La France va livrer des Armements Air-Sol Modulaires à la force aérienne ukrainienne

La semaine passée, en plus d’avoir conclu un accord de coopération en matière de sécurité « sans précédent » avec l’Ukraine [.pdf], le Royaume-Uni s’est engagé à fournir une aide de 2,5 milliards de livres sterling [2,9 milliards d’euros] aux forces armées ukrainiennes pour la période 2024-25.

« Cela signifie d’abord plus de sécurité, des armes antichars, des missiles, des centaines de milliers de nouveaux obus d’artillerie et la formation de milliers de soldats ukrainiens », a affirmé Rishi Sunak, le Premier ministre britannique, lors d’une visite surprise à Kiev. « Si Poutine gagne en Ukraine, il ne s’arrêtera pas là », a-t-il aussi fait valoir.

Lors de sa conférence de presse du 16 janvier, le président Macron a indiqué que la France emboîterait le pas au Royaume-Uni.

« Le plus grand risque, à mes yeux, est la guerre d’agression russe en Ukraine. Nous ne pouvons pas laisser la Russie gagner. Nous ne devons pas le faire car alors la sécurité même de l’Europe et, surtout, du voisinage russe, serait remise en cause. Laisser la Russie gagner, c’est au fond accepter que les règles de l’ordre international telles que nous les avons définies, peuvent ne plus être respectées. Pour nos amis baltes, polonais, roumains, c’est une vie impossible. Je n’oublie pas la Moldavie et aussi les pays du Caucase », a d’abord expliqué le locataire de l’Élysée.

Aussi, en relation avec ses partenaires européens et, en particulier, avec le Royaume-Uni, la France est « en train de finaliser un accord » de la même nature que celui signé par M. Sunak à Kiev le 12 janvier. Il sera « signé dans les prochaines semaines », a dit M. Macron, avant de préciser qu’il se rendra en Ukraine à cette fin en février prochain. D’ici là, la France aura livré aux forces armées ukrainiennes des munitions ainsi que des équipements supplémentaires.

« Nous allons procéder à des livraisons nouvelles : une quarantaine de missiles SCALP et plusieurs centaines de bombes, attendus par nos amis ukrainiens. Nous avons aussi développé des productions, dans le cadre de cette économie de guerre, qui vont permettre de fournir beaucoup plus de matériels à nos partenaires ukrainiens, en particulier des CAESAr [Camions équipés d’un système d’artillerie, ndlr], qui sont attendus et nécessaires. Et donc, nous allons au fond, continuer d’aider l’Ukraine dans ses besoins de formations, pour tenir sur le front et pour défendre son ciel avec les livraisons que j’ai évoquées, avec les accords que nous finaliserons », a ensuite développé le président français.

Jusqu’à présent, la France a fourni trente CAESAr 6×6 à l’armée ukrainienne, prélevés dans l’inventaire de l’armée de Terre. En octobre, Nexter [KNDS France] a fait savoir que sa capacité de production pour ce type d’équipement allait être portée à 8 pièces par mois.

Par ailleurs, la force aérienne ukrainienne a déjà reçu un nombre inconnu de missiles SCALP prélevés dans les stocks de l’armée de l’Air & de l’Espace. La nouveauté dans le propos de M. Macron est que la quantité d’engins devant être livrés a été précisée…

Quant aux « centaines de bombes » promises à Kiev, l’Élysée a par la suite précisé auprès du quotidien Le Monde qu’il s’agirait des Armements Air-Sol Modulaires [AASM, encore appelés « Hammer »].

Produit par Safran, l’AASM se compose d’un kit de guidage et d’un autre, dit « d’augmentation de portée ». Montées sur le corps d’une bombe – généralement de 250 kg – ils permettent à un chasseur-bombardier de frapper avec une grande précision une cible depuis une distance de sécurité, quelles que soient les conditions météorologiques.

Trois versions de l’AASM sont disponibles : INS/GPS [guidage inertiel hybridé GPS], INS/GPS/IR [guidage inertiel/GPS complété d’un guidage terminal à imageur infrarouge] et INS/GPS Laser [guidage inertiel/GPS complété d’un guidage terminal laser, ce qui permet de détruire des cibles mobiles].

Si elle a dû modifier ses bombardiers tactiques Su-24 « Fencer » pour leur permettre d’emporter des missiles SCALP, la force aérienne ukrainienne devra trouver une solution pour pouvoir mettre en oeuvre les AASM qui lui seront livrés car, actuellement, ce type d’armement est surtout utilisé par le Rafale. Cependant, des essais en vue de l’intégrer sur des F-16 ont été réalisés le 40th Flight Test Squadron de l’US Air Force en 2014.