La DGA a testé le déploiement des nouvelles bouées acoustiques SonoFlash depuis un Atlantique 2

Quand il fut déclaré pleinement opérationnel par l’amiral Pierre Vandier, alors chef d’état-major de la Marine nationale, en novembre 2022, l’avion de patrouille maritime Atlantique 2 porté au standard 6 n’avait pas encore toutes les capacités de détection qu’il était censé posséder.

Pour rappel, grâce à ce nouveau standard, l’Atlantique 2 est passé au « tout numérique », avec l’intégration de nouveaux équipements, dont le radar à antenne active Searchmaster, le sous-système de traitement acoustique numérique de dernière génération [STAN], l’interrogateur IFF TSA2542 et une nouvelle version du logiciel de mission LOTI [Logiciel Opérationnel de Traitement de l’Information].

Seulement, il lui manquait encore la capacité de mettre en oeuvre la bouée acoustique « haute performance » SonoFlash qui, développée depuis 2018 par Thales, a la particularité de fonctionner à la fois en modes passif et actif, tout en étant interopérable avec le sonar trempé Flash et les sonars remorqués de la famille CAPTAS.

« Les bouées sont aujourd’hui soit passives, soit actives, or la bouée SonoFlash associe le meilleur des deux : un émetteur basse fréquence optimal, puissant, et un récepteur passif doté d’un fort gain de directivité. La combinaison de ces deux capacités associées à une endurance importante permet une grande polyvalence d’emploi de la bouée SonoFlash », avait expliqué Thales, après avoir été notifié d’un « marché de développement, de qualification et de production » par la Direction générale de l’armement [DGA], en 2021.

Et d’ajouter que les informations collectées par des SonoFlash seraient « exploitables depuis tout aéronef, piloté ou non, navire ou centre à terre équipé d’un système de traitement de données des bouées acoustiques », grâce à leur « signal numérisé » et à la « portée optimisée de leurs communications ».

Si les Atlantique 2 portés au standard 6 n’en disposent pas encore, c’est parce que les premières bouées de ce type ne seront livrées à la Marine nationale qu’à partir de 2025. Avant d’être déclarée opérationnelle, la SonoFlash doit en effet faire l’objet d’essais.

En mai 2022, « le bon fonctionnement de la bouée » ainsi que celui de son « système de pilotage » avaient ainsi été vérifiés par le centre d’expertise et d’essais DGA Techniques navales, avec le concours de DGA Essais en vol, lors d’une campagne d’essais au large de Saint-Mandrier. Celle-ci avait été réalisée avec un hélicoptère Dauphin.

Puis, un an plus tard, d’autres tests ont été effectués, notamment au lac de Castillon, afin de mesurer et de caractériser les performances acoustiques de la SonoFlash.

Visiblement, les travaux vont bon train… Puisque, ce 14 décembre, la DGA a indiqué qu’elle venait de réaliser les premiers essais de « déploiement » de cette bouée depuis un Atlantique 2, avec le concours de Thales.

« Ces essais ont été menés par l’expertise de la DGA à travers ses centres d’expertise et d’essais pour la mise en œuvre de moyens nautiques d’observation et d’écoute acoustique en mer » ainsi que « l’analyse de risque et de sécurisation de l’embarquement des bouées », a-t-elle précisé, via X/Twitter.

« La bouée acoustique SonoFlash, déployable par tout type d’aéronef de lutte anti-sous-marine, constituera un élément clé de protection face à une menace sous-marine croissante », a conclu la DGA.

Outre l’Atlantique 2, les bouées SonoFlash équiperont également les hélicoptères NH-90 « Caïman » embarqués à bord des frégates de la Marine.

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30 contributions

  1. Félix GARCIA dit :

    Pourrait-on concevoir un moyen de les récupérer ? hélicos/drone aérien ou naval/dirigeables/navires/hydravions …

    • ji_louis dit :

      Imaginez devoir récupérer au milieu de l’océan un cylindre de quelques centimètres suivi d’un fil de plusieurs dizaines de mètres de long, sans savoir sa position exacte (pas de signal en fin de vie de la batterie + dérive due au vent, a marée et la houle) et peu détectable au radar : Vous dépenserez plus en gasoil que le prix de la bouée. Si en plus l’état de la mer dépasse 2, c’est un boulot d’enfer que de retrouver ces bouées. C’est pour cela que les bouées précédentes étaient munies d’une pastille de sel qui se dissolvait le temps de vie de la bouée et permettait de la saborder enfin de vie.

