Pour ses blindés dédiés au maintien de l’ordre, la Gendarmerie mobile fera du neuf avec du vieux

Chaque année, la Gendarmerie nationale a besoin d’acquérir entre 2.000 et 3.000 nouveaux véhicules afin de renouveler une partie de sa flotte, laquelle est, comme on peut se l’imaginer, très sollicitée. Seulement, avec les restrictions budgétaires passées et les gels de crédits budgétaires qui tardent toujours à être débloqués, l’âge moyen de ce parc automobile est passé de 4 ans et 10 mois en 2010 à 7 ans et demi actuellement…

Aussi, la Gendarmerie a recours à quelques expédients… En laissant ses unités de recherche utiliser les 1.300 véhicules saisis par ses services… Ou bien encore acceptant d’expérimenter des véhicules électriques, hybrides ou à hydrogène que lui confient certains constructeurs à cette fin.

« Je suis toujours prêt à expérimenter dès lors que l’on me donne le matériel gratuitement et que cela peut contribuer à l’effort de modernisation », a confié, à ce sujet, le général Richard Lizurey, le directeur général de la Gendarmerie nationale [DGGN], lors de son ultime audition au Sénat.

Ces difficultés relatives à son parc automobile concernent évidemment les blindés du Groupement blindé de gendarmerie mobile [GBGM] de Satory, lesquels ont montré, a souligné le DGGN, « l’intérêt qu’ils pouvaient représenter » lors du mouvement des « gilets jaunes ». Mouvement qui, par ailleurs, a mis la gendarmerie « sous tension », a-t-il observé.

Or, ces « Véhicules blindés à roues de la Gendarmerie » [VBRG] sont en service depuis plus de 40 ans. Aussi, la question de leur remplacement se pose depuis maintenant plusieurs années… Et la contrainte budgétaire fait qu’aucune solution n’a pu être trouvée jusqu’alors.

S’il tend à s’améliorer, le contexte budgétaire ne permet toujours pas à la gendarmerie de se procurer de nouveaux véhicules rutilants. C’est en effet ce qu’a encore souligné le général Lizurey devant les sénateurs. Aussi, la solution consistera à faire du neuf avec du vieux… Comme l’avait d’ailleurs laissé entendre le général Michel Labbé, chef de l’Inspection générale de la Gendarmerie nationale [IGGN], au printemps dernier.

« Nous avons beaucoup travaillé, depuis maintenant quelques mois, sur le rétrofit des blindés existants », c’est à dire des VBRG et des Véhicules de l’avant blindé [VAB] dont va se séparer l’armée de Terre, a indiqué le général Lizurey. Pour rappel, la Gendarmerie en avait récupéré une quinzaine d’exemplaires lors de son engagement en Afghanistan, en 2009.

Le souci est que la gendarmerie mobile a des besoins particuliers : il lui faut en effet un véhicule à la fois blindé, pour assurer une protection des gendarmes à transporter, et muni d’une lame fixée à l’avant afin de pouvoir dégager les obstacles. Et, pour cela, il faut que le moteur soit à l’arrière. Et, pour le moment, aucun modèle neuf sur le marché ne correspond à ces spécifications.

« L’idée est bien d’arriver vers ce modèle de rétrofit », a insité le général Lizurey. Cela « permettra de diviser par 4 ou 5, au moins, le coût d’acquisition d’une capacité renouvelée », a-t-il assuré.

A priori, les essais effectués avec les premiers prototypes [2 VBRG remotorisés et 1 VAB « gendarmisé »] sont concluants. « Les résultats, à ce stade, sont extrêmement intéressants et on s’achemine plutôt vers cette solution que vers l’achat de blindés neufs, qui pourraient être très chers et qui, aujourd’hui, n’existent pas sur étagère en tant que tels », a précisé le DGGN.

Finalement, la Gendarmerie va donc se résoudre à adopter une solution qui fut proposée par Renault Véhicules Industriels [RVI, devenu ARQUUS après avoir été Renault Trucks Defense, ndlr] à la fin des années 1970. Il s’agissait de construire un véhicule de maintien de l’ordre [VMO], qui était en réalité un VAB équipé d’une lame de déblaiement, d’un kit anti-cocktail Molotov, de sabords de tir et d’un tourelleau d’observation [cf photo ci-contre].

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