La Chine va augmenter ses dépenses militaires de 6,8% en 2021

Jusqu’en 2015, le budget militaire de la Chine connaissait une progression à deux chiffres, ce qui lui a permis de se hisser au second rang mondial, derrière celui du Pentagone. Cela étant, comparer les dépenses militaires de deux pays n’est pas la chose la plus pertinente qui soit, étant donné que les niveaux de vie sont différents et que le périmètre des dépenses de défense ne sont pas forcément les mêmes.

Qui plus est, les chiffres officiels ne correspondent pas forcément à la réalité. C’est ainsi le cas de la Chine. En janvier, l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm [SIPRI] a publié une étude [.pdf] dans laquelle il a estimé que, en 2019, les dépenses militaires chinoises avaient été sous-évaluées de 58 milliards d’euros, ces dernières s’étant élevées à 1.660 milliards de yuans alors que Pékin avait donné le montant de 1.213 milliards.

Quoi qu’il en soit, à partir des chiffres officiels, et alors que la Chine a échappé à la récession économique l’an passé, le budget de l’Armée populaire de libération [APL] va de nouveau augmenter cette année, avec une hausse de 6,8%. Son montant devrait être ainsi porté à au moins 175 milliards d’euros.

En 2020, et malgré les incertitudes liées à la pandémie de covid-19, Pékin avait augmenté ses dépenses militaires de 6,6%, l’APL devant alors disposer d’un budget de 1.268 milliards de yuans [163 milliards d’euros]. Même s’il s’agissait de la hausse la plus faible des trente dernière années, cet effort passait pour important au regard du contexte de l’époque.

Trois raisons avaient été avancées pour le justifier : la relance de l’économie, en dopant la recherche et l’innovation dans domaine de la défense, l’affirmation des prétentions territoriales, en particulier en mer de Chine méridionale, l’envoi d’un signal à la population [« Avec un sentiment nationaliste élevé, non seulement l’augmentation des dépenses militaires ne sera pas trop critiquée, mais elle peut même conduire les citoyens à ressentir plus de fierté pour leur pays », avait expliqué le professeur Xie Yue, de l’Université Jiao Tong de Shanghai, ndlr] et la nécessité de « dissuader » les États-Unis.

Après cette annonce, faite en mai 2020, des tensions sont apparues avec l’Inde en raison d’un litige frontalier dans l’Himalaya, Pékin a mis encore plus de pression sur Taïwan, avec l’envoi régulier d’avions et de navires dans les environs de l’île, Hong Kong a été reprise en main. Et l’APL a poursuivi sa modernisation à marche forcée.

« Les menaces extérieures auxquelles est confrontée la Chine l’obligent à renforcer ses capacités de Défense », notamment face aux « ingérences américaines sur la question de Taïwan », a expliqué Zong Zhongping, un expert militaire chinois, cité par l’AFP.

Pour le quotidien Global Times, proche du Parti communiste chinois [PCC], cette augmentation du budget militaire « est normale, régulière et maîtrisée compte tenu du besoin légitime de la Chine de développer sa capacité de défense nationale, de la reprise de l’économie après que le coronavirus a été contenu et des menaces militaires auxquelles elle est confrontée. » Et de citer la vente d’armes américaines à Taïwan on encore les « provocations » que l’Inde est accusée d’avoir commises dans l’Himalaya… Tout en oubliant la tentation de s’emparer de territoires qui ne lui appartiennent pas… comme, par exemple, les îles Senkaku, administrées par le Japon.

Cependant, les priorités de l’APL sont d’améliorer le quotidien de ses militaires ainsi que leur préparation opérationnelle tout en continuant à se moderniser, l’objectif étant qu’elle ait achevé son « développement » d’ici le 1er août 2027, soit pour son centenaire.

Quoi qu’il en soit, les autorités chinoises soulignent que le budget de l’APL est équivalent à 1,3% du PIB [du moins, officiellement] alors que le niveau moyen des dépenses militaires au niveau mondial est de 2,6% du PIB. « Les États-Unis ont dépensé environ quatre fois que la Chine ces dernières année », a ainsi affirmé le Global Times.

Sauf que, par rapport aux États-Unis, on obtient bien davantage avec un euro dépensé en Chine, qui n’est pas surnommée « l’atelier du monde » pour rien… Pour rappel, et s’agissant uniquement des capacités navales, Pékin a lancé l’équivalent en volume de la flotte française en l’espace de seulement quatre ans…

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