      • Félix GARCIA dit :

        Merci pour ces informations.
        Cependant, étant donné que celles-ci émettent, ne peut-on pas remonter la source du signal ? Est-ce trop ténu pour « remonter à la source » ?

        • Michel dit :

          Tout est possible, mais est ce rentable par rapport aux moyens à mettre en œuvre pour les récupérer et les coûts de leurs reconditionnements?

          • Félix GARCIA dit :

            Je ne sais pas.
            J’imagine que la récupération dépend de plusieurs choses :
            – tout d’abord, la conception de la bouée : est-elle réutilisable (la question que vous soulevez sur le reconditionnement) ?
            – l’étendue sur laquelle ces bouées sont dispersées
            – l’état de la mer
            – la visibilité
            – la météorologie
            – le moyen utilisé
            – etc …

        • Tonyo dit :

          La batterie doit tenir au plus quelques heures. Pour aller les récupérer en plein océan il faudrait plusieurs jours…
          En plus, il n’y a aucune garantie d’être le premier sur place, surtout lors d’opérations réelles. Il vaut probablement mieux que les bouées soient perdues plutôt qu’elles tombent dans de mauvaises mains.

          • Félix GARCIA dit :

            Plusieurs jours pour les récupérer ? En bateaux, partant depuis la côte, oui, très probablement.
            Mais avec un drone naval de surface déposé par avion ou un hydravion ?

        • ji_louis dit :

          Les bouées anciennes émettaient en continu dès qu’elles touchaient l’eau et n’avaient pas de commande, les modernes ont une émission réglable sur commande et une réception permanente. Pour les anciennes (cela fait longtemps que je ne chasse plus le sub), la pile fonctionnai à l’eau de mer (circulation d’ions) et sa durée de vie était réglée avant le largage. En fin de vie, la pile n’a plus assez d’énergie pour l’émission radio (d’où la difficulté à la retrouver) et elle coule parce que le bouchon de sel s’est dissout et l’eau rentre dans la bouée et la fait couler.

          Sinon, il est courant de « remonter à la source du signal » avec le patmar en suivant le gonio, c’est même comme cela qu’on prépare un largage de torpille sur écoute de bouée passive : La portée de détection du sub est beaucoup plus faible que l’autonomie de la torpille, il suffit de torpiller la bouée dès qu’elle renvoie la détection d’un bruitage confirmé du sub.
          La méthode est différente en pistage actif (avec émissions sonar des bouées) parce que 1) la portée de détection est bien plus grande et 2) le sub entend le sonar beaucoup mieux que le patmar et se carapate aussitôt (alors qu’il est surpris avec la procédure en passif).

          • Félix GARCIA dit :

            Merci pour vos explication ji_louis !

            « elle coule parce que le bouchon de sel s’est dissout et l’eau rentre dans la bouée et la fait couler. »
            Habile.

            Cependant, je n’ai pas compris la phrase suivante :
            « il suffit de torpiller la bouée dès qu’elle renvoie la détection d’un bruitage confirmé du sub »
            Torpiller en fonction des informations que vous donnait la bouée ? Ou torpiller la bouée elle-même ?

      • alexandre dit :

        Sans compter que l’on en déploie environ 5000 par an. La tache serait titanesque.

        • Diacritique dit :

          La « tache », pour être titanesque, exigerait une nappe de taille exceptionnelle pour pouvoir s’y déployer pleinement, ainsi qu’une lessive aux enzymes d’une gloutonnerie mythologique pour parvenir à en venir à bout.
          Pour ce qui est de l’ampleur de la mission, on devrait plutôt écrire que la tâche serait titanesque.

          • alexandre dit :

            Et bien celle ci , je ne la connaissais pas et comme mon correcteur orthographique ne me la pas signalé(e , j’ai un doute c’est lui qui ne la pas signalé ou elle qui n’est pas signalée ? ), du coup je ne m’en suis même pas rendu compte.
            Merci.

