La Russie ne permettra pas d’affrontements entre les forces syriennes et turques

Ce 15 octobre, le Premier ministre, Édouard Philippe, a critiqué à nouveau, le retrait des forces américaines du nord de la Syrie, ce qui a donné le feu vert à la Turquie pour mener l’offensive contre les milices kurdes syriennes [YPG] qu’elle promettait depuis longtemps, même avant la fin du « califat » proclamé par l’État islamique [EI ou Daesh].

Cette offensive turque est « à la fois permise et renforcée dans ses effets par le retrait unilatéral décidé par les Américains », a ainsi estimé M. Philippe, lors de la séance des questions au gouvernement, à l’Assemblée nationale. Cette intervention est « dévastatrice pour notre sécurité collective, avec la résurgence inévitable de Daesh dans le Nord-Est syrien et probablement d’ailleurs dans le Nord-Ouest irakien, donc la déstabilisation d’un régime qui n’a pas besoin de ça. »

Seulement, le chef du gouvernement français ne peut que dresser un constat… Car les marges de manoeuvre pour remédier à cette situation sont très faibles, voire inexistantes.

Et sur le terrain, les forces spéciales françaises seront probablement obligées de suivre leurs homologues américaines dans leur retrait…

Comme cela a dû se passer à Manbij, ville administrée par un conseil arabo-kurde depuis que l’EI en a été chassé et où des commandos français et américains partageaient jusqu’à présent une base, à en croire des photographies diffusées via les réseaux sociaux.

En effet, la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis a confirmé son retrait de cette ville, désormais passée sous le contrôle des forces gouvernementales syriennes [une première depuis 2012…] et de la police militaire russe.

« Les forces gouvernementales syriennes ont pris le contrôle total de la ville de Manbij et des localités avoisinantes », avait indiqué, plus tôt, le ministère russe de la Défense. Et ce dernier de préciser effectivement que la police militaire russe « mène des patrouilles aux frontières nord-ouest de la région, le long de la ligne de contact » entre les troupes syriennes et turques.

Or, le 14 octobre, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a de nouveau affirmé que Manbij était l’un des objectifs de l’opération « Source de paix », dont il avait ordonné le lancement cinq jours plus tôt.

« Nous sommes sur le point d’appliquer notre plan concernant Manbij » et de rendre la ville « aux populations arabes », c’est à dire à « ses propriétaires légitimes », a expliqué M. Erdogan. Ce 15 octobre, il a de nouveau affirmé que l’opération continuerait « jusqu’à ce que nos objectifs soient atteints. » Et d’insister : « Nous allons rapidement sécuriser la région allant de Manbij jusqu’à notre frontière avec l’Irak. »

Seulement, maintenant que les États-Unis ont quitté la partie [sauf à At-Tanf, dans le sud de la Syrie, ndrl] la Russie a désormais toutes les cartes en main, étant donné que les forces syriennes ne peuvent rien faire sans son appui militaire et que la Turquie penche de plus en plus vers elle. Aussi, Damas et Ankara feront ce que Moscou décidera… Et il serait donc étonnant que les troupes turques aillent s’aventurer vers Manbij… À moins de laisser faire ses supplétifs.

« Je pense non seulement que des affrontements [turco-syriens] ne sont dans l’intérêt de personne mais en plus qu’ils seraient inacceptables. Et c’est pourquoi, bien entendu, nous ne laisserons pas [les choses] en arriver là », a d’ailleurs expliqué Alexandre Lavrentiev, l’envoyé spécial russe pour la Syrie.

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