Faute du soutien américain, l’Ukraine risque de perdre la guerre, prévient le directeur de la CIA

Le Congrès des États-Unis va-t-il débloquer les 61 milliards de dollars censés financer l’aide militaire promise par Washington à Kiev ? On le saura très vite, la Chambre des représentants devant se prononcer sur ce sujet le 20 avril.

En attendant, faute d’appui américain, les forces armées ukrainiennes peinent à assurer la maintenance des équipements fournis par le Pentagone, ainsi qu’à remplacer ceux qui ont été détruits. S’ajoute à cela une pénurie de munitions, tant en matière d’artillerie que de défense aérienne, que les Européens peinent à combler, malgré quelques initiatives, comme celle lancée par la République tchèque, laquelle pourrait se concrétiser par la livraison de 800’000 obus de 155 et de 152 mm.

Récemment, selon Politico, de hauts responsables militaires ukrainiens ont dit craindre un « effondrement » des lignes de front là où les généraux russes décideront de concentrer leurs offensives ». Et cela alors que la Russie multiplie les frappes contre les infrastructures critiques de l’Ukraine. « Seuls notre courage et notre résilience ainsi que les erreurs des chefs militaires russes pourraient inverser la tendance. Mais s’appuyer sur les erreur russes n’est pas une stratégie », ont-ils confié, après avoir souligné les difficultés à relever leurs troupes déployées en première ligne depuis plus de vingt-quatre mois.

Dans le même temps, selon le général américain Christopher Cavoli, le commandant suprême des forces alliées en Europe [SACEUR], la Russie a augmenté le format de ses forces armées de 15 % depuis l’invasion de l’Ukraine tout en faisant tourner son industrie de l’armement à plein régime. Et d’ajouter que, si rien ne change, les Russes seront bientôt en mesure de tirer dix fois plus d’obus d’artillerie que les Ukrainiens.

Le 18 avril, lors d’un discours prononcé devant le George W. Bush Presidential Center, William Burns, le directeur de la CIA, laquelle ne manque pas de relais en Ukraine pour y avoir financé l’implantation d’une douzaine de bases dédiées au renseignement, est allé dans le même sens que le général Cavoli.

« Avec le coup de pouce que donnerait l’assistance militaire, tant sur le plan pratique que psychologique, je pense que les Ukrainiens sont parfaitement capables de tenir le coup en 2024 », a-t-il dit. Mais « sans aide supplémentaire, la situation [de l’Ukraine] sera bien plus désastreuse. […] Le risque est très réel que les Ukrainiens perdent sur le champ de bataille d’ici la fin de 2024, ou au moins que [le président] Poutine soit en position de dicter les termes d’un règlement politique », a en effet affirmé M. Burns.

Reste à voir ce que le directeur de la CIA entend par « perdre la guerre ». Selon une source proche du renseignement citée par CNN, il serait « peu probable » que la Russie prenne le contrôle total de l’Ukraine. En revanche, elle pourrait s’emparer d’une vaste portion de territoire [au sud d’une ligne allant de Karkhiv à Odessa ?] avant de geler le conflit.

« Le problème avec le manque de matériel et de personnel de l’Ukraine est que cela donne à la Russie davantage de possibilités de choisir le moment et le lieu de son offensive le long de la ligne de front », a résumé Bryden Spurling, un analyste de la RAND Corporation, dans les pages de Business Insider.

En attendant, selon M. Burns, deux brigades ukrainiennes ne disposeraient respectivement plus que de « 15 obus d’artillerie à tirer par jour » et « d’un total de 42 obus de mortier ».

Par ailleurs, après de longs mois de tergiversations, la Parlement ukrainien a fini par adopter la loi sur la mobilisation, laquelle baisse de 27 à 25 ans l’âge requis pour être appelé sous les drapeaux et instaure des sanctions plus lourdes pour ceux qui tenteraient de se soustraire à leurs obligations militaires. En revanche, une clause permettant de démobiliser les soldats ayant servi pendant plus de 36 mois a été supprimée au dernier moment… Elle devrait faire l’objet d’une autre loi dont personne ne sait quand elle sera soumise au vote…

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