorsque nous réfléchirons à notre propre posture.

Ce renforcement militaire amércaine en Europe est, d’une certaine manière, inéluctable étant donné que le format de la NRF devrait être porté à plus de 300’000 militaires [c’est à dire qu’ils seront placés sous le commandement de l’Otan, ndlr]. Ce qui dépasse les capacités des pays européens. En outre, il a été confirmé que l’US Navy disposera de six « destroyers » à la base navale espagnole de Rota, contre quatre actuellement. Enfin, il n’est pas impossible que Washington décide de stocker à nouveau des bombes nucléaires tactiques B61 au Royaume-Uni, dans le cadre du Partage nucléaire de l’Alliance, comme c’était le cas jusqu’en 2008.

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