        • Félix GARCIA dit :

          Dis comme ça, en effet.

      • Roland Desparte dit :

        Pas de puce GPS ??? Pas de signal de fin de vie de la batterie alors que c’est courant sur bien des appareils du grand public ??? C’est quoi cette technologie ????????????????????

        • breguet dit :

          RD: ce matériel c’est du consommable car comme expliqué plus haut, difficilement récupérable pour un tas de raison ( sans oublier le séjour dans l’eau salée!!! )… Pour la durée de vie, il est possible de sélectionner la durée sur différentes plages horaires car en cas de pistage long ( emploi de nombreuses bouées…J’ai souvenir , sur ATL1,du largage d’environ 90 bouées passives lors d’un pistage mémorable) il faut éviter d’encombrer les chenaux de transmission…Sans aucun doute et fort de l’expérience acquise, ce nouveau type de bouée dispose d’amélioration permettant une meilleure gestion pour optimiser les patterns de détection, de localisation et de pistage…A noter qu’il est arrivé ( assez souvent ) qu’un sub russe pisté remonte a la surface et récupère un ou plusieurs de ces engins …Pour l’ami Félix, le militaire et l’écologie ne font pas toujours bon ménage…

          • Félix GARCIA dit :

            « J’ai souvenir , sur ATL1,du largage d’environ 90 bouées passives lors d’un pistage mémorable »
            C’est vrai que ça doit être sympa ! 🙂
            Et j’imagine que les étendues sur lesquelles sont déployées ces bouées sont vastes.

            « il est arrivé ( assez souvent ) qu’un sub russe pisté remonte a la surface et récupère un ou plusieurs de ces engins … »
            Au moins vous pouviez être sûr de l’avoir trouvé !
            ^^
            C’était parce-que les bouées les embêtaient ou pour comprendre le matériel qu’on utilisait ?

            « le militaire et l’écologie ne font pas toujours bon ménage… »
            ^^
            —> « Et les droits de l’Homme s’effacent, devant les droits de l’asticot »
            Plus que pour des questions d’écologie, je pensais à celles d’économies (mais ça ne coûte peut-être pas si cher que cela des bouées … si ?).
            Mais si ce n’est pas économique, alors « ça tombe à l’eau » ! ^^

          • breguet dit :

            Félix: effectivement les pistage en passif se font ( se faisaient…) généralement sur des relativement étendues ( en fonction de la vitesse du sub pisté et de l’endurance sur zone du patmar…). AMHA si le sub récupére des bouées c’est pas parce qu’il est embêté…Un sub qui transite en surface fait ( faisait ) régulièrement l’objet d’un relevé de signature mais il est arrivé que dans le cas d’un pistage passif ( censé être discret par nature) le sub ( alerté d’une manière ou du autre ) décide de remonter et traverse le dispositif en train de le pister et profite donc de l’aubaine pour faire quelque emplette…Pour finir, quand on utilise 90 bouées passives sur un laps de temps relativement court ( quelques heures ) c’est que c’est chaud et que le bestiau se laisse pas faire ( ce jour la c’était un bon mais on lui a donné du fil à retordre!!!!) …Pour le prix des bouées, c’est certainement pas donné… A+

      • JILI dit :

        Enfin, nous possédons nos bouées qui ont des qualités exceptionnelles, et donc nous n’achèteront plus ailleurs. Également, si on considère tous les autres moyens que nous possédons, à savoir drone et autres comme l’Atlantique 2 ou falcon ou notre fabuleux navire de détection etc., et en plus nos nano- satellites qui peuvent repérer et identifier n’importe navire naviguant, et cela quels que soient les conditions météorologiques, il n’y a pas à dire, notre pays est dans les tous premiers pour la détection et la surveillance marine et sous-marine. Il ne restera que le problème de réarmer convenablement nos navires et augmenter leur nombre pour satisfaire à nos besoins réels sous toutes les latitudes.

    • Prof de physique dit :

      +1

    • Un vieux prof dit :

      Un berger allemand à ailes et à nageoires? Un zodiac avec vous pour vous rendre utile?

