Après les années Trump, les État-Unis vont renforcer leur présence militaire en Allemagne

La semaine passée, lors d’un entretien donné à la presse, la ministre allemande de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, fit part de son soulagement après la décision de l’administration Biden de geler le retrait partiel des troupes américaines d’Allemagne, lequel avait été décidé par l’ex-président Trump en juin 2020.

Durant son mandat, l’ancien chef de la Maison Blanche s’en était régulièrement pris à Berlin, critiquant la faiblesse de ses dépenses militaires, dont le niveau était alors bien loin des 2% du PIB comme cela avait été décidé dans le cadre de l’Otan en 2014, ainsi que son implication dans le projet russe de gazoduc Nord Stream 2 et sa politique commerciale.

En 2018, lors d’échanges houleux à l’occasion du sommet de l’Otan, organisé à Bruxelles, M. Trump avait d’ailleurs mis l’Allemagne devant ses contradictions. « Elle paie des milliards de dollars à la Russie pour ses approvisionnements en énergie et nous devons payer pour la protéger contre la Russie. Comment expliquer cela? Ce n’est pas juste », avait-il lancé.

Et comme la situation n’évolua pas dans le sens qu’il souhaitait, même si Berlin annonça son intention de se procurer des chasseurs-bombardiers F/A-18 Super Hornet auprès de Boeing, Donald Trump décida par conséquent le retrait de près de 12.000 militaires américains d’Allemagne, dont il pointa le « comportement de délinquant ».

« Ce sont des soldats [américains] bien payés. Ils vivent en Allemagne, ils dépensent des tonnes d’argent en Allemagne. Partout autour de ces bases, c’est très riche. L’Allemagne en profite », avait-il alors lâché, sans vraiment se soucier des éventuelles conséquences opérationnelles et stratégiques qu’une telle décision allait avoir.

Cela étant, dans les plans publiés plus tard par le Pentagone, les militaires américains appelés à quitter l’Allemagne devaient en partie être redéployés en Pologne, en Belgique et en Italie. Et il était question d’en faire revenir 6.300 aux États-Unis.

Quoi qu’il en soit, la page des relations tumultueuses entre Washington et Berlin est désormais tournée. Du moins pour le moment. En effet, lors d’un déplacement en Allemagne, le chef du Pentagone, Lloyd Austin, a annoncé une nouvelle à laquelle Mme Kramp-Karrenbauer ne s’attendait sans doute pas.

Ainsi, ce 13 avril, M. Austin s’est dit « heureux d’annoncer que nous allons augmenter la présence des forces américaines en Allemagne. » Et d’ajouter : « J’ai informé la ministre [allemande] de notre intention de poster en permanence environ 500 militaires américains supplémentaires dans la région de Wiesbaden dès cet automne. »

Actuellement, la base de Wiesbaden [« Lucius D. Clay Kaserne »] abrité le quartier général de l’US Army en Europe ainsi que des unités spécialisées dans la collecte du renseignement [66th Military Intelligence Brigade] et les télécommunications [2nd Signal Brigade].

Par ailleurs, M. Austin a également assure que l’Allemagne restera un « partenaire important en matière de sécurité et dans le domaine économique dans les années à venir. » « C’est pourquoi le renforcement de nos relations avec l’Allemagne est une priorité absolue de l’administration Biden-Harris », a-t-il dit.

Évidemment, la ministre allemande de la Défense n’a pu que se féliciter de cette annonce, qu’elle a qualifiée de « signe très fort d’untié ». C’est une « excellente nouvelle que non seulement le président Biden ait annoncé que les plans de retrait étaient abandonnés, mais qu’au contraire, ces troupes ici en Allemagne soient renforcées », a-t-elle réagi.

Pour autant, les sujet de fâcherie n’ont pas disparu. S’agissant du projet Nord Stream 2, Lloyd Austin a estimé qu’il ne doit « pas se mettre en travers de la formidable relation que nous avons avec l’Allemagne », même si Wahsington a exprimé son opposition au regard de « l’influence qu’il confère à la Russie. »

Quant aux dépenses militaires allemandes, si elles augmenteront significativement en 2022 [+5%], elle seront orientées à la baisse pour les années suivantes. Du moins si la trajectoire budgétaire tracée par le ministre allemand des Finances, Olaf Scholz, n’est pas remise en cause après les élections fédérales de septembre prochain. Toute dépendra de la couleur de la coalition gouvernementale qui sortira des urnes.

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