Le Japon confirme son intention d’acquérir 105 F-35 supplémentaires et de se doter de capacités aéronavales

Ce 18 décembre, le gouverment japonais a annoncé des mesures qui étaient dans l’air depuis quelques temps déjà. Ainsi, il a confirmé son intention de transformer les deux « destroyers porte-hélicoptères » de la classe Izumo de façon à ce qu’ils puissent accueillir des avions de combat, en l’occurence des F-35B, c’est à dire la version STOVL [décollage court/atterrissage vertical] de l’appareil développé par le constructeur américain Lockheed-Martin.

Ce sera la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale que la Japon sera doté de navires ayant une telle capacité. Il s’agit pour Tokyo d’être en mesure de répondre aux menaces régionales et de faire face à l’amélioration constante des capacités militaires de la Chine, voire de la Russie. Soit deux pays avec lesquels l’archipel à des différends territoriaux. S’ajoute également la menace incarnée par la Corée du Nord, au sujet de laquelle l’évaluation japonaise n’a pas changé, en dépit de la « détente » diplomatique de ces derniers mois.

Ainsi, la modification des deux navires de la classe Izumo permettrait aux forces d’autodéfense japonaise de mener une opération amphibie d’ampleur dans le cas où il leur faudrait reprendre par la force les archipels Senkaku, convoités par la Chine. Dans le même temps, le gouvernement japonais entend supprimer l’article 9 de la Constitution [pacifiste] dont s’est doté le pays, lequel lui interdit tout « droit de belligérance ».

Déjà, en 2016, le Japon s’était autorisé à intervenir militairement au-delà de ses frontière au titre du principe « d’autodéfense collective », ce qui lui permet de participer aux opérations de défense des pays avec lesquels il a conclu des accords militaires.

Quand le « destroyer porte-hélicoptères » JDS Izumo avait été mis en service, la Chine avait vigoureusement protesté, en faisant valoir qu’un tel navire serait susceptible d’accueillir d’autres aéronefs que des hélicoptères. Ce qui, du point de vue de Pékin, allait changer « l’équilibre militaire » dans la région.

D’où les précisions apportées par Takeshi Iwaya, le ministre japonais de la Défense. Dans les faits, ce dernier préfère parler d’un navire à « usage multiple », qui sera utilisé « occasionnellement » comme un porte-avions. « Nous pensons y affecter des avions de combat, uniquement lorsque cela est nécessaire », a-t-il expliqué.

Les modifications des deux « destroyers porte-hélicoptères », qui sont les bâtiment les plus imposants de la marine japonaises [19.500 tonnes de déplacement, contre 42.000 pour le porte-avions Charles de Gaulle, ndlr], ne seront sans doute pas aussi simples, dans la mesure où elles supposeront des soutes de munitions plus vastes et des capacités plus importantes de stockage de carburant. En outre, il faudra appliquer un revêtement spécial capable de résister à la chaleur dégagée par les réacteurs des F-35B.

Justement, l’autre mesure confirmée par Tokyo porte sur l’acquisition de nouveaux avions de combat. S’agissant des capacités aéronavales, le gouvernement japonais envisage l’acquisition de 42 F-35B, dont 18 seront commandés sur la période 2019-2023.

Mais les plans nippons ne s’arrêtent pas là : dans les 10 ans à venir, le Japon compte se procurer 105 F-35A, la version « classique » de l’appareil de Lockheed-Martin. Pour le moment, 42 exemplaires ont été commandés. Les premiers ont été livrés au forces aériennes d’autodéfense japonaises sur la base aérienne de Misawa.

Au total, ce programme de défense « à moyen terme », que vient d’approuver le gouvernement japonais dirigé par Shinzo Abe et qui entrera en application à partir de 2019, devrait coûter 240 milliards de dollars. Outre l’achat de F-35A/B  et la modification des JDS Izumo et Kaga, il prévoit également des investissements dans le domaine spatial, la guerre électronique et les missiles de croisière.

Pour justifier ces dépenses, Tokyo affirme que ses rivaux [à commencer par la Chine] sont en train de mettre au point des innovations « révolutionnaires » et que le renforcement des capacités militaires chinoise « manque de transparence ».

« La Chine tente de modifier unilatéralement le statu quo, sur la base de ses propres revendications qui sont incompatibles avec l’ordre international existant », fait valoir le gouvernement japonais. « C’est un sujet de grave préoccupation pour la sécurité régionale et internationale, y compris pour notre pays. Nous devons surveiller la Chine avec une grande attention », ajoute-t-il.

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