La Russie a annulé la ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires
À bien des égards, la situation actuelle est probablement plus dangereuse que celle qui prévalait durant la Guerre Froide, dans la mesure où les traités qui avaient été signés au cours de cette période [voire après] tombent en désuétude les uns après les autres.
Ainsi, ces dernières années le Traité sur les forces conventionnelles en Europe [FCE], le Traité sur les forces nucléaires intermédiaires [FNI], le Traité « Ciel ouvert » et, plus récemment, le New START ont été dénoncés [ou sont en passe de l’être] tant par Washington que par Moscou. En outre, depuis la fin de la Guerre Froide, de nouvelles puissances dotées sont apparues [Inde, Pakistan, Corée du Nord] quand d’autres, comme l’Iran, sont accusées de manoeuvrer pour atteindre ce statut. Enfin, n’étant liée par aucun texte sur la maîtrise de ses armements, la Chine accroît son arsenal nucléaire à marche forcée.
En la matière, il restait encore le Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires [TICEN], ouvert à la signature en septembre 1996. Mais, désormais, sur les neuf puissances dotées, seuls le Royaume-Uni et la France y sont encore parties prenantes… Encore récemment, ces deux pays étaient accompagnés par la Russie, qui vient d’annuler sa ratification.
Cette issue n’est pas une suprise : début octobre, le président russe, Vladimir Poutine, avait laissé entendre que Moscou pourrait se libérer de ses engagements pris au titre du TICEN. Un mois plus tard, il a signé une loi pour révoquer la ratification de ce texte.
Pour le chef du Kremlin, il s’agit de rétablir une certaine « parité » avec les États-Unis, lesquels ont signé mais pas ratifié le TICEN. Y compris durant la président de Barack Obama, qui avait pourtant dit « rêver » d’un monde sans armes nucléaires. À noter que la Chine, la Corée du Nord [seul pays à avoir procédé à des essais nucléaires au XXIe siècle], l’Inde, le Pakistan et Israël n’ont jamais ratifié ce texte.
Reste maintenant à voir ce que vont devenir les stations de surveillance mises en place par l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires [OTICE/CTBTO] en Russie. Pour rappel, fonctionnant en réseau, ces installations – plus de 300 fonctionnent de par le monde – permettent de détecter les essais nucléaires de « relativement faible rendement ».
D’après Robert Floyd, le sécrétaire exécutif de l’OTICE, les stations opérationnelles en Russie ne seraient pas menacées. Un signe, selon lui, qu’elle est « encore attachée » à ce texte. D’ailleurs, bien que n’ayant pas ratifié le TICEN, les États-Unis et la Chine en accueillent plusieurs sur leur sol.
Quoi qu’il en soit, la « décision prise aujourd’hui par la Fédération de Russie de retirer sa ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires est très décevante et profondément regrettable », a déploré M. Floyd.