La Corée du Nord exhibe un missile balistique mer-sol présenté comme nouveau

En septembre 2017, la Corée du Nord effectué son dernier essai nucléaire, probablement celui d’une bombe H. Puis, deux mois plus tard, elle a procédé à un nouveau tir de missile intercontinental, en l’occurrence le Hwasong-15, d’une portée théorique d’au moins 13.000 km. Alors que le ton ne cessait de monter entre Washington et Pyongyang, beaucoup d’analystes redoutaient un conflit dans la péninsule coréenne.

Finalement, le contraire se produisit. En avril, le chef du régime nord-coréen, Kim Jong-un, annonça un « moratoire » sur les essais nucléaires et amorça un rapprochement avec Séoul. Dans le même temps, un dialogue diplomatique s’instaura avec les États-Unis.

Cependant, le renseignement américain, l’Agence internationale de l’énergie atomique [AIEA] et le groupe d’experts des Nations unies sur le suivi des sanctions infligées à la Corée du Nord mirent en garde : malgré la détente diplomatique, Pyongyang poursuivait ses activités militaires et le développement de missiles balistiques en contournant les sanctions internationales.

Cela a-t-il été en partie la cause de l’échec des négociations entre les États-Unis et la Corée du Nord? Voire… En tout cas, en janvier 2020, et après avoir repris les tirs de missiles balistiques en mai 2019, Pyongyang mit un terme à son moratoire sur son programme nucléaire… et reprit ses distances avec Séoul. Et à quelques jours de l’investiture de Joe Biden en tant que 46e président des États-Unis, les reponsables nord-coréens ont renoué avec la rhétorique qui était la leur en 2017.

Déjà, lors du 75e anniversaire du Parti des travailleurs, en octobre, Pyongyang avait dévoilé plusieurs missiles nouveaux, dont un monté sur un véhicule à 11 essieux, d’une longueur évaluée à 24 et ayant possiblement la capacité d’emporter 100 tonnes de carburant et une charge militaire de 15 à 20 tonnes, dont plusieurs têtes nucléaires ou conventionnelles.
Un autre engin, appelé Pukguksong-4ㅅ , avait également retenu l’attention dans la mesure il s’agissait de la dernière évolution d’un missile pouvant être lancé depuis un sous-marin. Sur ce point, la Corée du Nord cherche depuis longtemps à se doter d’une telle capacité.

En juillet 2019, des images d’un sous-marin décrit comme « stratégique » avaient été diffusées par KCNA, l’agence officielle nord-coréenne. Et elles suggéraient qu’il s’agissait d’un Roméo d’origine soviétique profondément modifié, l’un des compartiment « batteries » ayant été remplacé par des tubes lance-missiles.

Et, la semaine passée, à l’occasion du 8e Congrès du Parti des travailleurs, Kim Jong-un a affirmé que les « nouvelles recherches de planification pour un sous-marin nucléaire ont été menées à bien et sont sur le point d’entrer dans le processus d’examen final », après avoir défendu la nécessité de développer de « nouvelles armes. » Reste à voir ce qu’il entend par « sous-marin nucléaire »… S’agit-il de sa propulsion ou de sa capacité à emporter des missiles nucléaires?

Pour marquer la fin de ce congrès, une nouvelle parade militaire a été organisée à Pyongyang, ce 15 janvier. A priori, l’imposant missile présenté trois mois plus tôt n’a pas été de la partie. En revanche, une nouvelle version d’un missile balisitique mer-sol a été dévoilée.

Appelé Pukguksong-5ㅅ, la KCNA a présenté cet engin comme étant « l’arme la plus puissante du monde […] démontrant la puissance des forces armées révolutionnaires. » À première vue, et hormis les motifs de la coiffe, il ne présente pratiquement aucune différence avec le Pukguksong-4ㅅ. Cependant, après un examen plus attentif, il paraît légèrement plus long. Quant à savoir s’il a déjà été testé, il semblerait que ce ne soit pas le cas.

À moins de bénéficier d’un concours extérieur, il est peu probable que la Corée du Nord ait les compétences pour mettre au point un sous-marin à propulsion nucléaire. D’ailleurs, le Roméo modifié dont les images ont été diffusées le prouve. Ce qui relativise sa capacité à lancer des missiles balistiques mer-sol, la discrétion acoustique d’un tel navire ne devant pas de poser de souci aux forces navales sud-coréennes, japonaises et américaines.

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