Kiev confirme que les MiG-29 « Fulcrum » sont capables d’emporter des bombes A2SM fournies par la France

Faute de disposer – pour le moment – de chasseurs-bombardiers de conception occidentale, comme le F-16, la force aérienne ukrainienne a dû trouver des solutions pour permettre à ses avions MiG-29 « Fulcrum », Su-27 « Flanker » et Su-24 « Fencer », de facture soviétique, d’emporter certaines munitions fournies par les États-Unis, la France et le Royaume-Uni depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Et cela n’est pas toujours simple, les systèmes électroniques de ces appareils étant obsolètes…

Quoi qu’il en soit, en 2022, pour que le MiG-29 puisse utiliser le AGM-88 HARM [High-speed, Anti-Radiation Missile] américain, conçu pour détruire les radars adverses, la solution trouvée a consisté à fixer le pylône LAU-118/A, propre à ce missile, à un pylône standard, à poser une batterie externe pour en assurer l’alimentation électrique, et à relier le tout au capteur radar installé dans le cockpit de l’appareil avec un câble. Le même travail a été réalisé pour les Su-27 « Flanker ».

Outre les AGM-88 HARM, la force aérienne ukrainienne dispose également de JDAM-ER [Joint Direct Attack Munition], c’est à dire des bombes Mk82 utilisant un système de guidage de système de navigation inertielle [INS] couplé à un récepteur GPS et pouvant être larguées à une distance de sécurité.

Cela étant, le transfert de MiG-29 polonais et slovaques, qui avaient été mis aux normes de l’Otan [avionique, bus de données MIL-std-1533B, système IFF Mark XIIA, etc.] a probablement facilité la tâche des techniciens ukrainiens. En tout cas, il leur a fallu concevoir un pylône spécifique – au sujet duquel les détails sont rares – pour mettre en oeuvre les JDAM-ER.

A priori, ce pylône peut aussi être utilisé pour permettre aux MiG-29 ukrainiens d’emporter les Armements Air-Sol Modulaires [A2SM ou AASM] « Hammer » livrés par la France.

C’est, en tout cas, la conclusion à laquelle est arrivé le site spécialisé ukrainien Defense Express, après avoir examiné une photographie montrant, pour la première fois, un MiG-29 armé d’un A2SM.

Low pass by a Ukrainian Air Force MiG-29, armed with a French-supplied AASM 250 HAMMER extended-range guided bomb. pic.twitter.com/FlibJ9VZfm

— OSINTtechnical (@Osinttechnical) March 15, 2024

« Nous pouvons supposer que des modifications significatives n’ont pas été nécessaires pour adapter des MiG-29 ukrainiens aux bombes AASM Hammer françaises par rapport à la configuration JDAM-ER », écrit-il.

Pour rappel, la France a annoncé qu’elle livrerait à l’Ukraine 50 A2SM par mois, en plus d’une quarantaine de missiles de croisière SCALP EG supplémentaires.

Comme le JDAM-ER, l’A2SM se compose d’un kit de guidage et d’un kit « d’augmentation de portée », montés sur le corps d’une bombe, généralement de 250 kg. Ils permettent de frapper une cible avec une grande précision depuis une distance de sécurité, quelles que soient les conditions météorologiques. Trois versions sont disponibles : INS/GPS [guidage inertiel hybridé GPS], INS/GPS/IR [guidage inertiel/GPS complété d’un guidage terminal à imageur infrarouge] et INS/GPS Laser [guidage inertiel/GPS complété d’un guidage terminal laser, pour les cibles mobiles].

French AASM-250 gliding bombs were first used by Ukrainian forces to strike Avdiivka coke plant, controlled by the Russian Armed Forces.

French AASM Hammer family consists of bombs weighing 250, 500 and 1000 kg with the ability to install rocket boosters and various target… pic.twitter.com/usu7163yv2

— clashreport (@clashreport) March 3, 2024

Le premier usage possible d’un A2SM par la force aérienne ukrainienne a été rapporté le 3 mars, après une frappe contre les positions russes dans la région d’Avdiïvka. Cette semaine, il a été avancé que des AASM avaient également été utilisés pour détruire le « Mekhanik Pogodine », un pétrolier qui, échoué sur la rive sud du Dniepr, servait, a priori, de poste de commandement et d’observation aux forces russes.

Lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 29 février, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait expliqué que le don d’AASM à l’Ukraine était sans doute plus judicieux que l’envoi de Mirage 2000D.

« On a préféré mettre de l’argent et de l’ingénierie sur l’adaptation de bombes dites A2SM sur des générations d’avions soviétiques Sukhoï et MiG que les Ukrainiens ont déjà plutôt que de faire un coup uniquement autour des Mirage », fit valoir le ministre. Et d’ajouter : « J’essaie, à chaque fois, de faire des propositions qui sont, en mauvais français, des ‘game changers’ sur le terrain militaire. Les cinquante bombes A2SM, [livrées] tous les mois et désormais compatibles avec des avions de classe soviétique, ça, pour le coup, c’est un ‘game changer’ ».