La marine russe se prépare à faire flèche de tout bois en lançant des manoeuvres navales de grande ampleur

N’ayant pas obtenu les garanties juridiques sur sa sécurité qu’elle exigeait des États-Unis et de l’Otan, la Russie continue d’accentuer sa pression militaire sur l’Ukraine, notamment en déployant de nouvelles capacités près de la frontière et des troupes en Biélorussie. Et tout ceci rappelle la guerre froide… comme l’a souligné Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, lors d’une visite à Berlin, ce 20 janvier.

Toute violation de la souveraineté territoriale de l’Ukraine par la Russie « nous ramènerait à une époque bien plus dangereuse et instable, lorsque ce continent était divisé en deux, […] avec la menace d’une guerre totale planant au-dessus de la tête de chacun », a en effet lancé M. Blinken, après un passage à Kiev et avant une rencontre avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, à Genève. Et de prévenir : « Nous avons toujours été très clairs : tout franchissement par des forces militaires russes de la frontière ukrainienne pour y commettre de nouveaux actes d’agression contre l’Ukraine, entraînera une réponse rapide et sévère des États-Unis, et de nos alliés ».

Également présent à Berlin, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a été sur le même terrain, en mettant en garde Moscou contre « toute volonté de forger un ‘Yalta 2′ », c’est à dire un nouveau partage des sphères d’influence en Europe comme celui fut le cas lors de la conférence de Yalta, en 1945.

À Londres, le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a estimé qu’une « incursion » de la Russie en Ukraine serait, « quelle que soit sa forme ou son envergure », un « désastre non seulement pour l’Ukraine mais aussi pour la Russie ». Et que ce serait aussi un » désastre pour le monde ».

Répondant au président américain, Joe Biden, qui venait de promettre un « désastre pour la Russie » dans le cas où celle-ci s’attaquerait à l’Ukraine, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a dénoncé des « remarques déstabilisatrices ».

« Les déclarations se répètent sans cesse et ne contribuent en rien à l’apaisement des tensions actuelles. De plus, elles peuvent contribuer à déstabiliser la situation », a ainsi déclaré M. Peskov. Et elles « peuvent susciter des espoirs totalement faux parmi les têtes brûlées de certains représentants ukrainiens […] qui pourraient tenter de résoudre par la force le problème du sud-est de l’Ukraine », où Kiev est aux prises avec des séparatistes pro-russes depuis 2014, a-t-il continué.

Quoi qu’il en soit, les semaines qui viennent vont être marquées par une intense activité de la marine russe, presque comme au temps de la Guerre Froide. En effet, ce 20 janvier, le ministère russe de la Défense a annoncé qu’il lancerait des exercices navals pouvant mobiliser, au total, « plus de 140 navires, plus de 60 avions et environ 10’000 marins ».

Ces manoeuvres navales, a expliqué la même source, se dérouleront dans « les eaux et les mers adjacentes au territoire russe » ainsi que des les « zone océaniques à travers le monde importantes sur le plan opérationnel ». En clair, elles auront lieu presque sur toutes les mers et océans…

« Des exercices distincts auront lieu dans les eaux de la Méditerranée, de la mer du Nord, de la mer d’Okhotsk, dans la partie nord-est de l’océan Atlantique et dans l’océan Pacifique », a détaillé le ministère russe de la Défense, avant d’avancer que « l’objectif principal est de mettre à l’épreuve les forces navales, aériennes et spatiales pour protéger les intérêts nationaux russes dans les océans du monde et pour contrer les menaces militaires contre la Russie depuis les mers et les océans ».

Certains de ces exercices impliqueront d’autres forces navales. Ainsi, l’Iran a indiqué que des manoeuvres commenceront le 21 janvier dans l’océan Indien, avec la participation de la Russie et de la Chine.

« Des exercices de trois jours avec la participation de onze unités maritimes de l’armée de l’Iran, trois unités de la marine des Gardiens de la révolution, trois unités russes et deux unités chinoise commenceront demain [21/01] dans le nord de l’océan Indien sur une superficie de 17.000 km2 », a ainsi fait savoir l’amiral Mostafa Tajeddini. « Améliorer la capacité et la préparation au combat, renforcer les liaisons militaires entre la marine iranienne et la Chine et la Russie, assurer la sécurité commune et lutter contre le terrorisme maritime sont parmi les principaux objectifs de ces exercices », a-t-il précisé.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]