La Russie annonce des exercices militaires près de l’Ukraine et met en garde les États-Unis

Depuis que, au sujet de la Crimée et du Donbass, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a signé un décret affirmant que l’Ukraine se réservait le droit de « recourir à tous les moyens » nécessaires pour « protéger les droits et libertés, l’indépendance, sa souveraineté et son intégrité territoriale » conformément à l’article 51 de la Charte des Nations unies, on observe d’importants mouvements de troupes russes aux abords du territoire ukrainien. Et cela a conduit les États-Unis à placer leurs troupes présentes en Europe au niveau d’alerte « Crise imminente potentielle ».

À Moscou, on dit soupçonner Kiev de vouloir relancer les hostilités dans le Donbass, région sécessionniste passée en partie sous le contrôle de séparatistes pro-russes en 2014. De leur côté, les autorités ukrainiennes craignent une éventuelle offensive russe, qui pourrait être déclenchée à la mi-avril. On y est presque…

En attendant, dans le Donbass, le cessez-le-feu entré en vigueur en juillet 2020 entre les séparatistes pro-russes et les forces ukrainiennes n’est plus qu’un souvenir : depuis le début de l’année, 29 soldats ukrainiens ont déjà perdu la vie dans des accrochages toujours plus nombreux et apparemment plus intenses. Quant aux rebelles, ils ont admis avoir perdu au moins 20 combattants.

C’est dans ce contexte que, le 7 avril dernier, les forces urkrainiennes ont déployé un Bayraktar TB2, un drone de combat turc, au-dessus de la ligne de front, pour une mission de reconnaissance. Cet appareil ayant été surnommé le « tueur de Pantsir » [du nom du système anti-aérien russe], Moscou y a vu la justification au déploiement de ses troupes à la frontière ukrainienne.

En tout cas, cette concentration de forces russes aux abords de l’Ukraine préoccupe les responsables occidentaux. « Le renforcement militaire considérable de la Russie est injustifié, inexplicable et profondément préoccupant. La Russie doit mettre fin à ce renforcement militaire en Ukraine et autour de l’Ukraine, arrêter ses provocations et cesser toute escalade immédiatement », a affirmé Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan, alors qu’il venait de rencontrer Dmytro Kouleba, le chef de la diplomatie ukrainienne.

La veille, les ministres des Affaires étrangères du G7 n’avaient pas dit autre chose. « Ces mouvements de troupes à grande échelle, intervenant sans notification préalable, constituent une menace et un facteur de déstabilisation », ont-ils fait valoir, dans une communiqué. Et d’appeler Moscou à faire preuve de « transparence » sur le déploiement de ses forces, comme il s’y est engagée auprès de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe [OSCE].

Finalement, cette demande a été exaucée par Segueï Choïgou, le ministre russe de la Défense. « En trois semaines, deux armées et trois unités de troupes aéroportées ont été transférées avec succès aux frontières ouest de la Russie pour des exercices », a-t-il déclaré, ce 13 avril. « Réagissant aux activités militaires menaçantes de l’Otan, nous avons pris les mesures appropriées », a-t-il ajouté, lors d’une conférence de presse donnée à Severomorsk, où est basée en grande partie la Flotte russe du Nord.

Selon M. Choïgou, « un déploiement des troupes en Europe vers les frontières de la Russie est en cours. Les forces se concentrent principalement dans les régions de la mer Noire et de la mer Baltique ». Et d’avancer que « 40.000 militaires et 15.000 pièces d’armement et véhicules, dont des avions stratégiques » seront prochainement déployés près du territoire russe.

Normalement, l’Otan va organiser une série d’exercices en Europe [et pas seulement dans les régions de la Baltique et de la mer Noire] à partir de mai prochain. La participation américaine à ces manoeuvres s’appelle « Defender Europe 21« … Et elle sera moindre que celle qui était prévue l’an passé, 3 brigades blindés, une d’artillerie et une autre de logistique devant alors être déployées sur le Vieux Continent [la pandémie de covid-19 ayant contrarié les plans envisagés].

Quoi qu’il en soit, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Riabkov, a donné dans le même registre que M. Choïgou. « Le volume de l’aide [militaire] augmente. Les États-Unis et d’autres pays de l’Otan transforment consciemment l’Ukraine en poudrière », a-t-il dit. « Nous allons tout faire pour garantir notre sécurité et la sécurité de nos citoyens où qu’ils soient. Mais la responsabilité pour cette aggravation hypothétique de la situation reposera sur Kiev et ses parrains occidentaux », a-t-il ensuite assuré.

Par ailleurs, et alors que deux navires de la marine américaine doivent prochainement rejoindre la mer Noire, M. Riabkov a adressé une mise en garde à Washington.

« Nous avertissons les États-Unis qu’il vaudrait mieux pour eux de rester loin de la Crimée et de nos côtes en mer Noire. Ce sera pour leur bien », a déclaré le numéro deux de la diplomatie russe, en évoquant un « risque élevé d’incident ». Ces navires « n’ont absolument rien à faire près de nos côtes. C’est une action purement provocatrice. Ils veulent tester nos forces, jouer avec nos nerfs. Ils ne réussiront pas », a-t-il insisté.

A priori, les deux vaisseaux américains attendus en mer Noire seraient les destroyers [ou contre-torpilleurs] USS Donald Cook et USS Roosevelt. Cela étant, leur déploiement est hypothétique, l’US Navy ayant pour politique de ne pas annoncer à l’avance les mouvements de ses navires.

En février dernier, les USS Donald Cook et USS Porter avaient déja assuré une misson en mer Noire. Un tel déploiement de l’US Navy dans la région n’avait pas été vu depuis plusieurs années… Et ils furent accueillis par des exercices anti-navires russes, l’un d’eux ayant été survolé à basse altitude par un Su-24M Fencer.

Photo : Archive

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