Les États-Unis vont accorder des facilités de paiement pour maintenir le niveau de leurs exportations d’armes

La pandémie de covid-19 ayant mis les indicateurs économiques dans le rouge, les dépenses militaires pourraient en souffrir. Le conditionnel est de mise étant donné que la situation actuelle, n’ayant pas une cause financière comme en 2008, est susceptible de rebondir dans les mois qui viennent et que le contexte actuel n’incite pas forcément à baisser la garde.

Cela étant, nombreux sont les industriels de l’armement à se trouver en difficulté. Ainsi, par exemple, avec un secteur du transport aérien civil qui aura du mal à se relever du coup de tabac qu’il vient de vivre, les constructeurs aéronautiques ayant des activités militaires seront logiquement plus actifs encore sur le marché de la défense.

« Notre partenaire américain est un concurrent qui reste agressif, voire le devient davantage. La situation, que j’ose qualifier de catastrophique, de Boeing incite l’entreprise à se montrer plus offensive encore à l’exportation », a ainsi relevé Florence Parly, la ministre française des Armées.

Aussi, faut-il s’attendre à ce que la concurrence sur le marché de l’armement soit exacerbée, avec des « risques informationnels » encore plus élevés, comme a mis en garde une récente étude [.pdf] de l’École de guerre économique [EGE].

Avec 36% de parts de marché au niveau mondial dans le domaine de l’armement, les États-Unis vont faire feu de tout bois pour garder leur avance sur leurs concurrents. En commençant par s’appuyer sur leur norme ITAR [International Traffic in Armes Regulations], qui leur permet de contrôler les exporations de matériels militaires ayant des composants d’origine américaine, ainsi que sur leur dispositif des Foreign Military Sales [FMS], dans le cadre duquel les formalités sont plus souples, avec en prime des avances en trésorerie pouvant être accordées via le Foreign Military Financing [FMF], pour les pays autorisés à en bénéficier.

Les FMs relèvent de la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], désormais dirigée par Heidi Grand, qui, le 3 août, a pris prendre la succession du général Charles Hooper. Dans un entretien donné à Defense News peu avant de quitter ses fonctions, ce dernier a indiqué que l’administration américaine allait proposer de « nouvelles options » afin que les acquisitions de matériels militaires prévus avant la pandémie de covid-19 ne soient pas abandonnées en raison d’éventuelles contraintes budgétaires.

Ainsi, parmi ces options, il est question d’autoriser les pays clients à financer leurs acquisitions par des prêts bancaires américains et revoir les échéanciers de paiement afin de les lisser au fil du temps.

« L’essentiel est que nous sommes disposés à travailler avec nos alliés et partenaires lorsqu’ils ont des problèmes afin de trouver des solutions pour qu’ils puissent continuer à acheter du matériel américain en leur permettant de le payer selon un échéancier qui reflète leurs propres conditions économiques », a expliqué le général Hooper.

« Il y a des partenaires qui, nous le constatons déjà, sont confrontés à des problèmes. Nous sommes donc prêts à travailler avec eux. Dès que nous pouvons avoir une appréciation et une compréhension de leurs difficultés, nous sommes en mesure de trouver des moyens pour les aider », a ajouté le désormais ancien directeur de la DSCA.

« L’une des choses que nous avons faites est de permettre à nos partenaires de puiser dans des lettres de crédit de soutien de banques étrangères opérant aux États-Unis […]. Cela donne à un pays la possibilité de tirer une lettre de crédit stand-by sur l’une de ses banques opérant aux États-Unis, selon les règles bancaires américaines, ce qui garantit qu’il n’y a pas de risque fiduciaire pour les États-Unis », a expliqué le général Hooper.

L’agence avait anticipé la crise en mettant, dès le mois de mars, un groupe de travail « inter-institutions » qui, appelé Groupe de planification des opérations, s’est penché sur les impacts potentiels de la pandémie sur les programmes d’armement. Il est apparu que certains pays dont l’économie repose en grande partie sur l’exploitation des hydrocarbures allaient au devant de difficultés.

En outre, a continué le général Hooper, « nous voyons des pays qui, en raison de la pandémie, doivent transférer des fonds de leurs budgets de défense vers d’autres missions, comme la reprise économique », à l’image de la Corée du Sud, de l’Indonésie ou encore de la Thaïlande. D’autres, comme l’Inde, par exemple, insistent désormais sur la nécessité de produire leurs équipements militaires par eux-mêmes.

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