La Marine nationale a évalué un nouveau type de drone aérien à bord d’un porte-hélicoptères amphibie
Actuellement, la Marine nationale met en oeuvre deux modèles de drones aériens depuis ses navires de surface : le Schiebel S-100 « Serval » et l’Aliaca [ou SMDM, pour Système de mini-drones aériens embarqués pour la Marine]. Et, à l’avenir, elle disposera du SDAM [Système de drone aérien pour la Marine], basé sur le démonstrateur VSR-700 développé par Airbus Helicopters à partir de l’hélicoptère léger civil Cabri G2.
Cette liste ne demande qu’à être complétée. Pour cela, encore faut-il évaluer leurs performances et les capacités qu’ils sont susceptibles d’offrir. Aligner des drones aériens sur un pont d’envol ne rime à rien si on n’a aucune idée du bénéfice que l’on peut en attendre. Il s’agit de définir et d’éprouver des concepts d’emploi en fonction de scénarios représentatifs de missions opérationnelles. Tel est d’ailleurs l’objet du projet « Perseus », mis en avant lors de la dernière mise à jour du plan stratégique Mercator de la Marine nationale.
« Facteur de supériorité opérationnelle », l’innovation technologique est « au coeur du projet Perseus », qui vise à « intégrer plus vite les idées prometteuses qui deviendront les capacités déterminantes pour les combats futurs », tout en favorisant le rapprochement entre la Direction générale de l’armement [DGA], les industriels et les unités opérationnelles de la Marine, est-il expliqué dans ce plan stratégique.
C’est donc dans le cadre de ce projet Perseus que, le 19 février, la Marine nationale a évalué un nouveau type de drone à bord d’un porte-hélicoptères amphibie. Les images de cet essai ont été diffusée par Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, via X [anciennement Twitter].
Le drone en question – de type DT46 – a été mis au point par la société haut-garonnaise Delair. Cet appareil a la particularité de pouvoir être configuré soit en version VTOL [décollage et atterrissage vertical], soit en version « voilure fixe », auquel cas il a besoin d’une catapulte pour décoller.
Pouvant être rapidement déployé [moins de 15 minutes], le DT46 présente des performances différentes selon sa configuration. En mode VTOL, il est capable de rester en vol pendant 3h30 et porter une charge utile de 5 kg tandis qu’en mode « voilure fixe », il affiche une endurance de 7 heures. Le décollage et l’atterrissage se font automatiquement. D’après Delair, sa portée de communication, « entièrement chiffrée », est de 100 km. Il peut emporter différents types de capteurs, dont une boule optronique, un LIDAR et un IMSI-catcher.
Visiblement, ce DT46 a donné satisfaction. « Expérimentation réussie sur le porte-hélicoptères amphibie, pour ces nouveaux drones 100 % français, désormais capables d’atterrir sur une zone beaucoup plus restreinte. La LPM permet des résultats concrets : nos Armées recevront leurs premières livraisons dès le mois de mars », a en effet commenté M. Lecornu.
Expérimentation réussie sur le porte-hélicoptères amphibie, pour ces nouveaux drones 100% français, désormais capables d'atterrir sur une zone beaucoup plus restreinte.
La LPM permet des résultats concrets : nos Armées recevront leurs premières livraisons dès le mois de mars. pic.twitter.com/cilKa6NdAK
— Sébastien Lecornu (@SebLecornu) February 20, 2024
Pour le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], l’amiral Nicolas Vaujour, la « réussite » de cette évaluation d’un « drone léger et plus facile d’emploi » marque « une étape supplémentaire dans les démarches de Polaris [une « marine de combat », ndlr] et Perseus ».
Cependant, à en juger par les images, cet essai du DT46 a été réalisé par temps calme, dans la rade de Toulon. Probablement qu’il y en aura d’autres, afin d’éprouver ses capacités en haute mer et dans des conditions météorologiques moins clémentes.
À bord d’un PHA, on peut imaginer qu’un drone DT46 permette de reconnaître une zone avant le lancement d’une opération amphibie ou de vérifier qu’aucun navire potentiellement hostile soit en approche. En réalité, l’éventail des missions qu’il pourra effectuer dépendra de la nature de sa charge utile.
Peut-on imaginer donc que les « Mistral » deviendront un jour de véritables portes-drones ?
