Il n’y aura pas d’appel d’offres pour les futurs patrouilleurs océaniques de la Marine nationale

En décembre 2019, le constructeur naval Socarenam remportait un appel d’offres lancé une dizaine de mois plus tôt par la Direction générale de l’armement afin de continuer le renouvellement des patrouilleurs outre-Mer de la Marine nationale.

Quant aux futurs patrouilleurs océaniques, destinés à remplacer les avisos [désormais appelés « patrouilleurs de haute-mer »] de la classe d’Estiennes d’Orves, on pouvait s’attendre à une procédure similaire. Or, il n’en sera rien, étant donné que plusieurs chantiers navals prendront part à ce programme. C’est en effet ce qu’a laissé entendre Joël Barre, le Délégué général pour l’armement [DGA], dans un entretien donné à l’occasion du salon Euronaval Online.

« Nous avons engagé le programme de renouvellement des patrouilleurs. La première tôle du patrouilleur outre-Mer a été tout récemment découpée chez Socarenam à Saint-Malo […] et nous avons engagé le programme de préparation du renouvellement des patrouilleurs océaniques, avec les autres chantiers que sont Piriou et CMN », a en effet déclaré M. Barre, confirmant ainsi une information donnée par le site spécialisée Mer&Marine.

Selon ce dernier, le programme des patrouilleurs océaniques va impliquer quatre industriels, dont Naval Group, qui conduira les études de conception de ces futurs navaires, Socarenam, CMN et Piriou.

« Ce marché atypique comprendra différents contrats, celui portant sur la construction du prototype étant attendu vers la fin 2022 […]. La répartition des bateaux entre chantiers n’est pas encore actée, ce qui est logique puisqu’elle dépendra de la charge de travail prévisionnelle dans les différents acteurs du groupement au moment de la commande », explique Mer&Marine.

Cette démarche, inhabituelle [seul Naval Group, ex-DCN et DCNS, avait assuré la construction des PHM de la classe d’Estienne d’Orves, ndlr], a deux objectifs.

En premier lieu, et au regard des conséquences économiques de l’épidémie de covid-19, il s’agit donner de la charge aux différents acteurs de la construction navale.

Ensuite, il n’est pas question pour la DGA de lancer un dialogue compétitif, qui serait ouvert au marché européen. En effet, les futurs patrouilleurs océaniques devant être équipés de sonars, ils contribueront, du moins pour ceux basés à Brest, à « blanchir » les abords de l’Île-Longue, d’où opèrent les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE]. Par conséquent, en faisant valoir des intérêts stratégiques, Paris peut s’affranchir des procédures européennes et choisir directement les industriels appelés à prendre part à ce programme.

Pour rappel, la décision de lancer le renouvellement des patrouilleurs hauturiers de la Marine a été prise lors d’un Comité ministériel d’investissement organisé en juin dernier. Dix navires devront être construits avec de remplacer les PHM ainsi que les trois patrouilleurs de service public [PSP] du type Flamant [ou classe OPV 54] actuellement basés à Brest, Cherbourg et Toulon.

Lors d’une récente audition à l’Assemblée nationale, la ministre des Armées, Florence Parly, a précisé que ces nouveaux patrouilleurs océaniques seraient des navires de la gamme des 2.000 tonnes, pouvant mettre en oeuvre un hélicoptère et un Système de drone aérien de la Marine [SDAM]. Ils seront enfin chacun armés d’un armement de 40 mm, c’est dire du système RapidFire 40 CTA, proposé par Thales et Nexter.

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