Le Groupement des commandos parachutistes revient aux sources pour se préparer à la « haute intensité »

Après des années d’engagements dits « asymétriques », comme ceux relevant de contre-insurrection, les forces françaises doivent se réapproprier les savoir-faire nécessaires à la « haute intensité », c’est à dire qu’elles doivent se préparer à affronter un adversaire aux capacités similaires [si ce n’est supérieures]. D’où, d’ailleurs, le retour des « grandes manoeuvres ».

En 2023, l’exercice Orion devrait ainsi mobiliser, selon l’ex-chef d’état-major des armées [CEMA], « 17’000 à 20’000 hommes et 500 véhicules de l’armée de Terre, deux porte-hélicoptères amphibies, le porte-avions Charles de Gaulle pour la Marine et 40 avions de l’armée de l’Air et de l’Espace ».

Pour résumer à grands traits, il s’agit donc pour les forces françaises de revenir aux fondamentaux. Par exemple, l’armée de l’Air & de l’Espace aura à se préparer à agir dans des environnements fortement contestés, ce qui n’est actuellement pas le cas au Sahel, dans le cadre de l’opération Barkhane.

Même chose pour l’armée de Terre, comme l’avait souligné un RETEX [retour d’expérience] publié en 2018 au sujet de l’engagement du sous-groupement tactique interarmes [S/GTIA] en Estonie, dans le cadre de l’Otan. « L’entraînement au camouflage, la discrétion des déplacement, la discipline du bruit au combat, savoir-faire oubliés depuis la fin de la Guerre Froide, doivent être travaillés », était-il ainsi souligné dans ce document.

Et cela vaut aussi pour les 200 membres du Groupement des commandos parachutistes [GCP] de la 11e Brigade Parachutiste [BP], dont il est désormais question de « dépoussiérer » les procédures mises au point à l’époque des « Commandos de renseignement et d’action dans la profondeur » [CRAP], sans pour autant mettre de côté la préparation opérationnelle pour les engagements « asymétriques », comme au Sahel. En clair, l’accent sera de nouveau mis sur l’infiltration en profondeur dans le dispositif ennemi [ou du « compétiteur », comme il est dit désormais].

« Nous devons […] penser à l’avenir pour être toujours en pointe en nous préparant activement à la haute intensité. Pour cela, nous allons revenir à certains fondamentaux que les plus anciens d’entre nous ont connus, nous demandant de faire preuve d’une extrême résilience et de renforcer notre autonomie dans tous les domaines. Ce défi, ordonné par le CEMAT [chef d’état-major de l’armée de Terre, ndlr], sera bien entendu relevé par le GCP afin de pouvoir être engagé au plus vite sur les futurs théâtres d’opérations », a expliqué le lieutenant-colonel « Frédéric », dont les propos sont rapportés dans le dernier hors-série du magazine Raids, dédié aux commandos parachutistes.

Il n’est donc pas question de partir de zéro, mais de remettre au goût du jour des procédures qui firent leurs preuves en leur temps, en les complétant en fonction des caractéristiques des adversaires potentiels et des évolutions technologiques. Et cela, selon deux mots clés : la résilience et l’autonomie, deux qualités indispensables pour « tenir et durer » derrière les lignes ennemies, c’est à dire en zone hostile, pour y collecter du renseignement en toute discrétion, voire, le cas échéant, y mener des actions « fulgurantes ».

La formation des commandos parachutistes va donc s’adapter à cette fin. Pour rappel, à l’issue des épreuves de sélection, celle-ci commence par le stage « Jedburgh », lequel comprend notamment un module de quatre semaines au Centre national d’entraînement commando [CNEC] de Mont-Louis. Puis elle se poursuit avec un stage SOGH [Saut Opérationnel à Grande Hauteur], de 13 semaines, à l’École des troupes aéroportées [ETAP] de Pau. Enfin, ce cursus se termine au sein du régiment d’origine de l’aspirant commando, lequel choisit alors sa future spécialité [transmetteur, auxiliaire sanitaire, renseignement, tireur de précision, etc].

S’agissant de la résilience, l’accent est mis sur les techniques de survie afin de permettre aux commando parachutistes de durer aussi longtemps que nécessaire sur le terrain, en totale autonomie.

Selon Raids, les marches d’infiltration seront par ailleurs plus longues que par le passé. « Ces dernières années, les entraînements, les exercices et les opérations menées voyaient des infiltration à pied d’une dizaine de kilomètres, car la situation tactique permettait aux commandos de se faire déposer au plus près de l’objectif. Il s’agit désormais de s’infiltrer dans la profondeur sur des distances beaucoup plus longues, » explique le magazine, avant de souligner que, d’une manière générale, « tout moyen permettant au commando de durer et d’aller plus loin dans le dispositif ennemi sera recherché, étudié, testé ».

D’où les essais en cours impliquant des « exosquelettes passifs« , qui permettent de porter des charges lourdes sans solliciter excessivement les muscles, ce qui réduit la fatigue et le risque traumatique pour le combattant. Ou encore l’expérimentation, au sein des commandos du 1er Régiment de chasseurs parachutistes [RCP] d’un VTT à assistance électrique.

Mais l’effort de porte pas seulement sur les équipements innovants. La boussole et la carte papier feront leur retour en grâce afin de pouvoir se passer de systèmes de géolocalisation par satellite [GPS, Galileo], sujets au brouillage. Et cela ne concernera pas le seul GCP…

Photo : Groupe commando parachutiste « Sonzogni » du 35e Régiment d’artillerie parachutiste © 35e RAP

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