Le drone est un outil supplémentaire et non une finalité 😉
Il me semble que oui, car ses caractéristiques actuelles lui permettrait sans doute d’envoyer des chasseurs légers, moyennant l’adjonction d’un tremplin.
Alors, pour des drones, à priori, aucun problème , et on pourrait même envisager des drones bien plus gros que ceux indiqués dans l’avenir…..
non, ils ne peuvent pas accueillir de chasseurs légers, le pont n’est pas fait pour ça.
Pas du tout, le pont n’étant pas structurellement conçu pour cela. Pour accueillir un V-22 Osprey ou un CH 53 Super Stallion, il a fallu modifier et renforcer un spot (et un seul). Alors faire décoller des avions, même léger….
Et qui dit décoller, dit atterrir. Normalement.
Le maximum doit être un appareil similaire a un air tractor.
il y a une marge de progrès, mais c est loin d un chasseur léger.
Oui, cela semble hautement plausible. Les PHA servent déjà de plateforme de test pour différents drones, et seront probablement progressivement convertis pour accueillir de nouveaux types de drones d’ici à leur fin de carrière au cours de la décennie 2030/2040. Ces drones viendront d’abord épauler les hélicos existants (NH90, Tigre). Puis le jour viendra où les drones remplaceront totalement les hélicos pilotés, devenus trop vulnérables, sans doute sur les successeurs des actuels PHA, qui auront été nativement conçus pour cet usage dans la décennie 2030.
A ce sujet, voir les échanges et réflexions sur le successeur du Tigre, qui pourrait bien être le dernier de sa lignée…
Ce qui serait utile c’est de renforcer les ponts comme l’ont fait les navires de la classe Izumo afin d’accueillir potentiellement des avions VTOL (Harrier ou F35).
C’est encourageant, d’autant plus qu’il s’agit d’un droniste français, et que la solution proposée par Delair pour ce DT46 consiste dans un drone convertible/hybride, capable de décoller et d’atterrir à la verticale si besoin.
Ce drone se classe dans la catégorie des poids légers, et comme un concurrent direct au drone ALIACA de Survey Copter qui équipe déjà la Marine Nationale dans le cadre du programme SMDM. Ce dernier nécessite une petite catapulte pour son lancement, avec une récupération dans un filet, donc un encombrement et une logistique sans doute plus contraignants que celui du DT46, ce qui a son importance pour équiper des navires de faible tonnage, potentiellement dépourvus de vraie plateforme aéro (Ex : vedettes, patrouilleurs légers…).
Sur le papier, le DT46 permet également davantage d’emport, avec une charge utile annoncée de 5 kg (mais est-ce en mode VTOL, ou uniquement en mode « ailes fixes » ?…), ce qui lui permet le luxe d’embarquer un LIDAR en plus de sa boule optronique, ou pourquoi pas un futur radar nano-SAR, là où la charge utile de l’ALICA ne dépasse pas 1kg et n’autorisera probablement pas ce genre de fantaisie…
On comprend donc l’intérêt de tester ce nouveau drone, et si les essais donnent satisfaction, on a hâte de le voir entrer en service.
Pourquoi pas imaginer également un éventuel grand frère à ce DT46, avec un gabarit d’1 tonne à 1.5tonnes, basé sur le même concept, mais avec une charge utile de quelques centaines de kilos et une soute polyvalente, capable d’emporter soit du fret, soit des capteurs, soit de l’armement ? Un tel drone intéresserait non seulement la marine pour une mise en œuvre depuis ses PHA, mais également et surtout l’ALAT…
En français, la règle est de ne marquer le pluriel qu’à partir de deux (inclus) :
1 tonne.
1,5 tonne.
D’1 tonne à 1,5 tonne.
1,999 tonne.
2 tonnes.
2,001 tonnes.
2,5 tonnes.
Oui, les tonnes d’emports des drones turcs face aux kilogrammes français.
C’est une image mais elle tend vers une réalité fort préoccupante.
Si la France pouvait bombarder avec des subventions nous serions la 1ère puissance militaire.
@HMX
Merci pour votre réponse constructive sur les drones sous-marins.
Rien à ajouter ! Ca va devenir très technique et très cher.
A voir la valeur ajoutée des lasers, mais sous l’eau….
