Pour la première fois, les forces ukrainiennes engagent un drone Bayraktar TB-2 contre les séparatistes du Donbass

Dans son dernier compte-rendu [daté du 26 octobre], et au cours des dernières vingt-quatre heures, la Mission spéciale de surveillance de l’Organisation pour la coopération et la sécurité [OSCE] a encore relevé 205 violations du cessez-le-feu le long de la ligne de contact, qui sépare les forces gouvernementales ukrainiennes des séparatistes pro-russes dans le Donbass [sud-est de l’Ukraine].

Cela étant, depuis le début de cette année, les violations du cessez-le feu augmentent significativement. Lors du premier trimestre 2021, l’OSCE en a compté 8’676, dont deux tirs d’artillerie [ou de chars]. Et elle a constaté la présence de 527 armes théoriquement interdites par les accords de Minsk près de la ligne de front.

Pour le second, le nombre de violations a quasiment triplé [26’757 cas], quand celui des tirs d’artillerie ont été multiplié par 100 [212 constatés, ndlr]. Et, malgré le brouillage de ses drones de surveillance et d’observation, la mission de l’OSCE a repéré 673 armes qui n’étaient pas censées se trouver près de la ligne de contact.

Parmi ces dernières, les observateurs ont déterminé que les séparatistes mettaient en oeuvre des lance-roquettes multiples BM-21 GRAD 9K51 de 122 mm camouflés de telle sorte qu’ils pouvaient passer pour des camions inoffensifs. Une photographie en a été prise le 14 septembre dernier, près de Pokrovka, localité située à 36 km de Donetsk… mais à moins d’un kilomètre de la ligne de contact.

Quoi qu’il en soit, les forces ukrainiennes ne sont pas non plus en reste, l’OSCE indiquant régulièrement qu’elles déploie aussi des armes prohibées près de la ligne de contact. Et à l’instar des séparatistes, soupçonnés d’être matériellement soutenus par la Russie, ces dernières bénéficient également d’un appui extérieur, notamment fourni par les États-Unis [via la livraison de missiles anti-chars Javelin] et… la Turquie.

L’an passé, Kiev a annoncé la commande de 48 drones tactiques Bayraktar TB2 auprès du constructeur turc Baykar. Ces appareils devaient alors compléter les 12 exemplaires précédemment acquis et mis en oeuvre [depuis mars 2019, nldr] par les forces ukrainiennes.

Jusqu’à présent, et alors qu’il a été avancé que, en Libye, ces drones tactiques turcs avaient changé le rapport de forces entre les milices loyales au gouvernement d’union nationale [GNA], soutenu par Ankara, et l’Armée nationale libyenne [ANL] du maréchal Khalifa Haftar, les forces ukrainiennes n’en avaient jamais utilisé pour frapper des positions tenues par les séparatistes. C’est désormais chose faite.

Ainsi, selon les informations fournies par la partie ukrainienne, le 26 octobre, un Bayraktar TB-2 a repéré et détruit un obusier D-30 de 122 mm au sud de la localité de Boykivske [autrefois appelée Telmanovo]. Cette pièce d’artillerie aurait été utilisée pour mener des attaques contre le village de Granitne.

« De 14h25 à 15h15, l’obusier D-30 des forces russo-terroristes a effectué des tirs dans les environs de la commune de Granitne. Deux militaires des Forces armées ukrainiennes ont été blessés et un autre a été tué. Après le début du bombardement, la mission de surveillance de l’OSCE a immédiatement appelé à un cessez-le-feu et envoyé une note par la voie diplomatique. Cependant, l’ennemi n’a pas réagi. Afin de le contraindre à cesser le feu, un Bayraktar a été utilisé sur ordre du commandant en chef des forces armées […]. Le drone n’a pas franchi la ligne de contact et a détruit l’obusier aux dépens des ‘forces d’occupation russes’ avec une bombe guidée », a ainsi expliqué l’état-major ukrainien, dans un communiqué.

Pour rappel, pouvant voler pendant 24 heures, le Bayraktar TB-2 peut emporter deux missiles antichar UMTAS développés par Roketsan ou des « micro-munitions » MAM-C et MAM-L.

L’obusier des séparatistes ayant été détruit, les forces ukrainiennes ont lancé avec succès un assaut pour reprendre le contrôle de la localité de Staromaryevka, située non loin de Granitne. Ce qu’ont confirmé les séparatistes…

Par ailleurs, la marine ukrainienne va également utiser des Bayraktar TB-2 pour des missions de surveillance en mer Noire et en mer d’Azov. Voire pour frapper directement des cibles en surface ou désigner ces dernières aux missiles côtiers « Neptune », dont la portée est serait de 280 km et dont la charge militaire est suffisante pour détruire un navire de 5000 tonnes. Les quatre premiers appareils en version navale ont été livrés en juillet dernier.

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