    • lym dit :

      Ce serait dans doute possible en temps de paix pour l’entraînement, mais même dans ce cadre, probable qu’il soit plus économique de prévoir un dégonflage du ballon en fin de vie de batterie pour les laisser couler au fond et s’y dégrader. Et prendre en compte dès la conception une dégradation rapide et pas trop sale, même s’il y a bien plus préoccupant dans ce qui se déverse en mer au quotidien.

    • Themistocles dit :

      S’il y a quelque chose capable de récupérer une bouée en mer, à l’endroit où elle a été larguée., il est plus simple de doter ce quelque chose d’un sonar et de ne pas larguer la bouée. … Ça s’appelle prendre le problème à l’envers.

      • Félix GARCIA dit :

        « Ça s’appelle prendre le problème à l’envers. »
        Non.
        La PATMAR ou les Caïman vont vite sur zone, mais s’il était possible de profiter d’une éventuelle flottabilité et réparabilité pour les récupérer, alors je me suis dit « pourquoi pas ? », pi j’ai posé la question ici.

        Au final, les réponses apportées me font fortement douter de l’intérêt éventuel d’une telle idée/entreprise.

    • HMX dit :

      C’est en effet une piste à creuser. En temps de paix, et sous réserve d’une météo favorable, prévoir la récupération de ces bouées en fin d’exercice en vue de leur réemploi est une solution qui pourrait s’avérer économique (surtout si on a largué beaucoup de bouées…). On pourrait imaginer que les bouées émettent un signal radio et lumineux pendant 24-48h. passé ce délai, si elles n’ont pas été récupérées, elles pourraient s’autodétruire et/ou se saborder.

      Une autre solution c’est de faire de évoluer ces bouées sous la forme de drones navals, dotés d’un moyen de propulsion : on ne larguerait plus des bouées, mais des drones qui eux même déploieraient une ligne acoustique une fois à l’eau. Le gros avantage, c’est que ces drones seront mobiles, et pourront soit tenir une position fixe malgré les courants, soit se déplacer au gré des besoins, à la demande du PATMAR qui supervisera ce réseau de drones-bouées. de tels drones seraient par ailleurs plus facilement récupérables (toujours en condition de temps de paix) : il suffirait de leur demander de se regrouper en fin d’exercice pour pouvoir plus facilement les repêcher…

      • Félix GARCIA dit :

        Bah voilà ! 🙂
        Chuis séduit par votre idée de drones-bouées. Peut-être pas en remplacement des SonoFlash, mais en complément de celles-ci.

        Qu’en pensent les marins (« PATMARistes » inclus ! 🙂 ) ?

        • breguet dit :

          FG: bah, HMX et ses drones a toujours des décennies d’avance…Quand aux bouées qui se déplacent toutes seules ( donc avec un moyen de propulsion ) ben bonjours la discrétion pour un pistage passif donc discret par nature…Et puis , l’océan n’étant pas homogène, gros casse tête pour placer les micros a la bonne profondeur si la bouée se déplace…C’est pas pour demain HMX…

  2. Momo dit :

    Encore une banane ou une endive, ne répondez pas à ce troll il ne mérite rien.
    Un frustré francophone sans doute un peu attardé, très jaloux et aigrie.
    Un raté quoi…

  3. Daniel " Achab " BESSON dit :

    Cit :[ Si c’est une innovation majeure, cette invention française sera un succès à l’export ]

    On fait des bouées acoustiques même pour protéger ces saloper*** de cachalots !

    HUAWEI™ a ainsi fait don d’une de ces bouées pour l’ … Je vous laisse apprécier l’article ! ;0)
    Vous y trouverez comme un air de  » déjà vu  » ! ;0)

    https://www.huawei.com/fr/media-center/multimedia/photos/listening-to-whales-in-ireland

    Ps : La moustache c’est au dessous de la couverture !
    https://www.youtube.com/watch?v=bNQSMTNSnUw

  4. Qui ça ? dit :

    N’est-ce pas déjà le cas ?? Il me semble que Thalès a vendu ses sonars et bouées acoustiques à l’US Navy …