Intégrer un maximum de capteurs sons sous la ligne de flottaison pour trianguler un maximum et la redondance ……..
250 000 Dollars pour les drones maritimes ukrainiens. Cela va donner des idées à certaines nations et/ou groupes fondamentalistes pour constituer une masse de saturation que notre marine nationale ne pourra gérer.
Une Fremm détruite pour 1 million de Dollars. La DGA doit plancher sur des mesures de défense active.
Le DT46 a une charge utile nettement plus conséquente que l’aliaca. Mais je trouve que l’intérêt serait de tester des drones à voilure fixe ayant une charge utile et une endurance encore plus importantes pour utiliser la longueur de pont des mistral. 80 mètres c’est beaucoup plus que la plateforme hélico d’une FREMM mains beaucoup moins que les 200 mètres de longueur de pont d’un Mistral.
@Aymard de ledonner
Sauf erreur, le PHA a simplement servi de plateforme de test, compte tenu de ses capacités d’accueil en personnels, de ses dimensions très « confortables » au regard de la modestie du gabarit de ce petit drone… et peut être aussi tout simplement de sa disponibilité pour ce test !
Il semble évident que ce drone de 25kg aura vocation à être embarqué sur des navires beaucoup plus légers, type patrouilleurs, voire simples vedettes dotées d’une petite plateforme aéro improvisée. C’est justement tout l’intérêt du concept VTOL. Nul doute que si l’expérience s’avère concluante, d’autres tests plus représentatifs suivront sur des frégates ou patrouilleurs.
Le décollage vertical est intéressant et permet effectivement une mise en œuvre à partir d’une petite surface mais on perd en autonomie. Avoir les 200mètres de pont des mistrals qui se baladent et ne pas les utiliser, je trouve cela dommage.
Sympa comme drone , de reconnaissance .
Un Mistral est presque de la meme taille que les Porte-avions de la seconde guerre mondiale sachant qu’a époque avec les ponts droits sans catapultes les avions n’utilisaient qu’une partie de la longueur pour le décollage et l’atterrissage. Donc des drones bien plus gros, de la taille d’un avion de tourisme sont tout a fait possible. Cela ouvrirait beaucoup de possibilités avec une charge utile et/ou une autonomie sans comparaison : armement, transport logistique, veille basse altitude, veille anti-sous-marine, …
Je suis d’accord avec vous. Maintenant les chasseurs de la seconde guerre mondiale avaient des moteurs plus puissants. Ils étaient conçus pour être rapides et non pour avoir une grosse autonomie, ce qu’on demande aux drones aujourd’hui.
mais si notre drone n’a que 12 heures d’autonomie au lieu de 24 parce que son moteur est plus puissant ce n’est pas catastrophique non plus.
« amphibie
adjectif et nom masculin
Qui peut être utilisé sur terre ou dans l’eau. »
le porte -hélicoptères ne connait la terre seulement en bassin
le terme « amphibie » doit dans ce cas être envisagé comme le type d’opérations conduites, pas les capacités propres du navire.
Un peu comme l’Armée de l’air et de l’Espace n’envoie pas ses avions dans l’espace.
« Un peu comme l’Armée de l’air et de l’Espace n’envoie pas ses avions dans l’espace. » … Les avions, non, mais elle gère les satellites militaires qui eux sont bien dans l’espace.
Il sert pour les opérations amphibies, avec sa capacité d’accueillir des chalands de débarquement dans son radier. C’est pour ça qu’on lui adjoint l’adjectif « amphibie », et non parce qu’il serait lui-même amphibie.
La personne qui a décidé du changement d’appellation de BPC en PHA devait avoir quelques lacunes.
la version a voilure fixe qui nécessite une piste d’atterrissage, présente peu d’intérêt, tant ses performances en terme d’emport et d’autonomie sont modestes. pendant ce temps là la Corée cdu sud s’équipe de drones S300 Schiebel, capables avec une charge utile réduite de voler 24 h…
Le MISTRAL a un pont plat donc est apte au décollage/atterrissage des appareils a voilure fixe dont les performances en vitesse/autonomie/charge utile sont bien meilleures que les appareils VTOL. Le VSR 700 est aussi gros que le S300, est plus avance et utilise une base d’appareil civil existant. En fait le S300 a été lancer par Schiebel car il voit qu’un gros client comme la France est parti vers un appareil plus gros.
