Kiev dit avoir touché les deux derniers navires de débarquement de la flotte russe de la mer Noire

Le 23 mars, soit plus de vingt-quatre heures après que 90 missiles et 60 drones « kamikazes » ont été tirés par les Russes contre les infrastructures critiques ukrainiennes, et alors que Moscou venait de subir une attaque terroriste contre la salle de concert « Crocus City Hall » [au moins 135 tués, ndlr], par la suite revendiquée par la branche afghane de l’État islamique [EI-K], Kiev a lancé une salve de missiles de croisière SCALP-EG/Storm Shadow contre Sébastopol, en Crimée.

« Nos militaires repoussent une attaque massive sur Sébastopol. Selon les premières informations, plus de dix missiles ont été abattus », a ainsi fait savoir Mikhaïl Razvojaïev, le gouverneur de la Crimée, alors que l’attaque était encore en cours.

Selon Kiev, un important centre de communications utilisé par la flotte de la mer Noire aurait été visé [ce qu’attestent des photographies et des données de géolocalisation diffusées ultérieurement sur les réseaux sociaux], de même que d’autres installations à vocation militaire. Mais plus encore, cette salve de missiles a sans doute été fatale aux deux derniers navires de débarquement russes de la classe Ropucha qui étaient encore opérationnels.

En effet, le 24 mars, l’état-major ukrainien a affirmé que les navires Iamal et Azov avaient été touchés, alors qu’ils étaient sans doute à quai, à Sébastopol. Pour le moment, aucun élément n’est venu étayer cette revendication, même si celle-ci a fait l’objet d’un commentaire de la part de Grant Shapps, le ministre britannique de la Défense.

« L’occupation illégale continue de l’Ukraine par Poutine impose un coût énorme à la flotte russe de la mer Noire, désormais fonctionnellement inactive. La Russie navigue sur la mer Noire depuis 1783 mais elle est désormais contrainte de cantonner sa flotte au port. Et même là, les navires de Poutine coulent ! », s’est en effet exclamé M. Shapps, via X [anciennement Twitter].

Pour rappel, quatre navires de débarquement de type Ropucha avaient été gravement endommagés, voire coulés, avant cette frappe. Le Caesar Kounikov et l’Olenegorski Gorniak ont été visés par des drones de surface [USV] ukrainiens tandis que des missiles de croisière ont touché le Minsk et le Novotcherkassk. Quant au Kostjantyn Olschanskyj, saisi à la marine ukrainienne en 2014, il n’est plus opérationnel depuis longtemps.

Cette attaque contre la flotte de la mer Noire a été menée alors que cette dernière vient de changer officiellement de commandant, l’amiral Sergueï Pintchouk ayant remplacé l’amiral Viktor Sokolov. En outre, l’état-major de la marine russe a récemment été remanié, avec la nomination de l’amiral Alexandre Moïsseïev à sa tête.

« Après avoir sécurisé avec succès la mer d’Azov, la flotte de la mer Noire est désormais soumise à une menace constante d’attaques ukrainiennes avec près de 17 navires endommagés depuis le début du conflit, dont son navire amiral, le croiseur Moskva, coulé en avril 2022 », a récemment rappelé le Centre d’études stratégiques de la Marine nationale [CESM], dans une note publiée le 7 mars [.pdf]

Cette nouvelle attaque ukrainienne contre Sébastopol ne fait que confirmer la conclusion du CESM au sujet des capacités russes de déni d’accès et d’interdiction de zone [A2/AD – Anti-Access / Area Denial].

« Les attaques continues sur la Crimée ont par ailleurs également remis en question l’efficacité supposée des systèmes A2/AD mis en place par la Russie le long de ses littoraux. La capacité de la Russie à défendre efficacement certains ports militaires face à des attaques par les airs en particulier est désormais soumise à caution », a en effet estimé le CESM.

Photo : Navire de type « Ropucha » – archive

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