Le ministère japonais de la Défense veut un budget de 51,6 milliards de dollars

Confronté aux revendications chinoises relatives à l’archipel Senkaku ainsi qu’à la menace de la Corée du Nord, qui, selon les derniers rapports des Nations unies, continue ses activités nucléaires ainsi que son programme de missiles balistiques, le Japon a, sous la férule du Premier ministre Shinzo Abe, revu sa Constitution d’essence pacifiste et, surtout, régulièrement augmenté ses dépenses militaires, lesquelles ont légèrement dépassé les 48 milliards de dollars pour l’exercice fiscal 2020 [en hausse de +1,2%].

Cela étant, avec une économie entrée en récession au 1er trimestre 2020 sous l’effet de la pandémie de covid-19 [et cela après une période de 30 années de croissance économique ininterrompue], une dette publique ayant atteint un niveau record [240% du PIB] et une tendance déflationniste, les investissements japonais en matière de défense auraient pu connaître un coup d’arrêt. D’autant plus que Shinzo Abe a été contraint de démissionner pour des raisons personnelles.

Finalement, il n’en sera rien. D’abord, le nouveau Premier ministre nippon, Yoshihide Suga a assuré qu’il continuerait la politique de son prédécesseur. Ensuite, le ministère de la Défense, par ailleurs dirigé par Nobuo Kishi, frère cadet de Shinzo Abe, a réclamé, le 21 septembre, une nouvelle hausse de son budget, lequel atteindrait, si elle est votée par le Parlement, le montant « record » de 44 milliards d’euros [51,6 milliards de dollars].

En réalité, ces dépenses militaires sont modestes par rapport aux autres pays de la région étant donné qu’elles représentent moins de 1% du PIB japonais. En outre, leur progression est limitée par rapport à ce que l’on peut constater en Chine [où le budget de l’Armée populaire de libération a été annoncé en hausse de 6% en mai dernier] ou encore en Corée du Sud [6,1% par an entre 2021 et 2025] et à Taïwan [+10,2%].

C’est d’ailleurs ce qu’a souligné Stephen Nagy, professeur associé à l’Université chrétienne internationale de Tokyo qui, dans les colonnes du quotidien Japan Times, a parlé d’une « hausse insignifiante » par rapport aux autres puissances régionales.

« La demande du ministère [japonais] de la Défense d’une nouvelle augmentation modeste de son budget reflète l’évolution de la compréhension des défis de sécurité auxquels le Japon est confronté et des outils qu’il souhaite acquérir pour faire face à ces défis », a commenté M. Nagy.

Outre le financement de plusieurs programmes en cours [acquisition d’avions F-35A et B, transformation des deux « destroyers porte-hélicoptères » de la classe Izumo en porte-avions, développement d’une arme hypersonique, modernisation des forces terrestres, etc], le ministère japonais de la Défense s’est donné comme priorité de mettre sur pied une unité spécialisée dans la guerre électronique et de renforcer ses capacités dans les « nouvelles sphères », comme le cyberespace et l’espace extra-atmosphérique.

Ces nouveaux domaines sont considérés comme « critiques » à Tokyo. Et y investir doit permettre aux forces d’autodéfense d’^etre en mesure de répondre à la modernisation des capacités militaires chinoises. En outre, des fonds doivent être alloués au développement du F-X, un nouvel avion de combat appelé à succéder aux F-2 [copie locale du F-16] d’ici 2035. Le constructeur Mitsubishi Heavy Industries Ltd. serait d’ailleurs sur le point de se voir prochainement notifier un contrat à cette fin.

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