L’Irak impose des restrictions aux opérations aériennes de la coalition anti-jihadiste

Il y a cinq ans, le Conseil de sécurité des Nations unies adoptait la résolution 2170 qui, placée sous chapitre [qui autorise l’usage de la force], demandait aux États membres de prendre les « mesures nécessaires » contre al-Qaïda et l’État islamique [EI ou Daesh] en Irak et en Syrie. Puis, à la demande de Bagdad, une coalition internationale dirigée par les États-Unis, fut mis en place [opération Inherent Resolve]. D’où le lancement de l’opération française Chammal.

Depuis, le « califat » autoproclamé par Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l’EI, sur un territoire à cheval entre l’Irak et la Syrie n’existe plus. Mais l’organisation jihadiste avait anticipé ce revers en renouant avec la clandestinité, le terrorisme et les actions de guérilla.

Un récent rapport de l’ONU, confirmé par l’Inspection générale du Pentagone, a ainsi prévenu que l’EI cherche désormais à renforcer « les conditions propices à sa résurgence », en exploitant les tensions ethniques et religieuses [oppositions entre arabes et kurdes, entre sunnites et chiites], les difficultés des autorités à rétablir les services de bases aux populations ainsi que les lacunes des troupes gouvernementales irakiennes et des Forces démocratiques syriennes [FDS].

Dans ces conditions, l’une des tâches de la coalition internationale est de détruire les cellules dormantes de Daesh. Ainsi, le 27 juillet, deux Rafale de l’armée de l’Air, déployés en Jordanie, ont frappé une cache d’armes et de matériels à la fabrication d’engins explosifs improvisés utilisés par le groupe jihadiste en Irak.

Pour faciliter les opérations de la coalition, le gouvernement irakien avait accordé des « autorisations spéciales » pour les vol dans son espace aérien. Mais ces dernières ne sont désormais plus valables après une décision annoncée le 15 août par le bureau d’Adel Abdel Mahdi, le Premier ministre irakien.

« Les autorisations viendront désormais exclusivement du chef des forces armées », a indiqué le bureau du chef du gouvermenent irakien. Et de préciser que cette décision s’appliquera « aux missions de reconnaissance, aux avions de chasse, aux hélicoptères et aux drones » et qu’elle concernera « toutes les entités irakiennes et non-irakiennes [donc, à la coalition anti-jihadiste, ndlr] ».

Concrètement, tout aéronef volant sans autorisation sera « considéré comme un appareil hostile et sera immédiatement traité par la défense aérienne ». Et il n’y aura plus aucun raid de la coalition dans l’accord préalable du commandement molitaire irakien.

Cette décision survient après plusieurs incidents récents. Ainsi, mi-juillet, à Amirli [province de Salah-ad-Din], une base, abritant des paramilitaires irakiens du Hachd al-Chaabi [Unités de mobilisation populaire] soutenus par l’Iran, a été le théâtre d’une mystérieuse explosion attribuée à une attaque de drone[s]. Et la seule certitude est qu’un combattant d’al-Qods, l’unité iranienne des Gardiens de la révolution chargée des opération extérieure, a été tué.

Plus tard, le quotidien Asharq Al-Awsat, citant des diplomates occidentaux anonymes, a affirmé que des F-35I « Adir » israéliens auraient frappé à au moins deux reprises des entrepôts iraniens stockant des armes et des missiles, au nord-est de Bagdad. Ce qui aurait impliqué la participation d’un avion ravitailleur [la distance depuis la base de Nevatim étant supérieur à 1.000 km, ndlr].

Cela étant, le 12 août, Israël a une nouvelle fois été accusé d’être à l’origine de l’explosion d’un autre dépôt d’armes appartenant au Hachd al-Chaabi et situé dans le camp militaire de Saqr, au sud de Badgad.

Quoi qu’il en soit, l’état-major d’Inherent Resolve a indiqué, le 16 août, qu’une rencontre avec les responsables irakiens avait été organisée en vue de l’application de la directive d’Adel Abdel Mahdi. Et de rappeler que la coalition intervient « en Irak à la demande, et sous la protection, du gouvernement irakien. »

La coalition anti-jihadiste mène des opérations aériennes à un rythme encore relativement soutenu. Ainsi, les Rafale français basés en Jordanie ont effectué 450 sorties aériennes au cours du premier semestre 2019, ce qui a nécessité 1.000 ravitaillements en vol.

Dans le même temps, les forces irakiennes ont encore quelques lacunes dans le domaine aérien, en particulier pour ce qui concerne les capacités ISR [Intelligence, surveillance, reconnaissance], avec un seul des dix drones MALE CH-4 [livrés par la Chine] disponible.

Photo : armée de l’Air / EMA

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