Le S300 est le concurrent du VSR700 avec des capacités proches. Mais là ou le VSR700 est autonome, capable de décoller et de se poser tout seul, le S300 est à priori télépiloté comme le S100.
Un gros SMDM pour les grosses unités.
Viennent ils de réinventer l’hydravion présent sur la catapulte à bord des plus emblématiques bâtiments d’un siècle passé ? Vision d’avenir en feuilletant un livre d’ Histoire…. la technologie est contemporaine c’est déjà ça…..
ça serait peut être l occasion de tester un AAROK navalisé. rien n oblige à en acheter apres
si un porte-hélicos se met à distance d’envoyer des drones il est donc aussi à distance d’en recevoir; alors que les iraniens et les russes sont dans une logique de saturation -> il va falloir bien bosser et investir sur la défense aérienne de ce PHA (et aussi défense de surface et défense sous-surface)
survey copter le fabricant du SMDM propose le capa-x plus gros que le DT46, mais il faut faire travailler tout le monde….
https://www.youtube.com/watch?v=_Vlw863KUNE&t=94s
@penandreff
Concept VTOL du CAPA-X en apparence très similaire à celui du DT46. Toutefois, le CAPA-X semble un peu plus imposant que le DT46, avec une charge utile doublée (10kg contre 5kg sur le DT46). Mais la différence principale entre les 2 drones porte sur la modularité : le CAPA-X est conçu autour d’une soute modulaire, permettant d’embarquer soit des capteurs, soit du fret… et par déduction, de délivrer un armement léger (ce que la vidéo de présentation ne montre pas, mais qui se devine aisément…). C’est juste une idée, mais l’emport en soute de quelques drones kamikazes bourrés d’explosifs serait ainsi une piste très intéressante, permettant au CAPA-X et à son opérateur de monitorer l’usage des drones kamikazes, puis d’évaluer en temps réel le résultat de la frappe.
Il faut reconnaître que le concept du CAPA-X semble bien pensé et très attrayant, la modularité du système permettant d’envisager une grande polyvalence d’emploi (reconnaissance, ravitaillement, relais de transmission, et même bombardement).
Reste que le DT46 a déjà volé sur terre et en mer, là où le CAPA-X se contente pour le moment d’images de synthèse…
Performances annoncées me semblent un peu faiblardes et peu ambitieuses pour envisager une patrouille maritime sérieuse : seulement 100 km de liaison, seulement 7 heures d’autonomie.
Capacité à apponter par mauvais temps ?
La Sublime Porte ne va-t-elle pas nous rendre minable rapidement dans ce domaine ?
Par ailleurs avec nos PHA emportant des drones, ne serait-ce pas là une occasion de développer souverainement des catapultes électromagnétiques à l’échelle 1:4 pour ensuite les développer à l’échelle 1:1 pour le futur PANG ? Probablement encore une occasion perdue de ce côté là. Il faut dire que ça fulmine beaucoup sous le képi de nos élites, et nous avons la certitude à 100% que l’embargo américain sur la maintenance des catapultes du CDG en 2003 ne se reproduira jamais. Promis, craché, juré.
Les 100km de liaison de données correspondent au maximum envisageable avec une station de contrôle située au niveau de la mer (sur un navire), et encore, dans des conditions optimales. Pour aller plus loin, il faut soit un ou plusieurs relais radio, soit passer à une liaison satellite. Cela vaut pour tous les drones…
L’autonomie de 7 heures est en effet un peu « juste », au regard d’autres drones existant dont l’endurance dépasse aisément les 20h. C’est notamment le cas du bien connu Scan Eagle, de Boeing / In Situ. Cette faible endurance s’explique probablement par le choix d’une motorisation électrique, avec le problème du poids des batteries qui oblige à ce genre de compromis. Vivement une future version thermique, ou hybride, de ce DT46…
l’aéromodélisme entre dans la marine nationale. tremblez barbares.
À propos d’amphibie : « Première sortie avec Harpie pour les Crabe de l’armée de Terre »
https://www.forcesoperations.com/premiere-sortie-avec-harpie-pour-les-crabe-de-larmee-de-terre/
Génial !
Ne reste plus qu’à former des compagnies muletières ! 😀