Mer Rouge : Les forces américaines et britanniques ont mené une troisième série de frappes contre les Houthis

Quelle est l’étendue de l’arsenal dont disposent les rebelles Houthis [liés à l’Iran] pour attaquer les navires transitant par le détroit de Bab el-Mandeb depuis le Yémen? À deux reprises, leur infrastructure militaire a été visée par d’intenses bombardements effectués par les forces américaines et britanniques. Pour autant, cela ne les a pas dissuadés de continuer à s’en prendre au trafic maritime en mer Rouge ainsi que, plus récemment, dans le golfe d’Aden.

« Les Houthis disposent d’une quantité d’armes suffisamment conséquente pour continuer à exercer une menace sérieuse et à faire régner un climat de peur », a affirmé le vice-amiral Emmanuel Slaars, le commandant de la zone maritime de l’océan Indien [ALINDIEN] et des forces françaises stationnées aux Émirats arabes unis [FFEAU], le 11 janvier dernier, soit peu avant la première série de frappes américaines et britanniques au Yémen. La suite ne lui a pas donné tort.

Ces derniers jours, plusieurs navires commerciaux ont ainsi été visés par les Houthis. L’un d’eux, le pétrolier Marlin Luanda, battant pavillon des Îles Marshall et lié à des intérêts britanniques, a dû lutter durant plusieurs heures pour venir à bout d’un incendie provoqué par un missile balistique antinavire.

Par ailleurs, les bâtiments militaires sont également ciblés. Le 30 janvier, le « destroyer » américain USS Gravely a dû avoir recours à son système d’arme rapproché [close-in weapon system, CIWS] Phalanx, c’est à dire l’un des derniers dispositifs défensifs, pour abattre un missile de croisière antinavire.

Aussi, pour la troisième fois en moins d’un mois, les forces américaines et britanniques ont de nouveau visé les positions tenues par les Houthis, dans le nuit du 3 au 4 février. Au total, 36 cibles, réparties sur 13 sites différents, ont été bombardées.

Côté américain, les F/A-18 Super Hornet du porte-avions Dwight D. Eisenhower ont été engagés dans cette opération, de même que les « destroyers » USS Carney et USS Gravely, lesquels ont tiré un nombre « indéterminé » de missiles de croisière Tomahawk. Comme les deux fois précédentes, des Eurofighter Typhoon de la Royal Air Force [RAF], soutenu par des avions ravitailleurs « Voyager » [appellation britannique de l’A330 MRTT], se sont joints aux frappes depuis la base d’Akrotiri, à Chypre.

« Dans le cadre des efforts internationaux en cours pour répondre à l’augmentation des activités déstabilisatrices et illégales des Houthis soutenus par l’Iran dans la région, le 3 février vers 23h30 [heure de Sanaa], les forces américaines et britanniques, avec le soutien de l’Australie, de Bahreïn, du Canada, du Danemark, des Pays-Bas et de la Nouvelle-Zélande, ont mené des frappes contre 36 cibles dans 13 endroits situés dans des zones contrôlées par les terroristes houthis soutenus par l’Iran », a ainsi annoncé l’US CENTCOM, le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale.

Et d’ajouter : « Ces frappes visent à dégrader les capacités des Houthis utilisées pour leurs attaques imprudentes et illégales contre les navires américains et britanniques ainsi que contre la navigation commerciale internationale dans la mer Rouge, le détroit de Bab Al-Mandeb et le golfe d’Aden ».

U.S. Forces, Allies Conduct Joint Strikes in Yemen

As part of ongoing international efforts to respond to increased Iranian-backed Houthi destabilizing and illegal activities in the region, on Feb. 3 at approximately 11:30 p.m. (Sanaa time), U.S. Central Command forces,… pic.twitter.com/hlfLY1QjOd

— U.S. Central Command (@CENTCOM) February 3, 2024

Des dépôts d’armes « profondément enterrés », des lanceurs de missiles, des radars, des batteries de défense anti-aérienne et des systèmes de commandement et de contrôle ont été visés… de même que – et c’est un fait nouveau – des « hélicoptères ».

À noter que cette opération a été menée vingt-quatre heures après des frappes américaines contre le Corps des gardiens de la révolution iranien et les groupes armés affiliés à Téhéran en Irak et en Syrie. Et cela en représailles d’une attaque ayant coûté la vie à trois soldats américains en Jordanie.

Quoi qu’il en soit, le chef du Pentagone, Lloyd Austin, a estimé que cette troisième série de frappes au Yémen « envoie un message clair » aux Houthis. Et de prévenir qu’ils s’exposeront à de nouvelles actions de ce type « s’ils ne mettent pas fin à leurs attaques illégales » en mer Rouge et dans le golfe d’Aden.

Visiblement, cela n’a pas perturbé les Houthis : à peine quatre heures après ces frappes, les forces américaines ont dû détruire un missile de croisière antinavire qu’ils s’apprêtaient à tirer sur une cible qui n’a pas été précisée.

Reste à voir l’évolution de la situation dans la région… Les frappes américaines et britanniques « sont une violation répétée de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Yémen et une violation flagrante du droit international », a réagi le ministère iranien des Affaires étrangères, pour qui Londres et Washington « utilisent l’approche militariste pour faire avancer leurs objectifs illégitimes ». Et d’estimer que leurs actes sont « clairement en contradiction avec leurs affirmations répétées selon lesquelles ils ne veulent pas que le conflit se propage dans la région ».