Un faucon pélerin décoré pour avoir permis d’éviter de nombreux incidents aériens sur la base de Bourges-Avord

Cette année, cela fait quarante ans que l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] a créé des fauconneries sur certaines de ses bases aériennes afin de se prémunir contre le risque aviaire, qui peut être fatal à un avion en phase de décollage ou d’atterrissage.

Cette mesure avait été décidée après qu’une expérience menée sur la base aérienne 125 d’Istres permit de constater que les collisions entre des volatiles et des aéronefs avait chuté de 70 à 80% en un an.

Cela étant, plusieurs moyens peuvent être utilisés par les « Sections de Prévention du Péril Animalier [SPPA] pour éloigner les volatiles pouvant affecter la sécurité des vols : effarouchement [via des hauts parleurs], pyrotechnique [pétard, fusée] ou bien encore des « tirs de régulation ». Mais le recours aux faucons constitue probablement la solution la plus efficace, les oiseaux ayant par exemple tendance à s’accoutumer aux moyens pyrotechniques. Il est ainsi estimé qu’environ 10’000 pigeons ramiers survolent, chaque jour, la base aérienne de Villacoublay.

L’AAE propose la spécialité d’agent de préventon du péril animalier, dont la formation commence au Centre de Préparation Opérationnelle du Combattant de l’Armée de l’air [CPOCAA] d’Orange avant de se poursuivre à Mont-de-Marsan et à Istres. « En parallèle, l’unité d’emploi vous inscrit à la préparation et à l’examen du permis de chasser », précise son site dédié au recrutement.

Mais l’AAE fait surtout appel à du personnel civil spécialisé [sous le statut d’ouvrier de l’État] pour élever et dresser les rapaces destinés à éloigner les volatiles des pistes. « Les civils de la Défense sont les seules personnes à pouvoir exercer en tant que fauconniers », précise-t-elle.

Deux grands types de rapaces sont utilisés : ceux dits de « haut vol » comme les faucons pélerins, et ceux dits de « bas vol », comme les buses de Harris.

Par ailleurs, l’une des difficultés pour les SPPA est que certaines espèces d’oiseaux sont protégées… Aussi, le recours aux rapaces n’est pas systèmatique et d’autres moyens leur sont donc privilégiés.

Il faut environ deux ans pour dresser un faucon pélerin, dont les qualités en font un redoutable chasseur. Équipés d’émetteurs, ces rapaces peuvent voler jusqu’à 500 mètres d’altitude avant de fondre sur leur proie à la vitesse de 400 km/h. À conditions qu’ils ne soient ni trop maigres [il n’auront pas la force de chasser…], ni trop gros [ils n’auront pas assez faim pour se mettre en quête d’une proie].

Quoi qu’il en soit, l’intervention de ces rapaces peut être déterminante. En décembre 2013, « Ortega », un faucon pélerin femelle dressé par Thomas Garrido, a ainsi évité à un E-3F AWACS d’entrer un collision avec une bande de vanneaux et de pluviers dorés, alors qu’il s’apprêtait à atterrir sur la base aérienne d’Avord, dans des conditions météorologiques très dégradées.

« Alors que la brume et les chutes de neige réduisent très fortement la visibilité, Ortega manifeste le besoin de quitter le poing de son fauconnier sans que ce dernier sache ce qu’elle a repéré. Libérée, elle s’envole dans la brume à très grande vitesse et débusque les pluviers dorés et les vanneaux huppés venus furtivement se poser sur la piste pour se réchauffer. Fulgurante, son action permet d’éviter à l’aéronef d’atterrir et évite ainsi d’importants dégâts liés à une collision volatile inévitable », a ainsi relaté la Zone de défense et de sécurité Ouest [ZDSO], dans un article récemment publié sur les réseaux sociaux.

Désormais âgés de 12 ans, Ortega a plus de 500 prises à son actif. Et ce qui lui a valu, en juillet dernier, d’être décoré à « titre exceptionnel » de la médaille de la Défense nationale échelon bronze par le colonel Olivier Kaladjian, le commandant de la base aérienne de Bourges-Avord.

Née en avril 2009 à Cuenca [Espagne], Ortega a d’abord intégré la SPPA de la base aérienne de Villacoublay, avant de rejoindre celle d’Avord, où elle a été confiée à M. Garrido.

La pratique consistant à donner des honneurs militaires à des animaux remonte au Premier Empire, avec le chien « Moustache ». Et le premier volatile a avoir reçu de tels honneurs fut le pigeon voyageur « Vaillant« ,  décoré de la Croix de guerre en 1916 pour avoir transmis un message capital durant la bataille de Verdun.

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