La Russie lance le sous-marin « Belgorod », capable de mettre en oeuvre des drones à capacité nucléaire

Lors d’un discours prononcé devant le Parlement russe, le président Poutine leva le voile sur plusieurs nouvelles armes « invincibles », dont des missiles hypersoniques et un drone sous-marin à capacité nucléaire. Ce dernier fit l’objet d’une « fuite », visiblement organisée, en novembre 2015, quand la chaîne de télévision NTV diffusa un reportage sur une réunion entre le chef du Kremlin et des généraux à Sotchi. Et l’une des séquences montra subrepticement les plans d’un système ayant la forme d’une torpille et appelé « Status-6 Oceanic Multipurpose System ».

Avant même la confirmation par M. Poutine de l’existence de ce ce drone nucléaire, appelé « Poséidon », les États-Unis prirent très au sérieux ce projet russe au point de l’évoquer dans leur dernier document détaillant leur posture nucléaire [NPR], publié en février 2018. En effet, un tel engin, par ailleurs difficilement détectable et doté d’une ogive thermonucléaire de 2 mégatonnes, donnerait à la Russie un moyen de passer outre les défenses anti-missiles.

Mais encore fallait-il à la marine russe un sous-marin susceptible de mettre en oeuvre ce drone « Poséidon ». Son choix se porta sur un submersible de la classe Oscar II, en l’occurrence le K-139 Belgorad.

Un choix à la fois logique et relativement peu coûteux dans la mesure où la construction de ce sous-marin nucléaire lanceur de missiles de croisière, commencée en 1992, n’était accomplie qu’à 76% en 2006, année où il fut décidé d’arrêter les frais. Mais, six ans plus tard, l’état-major russe décida de relancer le chantier de ce navire pour l’affecter à des « missions spéciales », dans le cadre du projet 09852. Et comme il n’était pas achevé, les modifications à apporter pour lui permettre de tenir son nouveau rôle s’en trouvèrent plus aisées.

Cependant, et encore récemment, il n’était pas question d’associer le Belgorod à des drones sous-marins à capacité nucléaire. Du moins officiellement. En avril 2017, le journal Izvestia, citant un expert militaire, avait expliqué que ce sous-marin « polyvalent » mettrait en oeuvre des « bathyscaphes et des systèmes télécommandés. » Et d’ajouter qu’il pourrait être à des fins militaires et pacifiques, comme pour poser des câbles sous-marins ou participer à l’exploration géologique du plateau arctique. Puis, sa mise en service fut annoncée pour 2018… Ce qui était fantaisiste.

En effet, selon les agences de presse russe, le K-329 Belgorod a officiellement été mis à flot le 23 avril, au cours d’une cérémonie organisée au chantier naval Sevmach, à Severodvinsk. Le directeur de ce dernier, Mikhaïl Budnichenko, a assuré, à cette occasion, que le constructeur naval et les entreprises associées à ce projet tiendront les délais relatifs à la mise en service de ce sous-marin. Et cela, « avec une qualité irréprochable ».

Le lancement de ce sous-marin avait été annoncé en février dernier par le président Poutine.

« Avant nous n’en parlions pas, mais aujourd’hui nous pouvons le dire. Ce printemps sera mis à l’eau le premier sous-marin nucléaire, porteur de ce système autonome. Le calendrier est respecté », avait-il en effet annoncé en évoquant les drones sous-marins à capacité nucléaire Poséidon.

D’après l’agence TASS, les caractéristiques opérationnelles exactes de ce « sous-marin à usage spécial ont été classifiées et sont inconnues à ce jour ». Cela étant, ce nouveau sous-marin serait plus long d’une trentaine de mètres que les autres navires de la classe Oscar II [188 mètres contre 158, ndlr]. De quoi lui permettre, comme l’a confié une source industrielle, d’emporter jusqu’à 6 drones « stratégiques » Poséidon.

Après des essais en mer, le K-329 Belgorod, dont l’équipage a déjà été formé, devrait entrer en service vers la fin de l’année 2020.

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