Une frégate danoise a coulé une embarcation de pirates dans le golfe de Guinée
En mars dernier, l’armateur danois Maersk a réclamé la mise sur pied d’une « coalition internationale » dans le golfe de Guinée, afin de protéger le trafic maritime contre les actes de piraterie et de brigandage, dont le nombre n’a cessé d’augmenter lors de ces dernières années. Et son appel a ensuite relayé par l’association mondiale de transporteurs maritimes « Bimco », dont les adhérents représentent 60% du tonnage mondial.
En effet, selon le Maritime Information Cooperation & Awareness Center [MICA Center], qui, comme son nom ne l’indique pas, relève de la Marine nationale, 51 navires ont été attaqués dans cette partie du monde en 2020… Et 142 marins ont été enlevés. Qui plus est, les pirates se sont enhardis, n’hésitant pas, pour certains d’entre eux, à tenter des raids sur plus de 400 nautiques et des abordages à plus de 1000 nautiques des côtes. En outre, la nature de leurs cibles a également évolué. Si les pétroliers étaient auparavant visés pour leurs cargaisons, la chute du prix du baril les a rendus moins attractifs. D’où la multiplication d’attaques contre des porte-conteneurs, ou des navires plus modestes [mais aussi plus lents], lesquels constituent des proies faciles.
Le gouvernement danois a répondu favorablement à l’appel de Maersk en annonçant l’envoi d’un navire de guerre dans le golfe de Guinée d’ici la fin de cette année. Et, récemment arrivée dans la région, la frégate Esbern Snare n’aura pas tardé à faire parler d’elle.
En effet, ce 25 novembre, l’état-major des forces danoises a indiqué que, la veille, en tentant d’appréhender une embarcation de pirates, la frégate Esbern Snare avait été la cible de tirs, ce qui a entraîné une riposte immédiate.
Selon les explications qu’il a données, la frégate Esbern Snare a dans un premier temps été prévenue de la présence d’un bateau à moteur suspect naviguant au large des côtes méridionales du Nigéria avec huit personnes à bord. Arrivée dans la zone, un hélicoptère Sea Hawk a décollé pour une mission de reconnaissance. Mission qui a permis de confirmer les soupçons pesant sur l’embarcation en question.
Plus tard, la frégate s’est trouvée suffisamment proche du bateau suspect pour envoyer des commandos marine à sa rencontre,à bord d’une embarcation rapide. Ceux-ci ont alors « tiré des coups de semonce », ce qui leur a valu d’être pris pour cible par les pirates. Les militaires danois ont alors « réagi en état de légitime défense et ont riposté », a expliqué l’état-major. Bilan : 4 tués, 1 blessé et 3 prisonniers du côté des pirates.
« Après la fusillade, le bateau pirate a coulé. Les huit pirates ont été emmenés à bord de la frégate Esbern Snare, où l’un des blessés a été soigné », a précisé l’état-major danois.
Pour rappel, le golfe de Guinée est une région stratégique pour les intérêts français et, plus largement, européens : 12% du pétrole importé en France [10 à 12% pour l’Union européenne] y transite. Aussi, la Marine nationale y déploie régulièrement au moins navire, dans le cadre de l’opération Corymbe. Et la France prend part à plusieurs initiatives, comme les exercices multinationaux African NEMO, la Présence maritime coordonnée de l’UE, ou encore au forum « G7++ Friends of the Gulf of Guinea » [G7++FoGG].
À noter que la Russie s’intéresse aussi de près à cette zone. Depuis le début du mois d’octobre, elle y dispose d’une petite flottille, constituée par le « destroyer » vice-amiral Koulakov, un navire de ravitaillement et un remorqueur. Le 27 octobre, Moscou a indiqué que cette formation avait mis en échec une tentative de détournement du cargo MSC Lucia, assurant une liaison entre le Togo et le Cameroun.
Photo : Anders V. Fridberg / Forces armées danoises