La Russie accuse un navire de la marine américaine d’avoir tenté de violer ses eaux territoriales

Le 14 octobre, en mer du Japon, les forces navales russes et chinoises ont lancé les manoeuvres conjointes « Interaction maritime 2021 », avec, au programme, des exercices de lutte contre les mines, de lutte anti-sous-marine et de défense aérienne. Les moyens engagés sont relativement importants.

Ainsi, la marine russe a déployé le destroyer « Admiral Panteleev », les corvettes « Aldar Tsydenjapov » [du projet 20380] et Gromki, deux dragueurs de mines, un sous-marin de classe Kilo [le B-494 Oust-Bolcheretsk] et une vedette lance-missiles. Quant à la participation chinoise, elle se compose de deux « destroyers », de deux corvettes et d’un sous-marin.

La tenue de cet exercice sino-russe a-t-il suscité la curiosité de l’US Navy? Toujours est-il que, naviguant déjà depuis plusieurs jours en mer du Japon, le « destroyer » USS Chafee a été impliqué dans un incident avec la marine russe, Moscou ayant accusé le navire américain d’avoir tenté de violer ses eaux territoriales.

L’USS Chafee « s’est approché des eaux territoriales de la Fédération de Russie. […] Il a hissé les drapeaux signalant le fait qu’un hélicoptère est sur le point de décoller du pont, ce qui indique l’impossibilité de changer de cap et de vitesse, et a tenté de violer les frontières nationales de la Fédération de Russie dans le golfe de Pierre-le-Grand », a en effet affirmé le ministère russe de la Défense, le 15 octobre. « Le navire anti-sous-marins Amiral Tribouts, qui se trouvait dans la zone, a lancé un avertissement au navire étranger concernant ces actes inadmissibles », a-t-il continué, en joignant une vidéo de l’incident.

Et d’ajouter : « L’USS Chafee, convaincu de la détermination de l’équipage russe à empêcher une violation des frontières nationales, a fait demi-tour à 17 heures 50, alors qu’il se trouvait à moins de 60 mètres » de l’Amiral Tribouts. En outre, le navire américain aurait été averti par la marine russe qu’il naviguait dans une zone « fermée à la navigation en raison de tirs d’artillerie dans le cadre des manoeuvres conjointes Interaction maritime 2021 ».

Seulement, l’US Navy n’a pas eu la même lecture de cet incident. « La déclaration du ministère russe de la Défense concernant l’interaction entre les navires est fausse. Alors que l’USS Chafee menait des opérations de routine dans les eaux internationales de la mer du Japon, le 15 octobre, un destroyer russe de la classe Udalou s’est approché à environ 60 mètres [65 yards, ndlr] » du navire américain aloes que celui-ci « se préparait » à faire décoller un hélicoptère. « L’interaction était sûre et professionnelle », a-t-elle ajouté.

En outre, selon la marine américaine, les messages aux navigants [NOTAM/NOTMAR] diffusés pour la zone concernée par les autorités russes n’étaient pas en vigueur au moment de « l’interaction ». Et d’insister sur le fait que l’USS Chafee a « mené des opérations conformes au droit international » et que les États-Unis « continueront de voler, de naviguer et d’opérer là où le droit international le permet ».

Il s’agit du second incident de ce type en moins d’un an. En novembre 2020, la Russie avait en effet accusé le « destroyer » américain USS John McCain d’avoir fait une incursion d’environ un nautique dans des eaux qu’elle revendique, précisément au niveau du golfe de Pierre-le-Grand, en mer du Japon. Une revendication contestée au regard du droit maritime, le statut des baies donnant matière à controverse.

Seulement, à la différence du cas de l’USS Chafee, cette « incursion » de l’USS John McCain avait été assumée par l’US Navy… étant donné que celui-ci participait à une mission dite FONOP [Freedom of Navigation OPeration]. D’autres, similaires, avaient d’ailleurs été conduites dans le même secteur, sans susciter de réaction particulière à Moscou.

Photo : US Navy

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