Mme Parly annonce une commande de 12 Rafale neufs en 2023 pour remplacer les avions vendus à la Croatie

En mai dernier, le Premier ministre croate, Andrej Plenković, confirma officiellement le choix de Zagreb en faveur du Rafale F3R au dépens du F-16V « Viper » de Lockheed-Martin afin de remplacer les MiG-21Bis/M de sa force aérienne. Et d’indiquer que des négociations allaient se tenir en vue de finaliser une commande portant sur 12 exemplaires d’occasion.

À la faveur d’une visite officielle du président Macron en Croatie [la première d’un président français depuis 1991, ndlr], ce 25 novembre, le contrat, d’une valeur de 1,155 milliard d’euros, a ainsi été signé.

« Je viens de signer l’accord d’acquisition du Rafale par la Croatie dans le cadre du déplacement du Président de la République à Zagreb. Un acte fort pour l’Europe de la défense », a fait savoir Florence Parly, la ministre des Armées, via Twitter.

« C’est un choix souverain, le contrat que nous avons signé ce matin est un choix historique. […] Ce sera le ciment d’une convergence stratégique entre nos deux pays et pose les jalons d’une Europe de la défense », a commenté le président Macron. De son côté, M. Plenković a estimé que ces avions « vont influencer le standing croate sur l’échelle internationale » et permettre à la Croatie de tenir son rang dans le cadre de l’Otan.

Dans le détail, ces 12 Rafale seront donc prélevés sur la flotte de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE], laquelle doit également se séparer d’autant d’appareils pour satisfaire la commande passée par la Grèce en janvier dernier.

Un premier lot de 6 avions sera livré entre le troisième trimestre 2023 et le début de l’année 2024. Le second suivra avant le printemps 2025. Outre la livraison des 12 Rafale, le contrat prévoit celle d’un simulateur ainsi que différents services [formation, maintenance]. La Croatie va bénéficier d’une facilité de paiement dans la mesure où elle réglera sa commande en six versements annuels, entre 2021 et 2026.

Reste la question de la compensation de ces Rafale cédés à la Croatie… Si les avions destinés à la force aérienne grecque seront remplacés par des appareils neufs [une commande a été notifiée à Dassault Aviation peu après la signature du contrat grec, ndlr], les intentions du ministère des Armées ont, jusqu’alors, manqué de clarté.

Ainsi, selon la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25, l’AAE doit aligner 129 Rafale en 2025. Devant le sénateurs, en juin, la ministre avait assuré que les appareils prélevés pour honorer la commande croate allaient être « compensés ». Puis, il fut avancé une autre solution, à savoir que le produit de cession allait être utilisé pour remettre en état de vol les 14 Rafale immobilisés actuellement pour servir de réservoir à pièces détachées et commander des nacelles TALIOS et des radars à antenne active supplémentaires.

« Des études sont en cours au sein du ministère des Armées pour prendre en compte l’impact de ces livraisons [à la Croatie, ndlr]. À cet égard, il est nécessaire d’améliorer la qualité de notre flotte. Tous nos Rafale ne sont pas équipés de radars à antenne active. En avoir davantage est nécessaire pour conserver notre supériorité opérationnelle. De même, les nouveaux pods TALIOS sont d’une qualité très supérieure aux anciens pods de désignation laser. Il nous en faut davantage, eu égard au nombre de nos missions et de nos entraînements », avait en effet expliqué le général Philippe Lavigne, alors chef d’état major de l’AAE.

Le Délégué général pour l’armement [DGA], Joël Barre, défendit aussi cette option. « Il s’agirait en outre de doter le plus rapidement possible nos Rafale d’équipements de mission encore plus performants, en augmentant les livraisons de pods TALIOS […] le nombre de radars à antenne active AESA et le parc des optiques frontales dotées de voies visibles et infrarouges » et « grâce à ces 400 à 500 millions d’euros de ressources extrabudgétaires, nous pourrions obtenir ainsi quatre-vingts Rafale pleinement dotés de ces capacités à l’horizon 2025 », avait-il dit aux députés.

Aussi, lors des auditions réalisées dans le cadre du projet de loi de finances pour 2022, l’idée d’utiliser les recettes obtenues par la vente de ces 12 Rafale d’occasion à la Croatie semblait être actée. C’est, en tout cas, ce qu’avait laissé entendre le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées [CEMA]. Ces « 117 avions [au lieu de 129, ndlr] seront plus récents et sans doute plus disponibles que ceux dont nous aurions dû disposer » dans la mesure où les « ressources récupérées amélioreront le MCO [Maintien en condition opérationnelle] », avait-il affirmé, le 6 octobre dernier. Et de préciser que la Marine nationale, avec ses 40 Rafale M, allait être mise à contribution pour épauler l’AAE.

Visiblement, cette dernière devant faire autant, voire plus, avec presque l’équivalent d’un escadron de Rafale en moins, tout en composant avec le retrait programmé de ses Mirage 2000C, il a finalement été décidé de compenser les avions cédés à la Croatie par une nouvelle commande… L’annonce en a été faite par Mme Parly, depuis Zagreb. Mais l’AAE devra patienter un peu…

« Ces 12 Rafale d’occasion vendus à la Croatie sont prélevés dans les rangs de l’Armée de l’Air et de l’Espace : ils seront bien évidemment remplacés par des avions neufs qui seront commandés dès 2023 », a en effet indiqué Mme Parly.

Reste maintenant à voir quand ces nouveaux avions – probablement au standard F4 – seront livrés à l’AAE… À la condition qu’ils soient effectivement commandés. Selon la trajectoire financière décrite par la LPM 2019-25, le budget des armées devra être porté à 44 milliards d’euros en 2023 [soit une hausse de +3 milliards par rapport aux ressources prévues pour 2022]. Seulement, tout dépendra de la prochaine élection présidentielle et de la nouvelle majorité qui sortira des urnes d’ici quelques mois.

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