Le Pakistan se dit prêt à donner une « réponse ferme » à l’Inde au sujet du Cachemire

En 1947, le Royaume-Uni vota l’Indian Independance Bill, c’est à dire l’indépendance des Indes britanniques. Ces dernières furent séparées en deux États distincts, c’est à dire que les régions du nord, à majorité musulmane, formèrent le Pakistan tandis que celles du sud, dominées par les hindous, constituèrent l’Inde. Ce partage aurait été simple s’il n’y avait pas eu la question du Cachemire.

Au moment de l’indépenance, les États princiers qui, placés sous protectorat britannique, avaient gardé une certaine autonomie, eurent le choix de rallier l’un ou l’autre des deux nouveaux pays. Et le Cachemire, essentiellement peuplé de musulmans gouvernés par un prince hindou [le maharadjah Hari Singh, ndlr] était l’un d’entre-eux.

Dans un premier temps, le maharadjah Singh refusa de voir le Cachemire être rattaché à l’un ou l’autre État. Seulement, les incursions répétées de tribus pachtounes venues du Pakistan le forcèrent à choisir l’Inde… qui y envoya son armée. En retour, Islamabad en fit de même, ce qui provoqua une première guerre entre les deux pays.

En 1949, à la faveur d’une intervention des Nations unies, un cessez-le-feu fut négocié, avec l’instauration d’une ligne de contrôle [LoC] séparant le Cachemire en deux. La partie indienne [les deux tiers du territoire] devint l’État de Jammu-et-Cachemire, doté d’une large autonomie, tandis que celle attribuée au Pakistan fut diviser en deux entités, à savoir l’Azad Jammu-et-Cachemire [avec Muzaffarabad comme capitale] et les « Territoires du Nord ». Et il était prévu que l’Inde organisât un référendum d’autodétermination… Mais cette consultation n’eut jamais lieu.

Depuis, les deux pays, qui sont aussi des puissances nucléaires, se sont affrontés en 1965 [pour le Cachemire], en 1971 [pour le Bangladesh] et en 1999 [conflit de Kargil, encore appelé la « guerre des glaciers ». Et à chaque fois, l’Inde en ressortit victorieuse.

Aussi, le Pakistan, qui considère qu’il a vocation à y exercer sa souveraineté parce que la population de ce territoire est musulmane, a changé d’approche en instrumentalisant des groupes terroristes [et jihadistes], lesquels multiplient les incursions et les attentats au Jammu-et-Cachemire. En février, l’un d’eux, revendiqué par le Jaish-e-Mohammad [JeM], fit une quarantaine de tués parmi des paramilitaires indiens. Ce qui donna lieu à une nouvelle montée de la tension entre New Delhi et Islamabad. Puis, le soufflet retomba, après un « échange » de raids aériens des deux côtés de la LoC.

Ayant été reconduit à la tête du gouvernement indien à l’issue des dernières élections législatives, Narendra Modi, a décidé, la semaine passée, de révoquer l’article 370 de la Constitution, c’est à dire l’autonomie du Jammu-et-Cachemire. Et cela, conformément aux engagements pris lors de la campagne électorale. En outre, il est question de scinder ce territoire en deux entités ayant le statut de « territoires de l’Union ». De quoi mettre de nouveau le feu aux poudres. Aussi, pour éviter les débordements, un couvre-feu a été instauré, des renforts militaires ont été déployés et les moyens de communications [internet, téléphone] ont été coupés…

Évidemment, le Pakistan n’est pas resté sans réagir. Islamabad « n’envisage pas l’option militaire » et « nous examinons plutôt des options politiques, diplomatiques et juridiques », a toutefois assuré Shah Mehmood Qureshi, le ministre pakistanais des Affaires étrangères.

Au moment où il est revenu dans les bonnes grâces du président américain, Donald Trump, et qu’il sera sans doute appelé à un jouer un rôle déterminant dans les négociations entre le mouvement taleb afghan et les États-Unis, la Pakistan n’a sans doute pas l’envie de se lancer dans une nouvelle guerre avec l’Inde… sur laquelle Washington compte dans son face-à-face avec Pékin.

Aussi, les autorités pakistanaises ont fait part de leur intention de porter l’affaire devant le Conseil de sécurité des Nations unies et la Cour pénale internationale.

Cela étant, Islamabad a donné l’impression d’avoir changé de ton, ce 14 août, jour de l’indépendance du Pakistan.

« L’armée pakistanaise dispose d’informations solides selon lesquelles ils ont l’intention de faire quelque chose au Cachemire pakistanais », a ainsi accusé Imran Khan, le Premier ministre du Pakistan.

« Ils sont prêts et nous allons leur donner une réponse ferme », a ajouté M. Khan, depuis Muzaffarabad, la « capitale » de la partie pakistanaise du Cachemire. « Nous avons décidé que si l’Inde commet une violation, nous nous battrons jusqu’au bout. […] Le moment est venu de vous donner une leçon », a-t-il encore insisté.

Le général Qamar Javed Bajwa, le chef d’état-major de l’armée pakistanaise, y est allé aussi de son couplet en assurant que ses troupes étaient « entièrement prêtes à jouer leur rôle. »

Ce changement de ton à l’égard de l’Inde s’explique probablement par les propos tenus il y a deux jours par Imran Khan, via Twitter.

« Le couvre-feu, la répression et le génocide imminent des Cachemiris au Cachemire occupé par l’Inde se produisent exactement selon l’idéologie du RSS qui s’inspirait de l’idéologie nazie », avait affirmé le Premier ministre pakistanais. Et d’ajouter : « Il y a une tentative de changer la démographie du Cachemire par le nettoyage ethnique, a accusé le premier ministre pakistanais. La question qui se pose est : le monde regardera-t-il et se montrera-t-il conciliant comme il l’a été avec Hitler? »

Le RSS [ou Rashtriya Swayamsevak Sangh – Corps des volontaires nationaux], évoqué par Imran Khan, est un mouvement hindou ultranationaliste qui inspirerait idéologiquement le Bharatiya Janata Party [BJP], le parti actuellement au pouvoir en Inde.

« Je crains que cette idéologie de la suprématie hindoue (…) ne s’arrêtera pas au Cachemire occupé par l’Inde », avait encore afirmé le Premier ministre pakistanais.

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